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Le cerveau dévoyé

En 1996, l'Organisation Mondiale de la Santé estimait à environ 15 millions le nombre de personnes prenant des drogues, un tiers d'entre elles se les injectant. Un chiffre certainement en deçà de la réalité au vu des difficultés de repérage des consommateurs. La compréhension des mécanismes d'action de ces substances apparaît donc comme l'un des enjeux primordiaux de la lutte contre la toxicomanie. Dans ce cadre, des chercheurs suisses viennent de découvrir que, non contentes de créer une dépendance physique, les drogues pervertissent également le système de récompense du cerveau. L'équipe du professeur Wolfram Schultz de l'Université de Fribourg a testé l'activité cérébrale d'êtres humains par tomographie à émissions de positrons. Ils ont en fait enregistré le flux sanguin dans le cerveau de dix étudiants droitiers pendant que ceux-ci résolvaient des problèmes de géométrie. Lorsqu'une récompense en argent leur était promise à l'issue d'une réponse correcte, le débit sanguin dans le cortex frontal augmentait, signe d'une plus forte consommation d'oxygène. A l'inverse, aucun changement n'était visible dans le cas d'une simple confirmation de la bonne réponse par un "OK". Ces résultats, en accord avec les modèles animaux, ont poussé les chercheurs à émettre des hypothèses quant à l'action de certaines drogues sur l'organisme. Selon eux, la dopamine sécrétée suite à une récompense transmet des informations aux régions du cerveau impliquées dans la mise en place des stratégies d'action. Un mécanisme qui vise en fait à inventer des moyens pour obtenir de nouveau cette récompense. Or, plusieurs substances psychoactives -héroïne, morphine, cocaïne, amphétamines- agissent sur le système dopaminergique. La cocaïne et les amphétamines libèrent directement la dopamine des terminaisons présynaptiques tandis que l'héroïne et la morphine provoquent l'augmentation de l'activité des neurones sécréteurs. Il est donc possible que ces drogues corrompent les processus de récompense. En d'autres termes, la toxicomanie ne se limite pas à une substance dont on peut se libérer physiquement par sevrage, mais elle inclut également les comportements pour se procurer la drogue. Cette découverte offre de nouvelles perspectives dans la mise au point de médicaments contre la dépendance. "Le but de ce type de recherches est de trouver une substance qui bloquerait l'effet du signal de récompense des neurones dopaminergiques en inhibant les récepteurs postsynaptiques de la dopamine, explique le professeur Schultz.

(Info Science)

http://www.yahoo.fr/actualite/19990329/sciences/290399.html

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