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Vers la biosynthèse de médicaments

C'est une avancée mondiale majeure que viennent de réaliser, après plus de 20 ans de recherche, des chercheurs du Centre de génétique moléculaire de Gif-sur-Yvette et de la société Aventis. Ces scientifiques ont en effet réussi à montrer qu'une seule cellule est capable de remplacer l'ensemble du processus industriel menant à la fabrication de l'hydrocortisone (appelée aussi cortisol), une des principales hormones stéroïdiennes chez l'homme.

Cette hormone d'un intérêt pharmaceutique majeur est produite à grande échelle (de l'ordre de plusieurs dizaines de tonnes par an), en particulier pour ses propriétés anti-inflammatoires, par un procédé actuellement coûteux et long.

Les premières avancées dans la recherche d'une alternative avaient déjà été présentées en 1998, mais cette fois c'est bien l'intégralité de la chaîne de synthèse qui vient d'être réalisée avec succès dans la levure.

Cette réalisation est remarquable à plus d'un titre. D'abord la performance technologique mérite d'être saluée. La production industrielle du cortisol ne nécessite actuellement pas moins de neuf étapes, parmi lesquelles une bioconversion. La fabrication des molécules enzymatiques nécessaires à la bonne réalisation de l'ensemble de ces étapes a ainsi requis la manipulation d'une quinzaine de gènes d'origines diverses.

Neuf d'entre eux ont été introduits par les chercheurs dans la levure à partir d'autres organismes ; ils sont d'origine humaine, animale et même végétale. L'autre partie correspond à des gènes de la levure qui ont du être modifiés pour maîtriser cet assemblage et assurer un fonctionnement cohérent avec les nouvelles molécules produites.

Une ingénierie génétique de cette ampleur est sans précédent, d'autant plus que la levure constitue un organisme unicellulaire assez évolué qui, contrairement aux bactéries, possède plusieurs compartiments (cellule Eucaryote). Elle présente également des intérêts industriels, commerciaux et environnementaux indiscutables.

La simplification du procédé doit permettre, après optimisation, une forte réduction du coût de production. L'usine vivante ainsi obtenue est simple et autonome : les levures recombinées sont mises en présence de leur nourriture, du sucre ou de l'alcool, dans un environnement finement contrôlé. Il suffit de laisser l'ensemble des étapes de la synthèse s'effectuer pour récupérer à la fin le médicament, sécrété dans le milieu. Résultat : pas de pollution, pas de déchets secondaires, et à l'arrivée, un médicament de haute pureté. Ces travaux ouvrent ainsi la voie à une nouvelle chimie, plus respectueuse de l'environnement, qui pourra, à terme permettre la synthèse de nombreux médicaments.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

CNRS

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