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Régime et sport prescrits sur ordonnance

Bouger plus, manger mieux, consulter un psychologue… Peut-être trouverez-vous demain ces indications sur votre ordonnance... C’est ce que souhaite un rapport de la Haute autorité de santé Rapport de la Haute Autorité de Santé qui encourage les "prescriptions non médicamenteuses".

Les Français sont les premiers consommateurs de médicaments en Europe et réclament volontiers la pilule qui les soulage de leurs maux, au détriment d’autres approches : faire de l’exercice physique, consulter un psychologue, changer son alimentation, par exemple.

Le rapport de la Haute autorité de santé (HAS), publié le 6 juin et rédigé à la demande de la Direction de la sécurité sociale, estime qu’il est temps de sortir de cette pensée unique et de favoriser les traitements non médicamenteux, seuls ou en complément des médicaments.

Insomnie, diabète, maladies cardiovasculaires, asthme, excès de cholestérol… Dans nombre de maladies chroniques, le médicament n’est ou ne devrait être qu’une partie du traitement. "Tout le monde sait que les médicaments ne suffisent pas, que les traitements non médicamenteux sont aussi efficaces dans certains cas, voire même permettent d’en éviter les inconvénients", estime le Docteur Claude Attali, un des médecins généralistes ayant participé à la rédaction du rapport.

Pour ce qui est du diabète, par exemple, perdre du poids, pratiquer un exercice physique, permet de retarder et de réduire la consommation de médicaments, voire les deux à la fois. Cela a été prouvé.

Ces mesures d'hygiène physique semblent élémentaires, mais il existe des freins culturels. La prescription du médicament a en effet une forte valeur symbolique, souligne la HAS. En rédigeant une ordonnance à un patient, le médecin "confirme son statut de "malade" et témoigne du bien-fondé de la plainte". Il lui délivre aussi un sésame vers la guérison sans exiger de lui beaucoup d’efforts.

Aussi, pour donner du poids aux autres traitements, "il est nécessaire d’inscrire sur l’ordonnance les prescriptions en matière de thérapeutiques non médicamenteuses au même titre que les autres interventions de santé", préconise la HAS.

"Cela ne se prescrit pas comme un médicament", nuance le Docteur Attali. Cela suppose une autre relation médecin-malade, centrée sur le malade, à l’exemple de ce qui se fait au Canada. "Il s’agit de prendre le temps de demander au malade ce qu’il pense de son état, ce qui serait mieux pour lui, ce qu’il pourrait faire pour lui-même." C'est en apparence simple, mais les médecins ne sont pas formés à cette approche. Le paiement à l’acte incite plutôt le médecin à "consacrer le moins de temps possible par patient", note la HAS. Il faut donc trouver d’autres modes de rémunération, dit le rapport. C'est également l’avis du syndicat MG-France.

Du côté du malade, ces traitements non médicamenteux sont plus "coûteux", non seulement parce qu’ils ne sont pas toujours remboursés (changer d’alimentation, consulter un psychologue), mais parce qu’ils demandent une motivation, un investissement en temps.

Il est donc nécessaire de changer les comportements de part et d’autre, de redéfinir la notion même de traitement. Ce serait une révolution culturelle, estime le Docteur Claude Leicher, président du syndicat MG-France : "Pour le malade, cela suppose de se dire 'Je ne me sens pas tout nu quand je n’ai pas de médicament' et, pour le médecin : 'Je ne suis pas inefficace si je n’en prescris pas' ". Une évolution des mentalités que la récente affaire du Médiator et la crise de confiance par rapport au médicament rend peut-être possible…

Notre Temps

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