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Des cellules-souches obtenus par parthénogenèse chez le singe

Pour la première fois, une équipe dirigée par Michael West (Advanced Cell Technology, Worcester, Massachusetts) et Kathleen Grant (Wake Forest University, Caroline du Nord), a isolé chez ces embryons parthénogénétiques de singe une lignée de cellules souches qui semblent aussi pluripotentes que les cellules souches embryonnaires normales. Cibelli, West, Grant et coll., qui décrivent leurs travaux dans le numéro de « Science »du 1-02-2002, ont pris 77 oeufs de femelles macaques ; après maturation in vitro pendant un jour et demi, 28 oeufs ont atteint le stade de métaphase 2. Ces 28 oeufs ont alors été activés par parthénogenèse selon un protocole précédemment décrit, et 4 ont réussi à commencer une embryogenèse précoce jusqu'au stade de blastocyte (50 à 200 cellules à J8 du développement). Les chercheurs ont alors prélevé et mis en culture la masse cellulaire interne, ont obtenu une prolifération cellulaire dans 3 cas, et finalement, une seule lignée cellulaire stable, qu'ils ont appelée Cyno-1 (d'après l'espèce du singe). "La parthénogenèse est un processus par lequel un oeuf peut se développer en embryon en l'absence de sperme", rappellent les auteurs dans leur publication. Les embryons de mammifères obtenus par parthénogenèse ne peuvent toutefois pas se développer jusqu'au terme.

Cette lignée de cellules souches Cyno-1, qui exprime presque tous les marqueurs (sauf un) des cellules souches embryonnaires des singes, est capable de se renouveler in vitro (dix mois déjà de culture continue) en maintenant son stade indifférencié. Ces cellules souches peuvent aussi, sous l'influence de protocoles spécifiques de culture, se différencier en une grande variété de types cellulaires. Les chercheurs ont induit une différenciation neuronale, et ont obtenu des astrocytes et des neurones, avec notamment des neurones dopaminergiques (jusqu'à 25 %). Cela est remarquable. Car des neurones dopaminergiques n'ont encore jamais été dérivés des cellules souches embryonnaires de primate ; ces neurones sont particulièrement intéressants pour leur potentiel thérapeutique dès lors qu'ils remplacent les neurones perdus dans la maladie de Parkinson. "Des types cellulaires différenciés obtenus in vitro par parthénogenèse écartent la nécessité de produire ou disséquer un embryon normal et compétent", observent Cibelli et ses confrères. Ils ajoutent que cette possibilité pourrait en partie répondre aux problèmes éthiques et avoir un impact positif sur le débat sur la recherche sur les cellules souches. « Cette étude suggère une alternative au clonage thérapeutique humain », notent les chercheurs. Dans le clonage, une cellule somatique du patient est clonée par transfert de son noyau dans un ovule anucléé, pour produire un embryon précoce donnant des cellules souches embryonnaires. « La parthénogenèse élimine la nécessité de produire ou désagréger un embryon compétent normal, et pourrait contourner les questions éthiques exprimées par certains », ajoutent-ils. « Nous aimerions maintenant pouvoir reproduire cette expérience avec les ovules de femme et nous voulons commencer des études précliniques pour préparer de futurs essais cliniques », souligne le Dr West « Il pourrait y avoir des applications cliniques humaines d'ici dix ans ou plus, selon le nombre de chercheurs qui s'y intéresseront et le temps nécessaire pour obtenir les autorisations.»

Science : http://sciencenow.sciencemag.org/cgi/content/full/2002/131/1)

Science Dailly : http://www.sciencedaily.com/releases/2002/02/020201075911.htm

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