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Le cartable électronique à la mode ardéchoise

Le collège Joseph Durand est ouvert sur des collines à châtaignes. Les routes tournicotent à faire chavirer les coeurs. " Ici, on compte en minutes, pas en kilomètres " résume l'un des enseignants. Ici, dans le village ardéchois de Montpezat-sous-Bauzon, on dénombre un peu plus de six cents âmes. Et c'est en minutes de car que comptent 85 % des deux-cents élèves, ceux qui viennent de l'extérieur. Mais, malgré cet isolement rural et l'air vif des Cévennes, les vingt-trois élèves de la cinquième " CE " manient mieux le " word " et le " power point " que l'occitan. C pour cartable, E pour électronique. La classe " cartable électronique " suit les cours dans une salle multimédia dernier cri. Sous chaque bureau, un écran d'ordinateur. Individuellement, les élèves ont été équipés d'un portable à la maison. Le but ? " Casser la frontière qui existe entre le temps hors de l'école et l'école. L'ordinateur portable est un outil d'intrusion chez les familles, un outil de communication positive. Dans l'idéal, il permettrait de réaliser cet objectif dont on parle depuis longtemps, faire en sorte que l'éducation soit une activité permanente " s'enthousiasme Albert Salomon. En plus de sa casquette de chef d'établissement par intérim, l'homme est aussi maire de la commune et chargé des affaires culturelles à l'Inspection académique de l'Ardèche. Avec d'autres, il est à l'origine du projet. Les élèves de la classe pilote apprécient l'expérience. " Si je n'ai pas compris quelque chose, je peux envoyer un mail à mon prof " explique Anaïs. " Quand je fais un exposé, je vais sur Internet chercher des informations " ajoute Océane. Mais surtout, plus souvent que les autres arguments, revient la réflexion de Vincent. " C'est plus marrant de travailler avec l'ordinateur... Et comme ça on écrit moins sur du papier ". Aujourd'hui, en cours d'anglais, Ludovic se réjouit aussi d'avoir juste à cliquer sur " Quickplace ", l'équivalent d'une salle de classe sur l'écran. Il doit ensuite choisir entre " leçon " et " exercices ". Ce jeudi, c'est exercice. Concocté par tous les élèves. Car auparavant, chacun a envoyé par mail une devinette en anglais. A partir de toutes ces contributions, Danielle Geneston, la prof, a mis en forme l'exercice sur lequel se concentrent silencieusement les enfants. Un exemple de la " mutualisation " et de l'" autonomie " souhaitées par l'enseignante. A 11h30, quand la sonnerie retentit, Damien, 13 ans, est l'un des rares à rentrer à la maison déjeuner. Il allume immédiatement l'ordinateur portable qui trône dans sa chambre, près du baby-foot. Le jeune garçon relève sa boîte aux lettres électronique, au cas où elle contiendrait le message d'un copain ou un exercice envoyé par un professeur. Quand ils arrivent chez eux le soir, tous ses camarades ont pris la même habitude. Beaucoup, s'ils ont le temps, se connectent à Internet. Chaque famille a été formée à l'utilisation d'Internet et bénéficie d'un forfait gratuit de 14 heures par mois. " Ah ! Si j'avais eu ça à l'école ! " soupire la maman de Damien. Selon les enseignants, travailler avec la cinquième CE demande " un travail de Romain ". Mais tous participent. Même le professeur de sport, qui a créé un programme pour suivre les performances des élèves. Ils apprécient les possibilités " d'individualisation du travail ", vantent les vertus motivantes de l'outil. Et, à entendre la professeur d'anglais, il s'agirait même du ferment supplémentaire pour une révolution en marche. " On profite du matériel pour changer de pédagogie. Un enseignant n'a plus le monopole du savoir. Il n'est plus Dieu le père mais plutôt un animateur qui guide l'élève ".

Le Progrés : http://www.leprogres.fr/infodujour/France_Monde/Index.html

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