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Le vaccin contre l'hépatite E montre son efficacité à long terme

Le virus de l'hépatite E (VHE) figure parmi les principales causes mondiales d'hépatite virale aiguë. L'étude moléculaire des souches de VHE a identifié quatre principaux génotypes. Les génotypes 1 et 2 se limitent aux humains et se transmettent par l'eau contaminée dans les pays à ressources limitées, principalement en Asie, tandis que les génotypes 3 et 4 sont zoonotiques, causant une hépatite E autochtone sporadique dans presque tous les pays.

Chaque année, environ 20 millions d'infections au VHE surviennent dans le monde, entraînant environ 3,3 millions d'infections symptomatiques et 70 000 décès. Malgré cela, l’infection à VHE reste sous-estimée et les pays occidentaux n’en sont probablement pas indemnes. À ce jour, deux vaccins recombinants contre l'hépatite E basés sur le génotype 1 ont été développés et homologués en Chine, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la durée de protection de la vaccination.

Cette étude est une extension d'un essai clinique de phase 3 randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, portant sur le vaccin contre l'hépatite E Hecolin, mené dans le comté de Dongtai, Jiangsu, en Chine. Dans l'essai initial, des adultes en bonne santé, âgés de 16 à 65 ans, ont été recrutés, stratifiés par âge et sexe, et assignés de manière aléatoire dans un rapport de 1 : 1 pour recevoir trois doses de vaccin contre l'hépatite E ou un placebo par voie intramusculaire aux mois 0, 1 et 6. Un système de surveillance de l'hépatite E, comprenant 205 sentinelles cliniques couvrant l'ensemble de la région de l'étude, a été établi avant le début de l’étude et maintenu pendant 10 ans après la vaccination, pour identifier les personnes présentant une hépatite suspecte. De plus, une cohorte externe de contrôle a été constituée pour évaluer l'efficacité du vaccin. Le critère principal était l'efficacité du vaccin pour prévenir l'hépatite E confirmée survenant au moins 30 jours après l'administration de la 3ème dose de vaccin.

Un suivi a été effectué tous les 3 mois. Les participants présentant des symptômes d'hépatite pendant 3 jours ou plus ont bénéficié d’une mesure de la concentration d'alanine aminotransférase (ALT). Les patients avec des concentrations d'ALT ≥ 2,5 fois supérieures à la limite supérieure de la normale étaient considérés comme ayant une hépatite aiguë. Un diagnostic d’infection confirmée par le VHE a été posé pour les patients atteints d'hépatite aiguë présentant au moins deux des marqueurs suivants : présence d'ARN du VHE, présence d'anticorps IgM anti-VHE positifs, et une augmentation ≥ 4 fois des concentrations d'IgG anti-VHE.

Pour l'analyse d'efficacité, un modèle de régression de Poisson a été utilisé pour estimer le risque relatif (RR) et son IC à 95 % de l'incidence entre les groupes, et l'incidence a été rapportée comme le nombre de patients atteints d'hépatite E pour 10 000 personnes-années. La persistance de l'immunogénicité a été évaluée en dosant les IgG anti-VHE chez les participants. Des échantillons de sérum ont été collectés aux mois 0, 7, 13, 19, 31, 43, 55, 79 et 103 chez les participants du district de Qindong, et aux mois 0, 7, 19, 31, 43, 67 et 91 chez les participants du district d’Anfeng.

La période de suivi s'est étendue de 2007 à 2017. Au total, 97 356 participants ont complété le schéma posologique en 3 doses et ont été inclus dans la population en per protocole (48 693 dans le groupe vaccin et 48 663 dans le groupe placebo) et 178 236 résidents de la région d'étude ont participé à la cohorte témoin externe. Pendant la période d'étude, 90 cas d'hépatite E ont été identifiés, dont 13 dans le groupe vaccin (0,2 pour 10 000 personnes-années) et 77 dans le groupe placebo (1,4 pour 10 000 personnes-années). Cela a conduit à une efficacité du vaccin de 86,6 % dans l'analyse per protocole.

Dans les sous-groupes évalués pour la persistance de l'immunogénicité, parmi ceux qui étaient séronégatifs initialement et qui ont reçu 3 doses du vaccin contre l'hépatite E, 254 des 291 vaccinés (87,3 %) à Qindong après 8,5 ans et 1270 (73,0 %) des 1740 vaccinés à Anfeng après 7,5 ans, ont maintenu des concentrations détectables d'anticorps.

L'identification des infections malgré la vaccination est notable, en particulier avec 8 cas survenus au-delà de la 4ème année suivant la dernière dose. Ces informations sont cruciales pour comprendre le déclin potentiel de l'immunité au fil du temps et mettent en évidence l'importance d'explorer différentes stratégies de vaccination pour optimiser la protection.

L'essai clinique de phase 4 en cours au Bangladesh, qui explore différents schémas d'administration et de populations cibles, promet des perspectives précieuses pour optimiser les stratégies de vaccination. L'efficacité remarquable (100 %) observée sur une période de 30 mois pour le schéma à 2 doses, administrée à 1 mois d'intervalle, est prometteuse.

The Lancet

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