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Un algorithme pour repérer les maltraitances physiques des enfants de 0 à 5 ans

Les maltraitances de l’enfant sont relativement mal connues et vraisemblablement sous-estimées. Une équipe du CHU de Dijon a mis au point un algorithme pour repérer les hospitalisations secondaires à une maltraitance physique chez les enfants de 0 à 5 ans. A cet âge, les situations où ils se blessent seuls sont moins probables, cette maltraitance est donc plus facile à repérer que chez les plus âgés.

En utilisant les données du PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information) et en les confrontant à l’examen des dossiers médicaux par des médecins légistes experts des maltraitances infantiles, l’équipe a créé un algorithme séparant les enfants en deux groupes : le groupe 1 "maltraitance hautement probable" : l’enfant a des lésions traumatiques étiquetées comme volontaires. Le groupe 2 "maltraitance suspectée" : l’enfant a des lésions traumatiques qui semblent suspectes d’une maltraitance physique, de par leurs caractéristiques ou leur nombre, sans l’être suffisamment pour l’inclure dans le 1er groupe.

Il a été testé sur des dossiers datant de 2008 à 2019 (groupe 1) et de 2013 à 2019 (groupe 2). Au total, 170 dossiers ont été retenus : 68 pour le groupe 1 et 102 pour le groupe 2. La valeur prédictive positive (VPP) de l’algorithme pour le groupe 1 était de 85,2 % et de 50 % pour le groupe 2. Elle était d’autant meilleure que les enfants étaient jeunes : pour ceux âgés de 1 mois à 1 an, elle s’élevait à 94,4 % pour le groupe 1 et à 78,3 %  pour le groupe 2.

Pour les auteurs de l’étude, « ce résultat n’apparaît pas surprenant. La survenue de lésions traumatiques, et notamment de fractures chez un enfant, avant qu’il ait atteint l’âge de la marche (soit vers 12-18 mois) ou la compétence de se déplacer seul (soit vers 9 mois), est hautement suspect de maltraitance physique  ».

La prématurité a été identifiée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) comme un facteur de risque de maltraitance. Effectivement, dans l’étude, elle concerne les deux tiers des enfants. Dans le groupe 1, environ un tiers des enfants maltraités avaient des lésions à des âges différents, et dans le groupe 2, environ 40 %. Pour les auteurs de l’étude, ces résultats « suggèrent une difficulté des équipes soignantes à repérer et à diagnostiquer ces maltraitances, soit en raison de leur caractère non spécifique, soit par manque d’expérience quant à l’interprétation des lésions traumatiques ». Cet algorithme est un outil prometteur pour le repérage des séjours hospitaliers pour maltraitances physiques chez les jeunes enfants. Des applications en pratique courante de l'algorithme pourraient permettre l'amélioration du diagnostic de la maltraitance.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Santé Publique France

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