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Sommet de la terre à Johannesburg : Les cinq priorités et les dix maux de la planète

Le Sommet de Johannesburg, qui s'est ouvert le 26 août, a pour objectif de passer des promesses -qui ont été nombreuses il y a 30 ans mais aussi il y a 10 ans - à l'action. Il existe, selon Kofi Annan, cinq domaines particuliers où des résultats concrets sont aussi essentiels que réalisables. Premièrement, l'eau et l'assainissement. Plus d'un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable. Deux fois plus ne disposent pas de systèmes d'assainissement appropriés. Et plus de trois millions meurent chaque année de maladies causées par l'insalubrité de l'eau. Sans des mesures rapides et décisives, d'ici à 2025, les deux tiers de la population mondiale vivront peut-être dans des pays qui auront à faire face à une grave pénurie d'eau. Nous devons élargir l'accès à l'eau et parvenir à une consommation rationnelle, par exemple en encourageant les techniques dites « plus de grains par goutte d'eau » dans l'agriculture qui est le principal consommateur dans ce domaine. Il faut améliorer la gestion des bassins versants, réduire les fuites, notamment dans les grandes villes où elles représentent 40 % ou plus du total de l'approvisionnement en eau, chiffre véritablement ahurissant. Deuxièmement l'énergie. L'énergie est une condition du développement. Et pourtant deux milliards de personnes dans le monde en sont privées et donc condamnées à rester prisonnières de la misère. Nous devons faire en sorte que chacun puisse avoir accès à des sources d'énergie non polluantes et économiques. Nous devons accroître l'utilisation des énergies renouvelables ainsi que les rendements énergétiques. Et nous ne devons pas nous dérober face au problème de la surconsommation - le fait que les habitants des pays développés utilisent beaucoup plus d'énergie par personne que ceux des pays en développement. Les États doivent ratifier le Protocole de Kyoto, qui traite non seulement des changements climatiques mais également d'une multitude de pratiques écologiquement nuisibles. Les États doivent également éliminer les subventions à l'énergie et les incitations fiscales dont les effets pervers perpétuent le statu quo et entravent le développement de solutions nouvelles et prometteuses. Troisièmement, la productivité agricole. Les deux tiers des terres agricoles dans le monde souffriraient des effets de la dégradation des sols. Cette situation entraîne une chute considérable de la productivité agricole, alors que le nombre de bouches à nourrir ne cesse de croître. En Afrique, notamment, des millions de personnes sont menacées de famine. Nous devons augmenter la productivité agricole et enrayer le grignotage des forêts, des prairies et des zones humides par l'homme. La recherche et le développement seront déterminants à cet égard, tout comme l'application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Le quatrième domaine est la biodiversité et la gestion des écosystèmes. La biodiversité diminue très vite - presque 1 000 fois plus vite que si elle ne subissait pas les effets de l'activité humaine. La moitié des forêts équatoriales et des mangroves tropicales ont déjà disparu. Près de 75 % des réserves marines de poissons sont épuisées. Soixante-dix pour cent des récifs coralliens sont menacés. Nous devons inverser cette tendance - préserver autant d'espèces que possible, et mettre un frein à la pêche illégale et non viable ainsi qu'aux pratiques de déboisement - tout en aidant ceux qui dépendent actuellement de telles activités à réaliser la transition vers des modes de subsistance plus viables à terme. Enfin, le domaine de la santé. Les liens entre l'environnement et la santé humaine sont indéniables. Les substances chimiques toxiques et d'autres matières dangereuses sont peut-être indispensables au développement, mais il reste que plus d'un milliard de personnes respirent un air malsain, et trois millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution atmosphérique; deux tiers d'entre elles sont des pauvres, surtout des femmes et des enfants, qui meurent de la pollution à l'intérieur des habitations, causée par la combustion du bois de chauffage et d'excréments animaux. Les maladies tropicales comme le paludisme et la dracunculose sont étroitement liées à l'insalubrité des sources d'eau et à des conditions d'hygiène insuffisantes. Les conventions et les autres mesures prises pour réduire les déchets et prévenir l'utilisation de certains produits et substances chimiques peuvent aider à créer un environnement plus sain. Mais nous devons également mieux comprendre comment et où agir. Pour cela, la recherche et le développement sont particulièrement importants, notamment les études qui doivent être axées, davantage que par le passé, sur les maladies des pauvres. Près de 800 millions de personnes, dans les pays en voie de développement, ne se nourrissent pas suffisamment pour jouir d'une santé satisfaisante. Onze millions d'enfants, dans ces mêmes pays, meurent avant d'avoir atteint l'âge de cinq ans. Environ 70% sont tués par la diarrhée, le paludisme, les infections respiratoires, la rougeole ou la malnutrition. Chaque année, quelque 8,8 millions de personnes sont victimes de tuberculose active, et 1,7 million en meurent, notamment dans les pays pauvres. D'ici 2020, 35 millions de personnes supplémentaires risquent de succomber à la tuberculose si rien n'est fait pour renforcer la prévention. Le paludisme tue un million de personnes par an, essentiellement des enfants africains. Selon des estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le PIB africain serait plus élevé de 100 milliards de dollars, chaque année, si le paludisme avait été combattu de manière adéquate depuis trente ans. Entre cinq et six millions de personnes meurent enfin chaque année en raison de maladies véhiculées par l'eau ou de la pollution atmosphérique. Pourtant, en dépit des immenses problèmes liés à la pauvreté, à la santé et à la dégradation de l'environnement, l'espérance de vie s'est globalement améliorée pour les six milliards d'habitants de la planète, pour atteindre les 66,4 ans en 1995-2000 contre seulement 59,9 ans au début des années 1970. Sur le même laps de temps, la part de la population mondiale touchée par la malnutrition est passée de 40% à 20% et le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a fortement diminué, passant de 96 pour mille à 56 pour mille. Depuis 1990, 800 millions de personnes ont un meilleur accès à l'eau. Alors que vient de s'ouvrir le sommet de la terre à Johannesburg voici un aperçu des principaux problèmes auxquels est confrontée la planète :

-* Croissance démographique

La Terre compte 6,1 milliards d'habitants et la population mondiale devrait atteindre 9,3 milliards en 2050. Les 49 pays les moins avancés vont voir leur population tripler, passant sur la même période de 668 millions d'habitants à 1,86 milliard. La population ne commencera sans doute à décliner que dans la seconde moitié du siècle, sous l'effet de la baisse des taux de natalité.

-* Pauvreté et inégalités

Quelque 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour. 800 millions, dont plus de 150 millions d'enfants, sont sous-alimentées. 80% de la richesse mondiale est détenue par 15% des habitants des pays les plus riches.

-* Surexploitation des ressources

Chaque année, l'utilisation des ressources naturelles dépasse de 20% la capacité de la planète à les régénérer, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). En 2050, la population mondiale consommera entre 180 et 220% du potentiel biologique du globe, estime le WWF.

-* Changements climatiques

La combustion de pétrole, de gaz et de charbon provoque l'émission de dioxyde de carbone (CO2) et d'autres gaz à effet de serre qui piègent une partie du rayonnement de chaleur émis par la Terre et contribuent au réchauffement climatique. La teneur en CO2 dans l'atmosphère est passée de 280 parties par millions (ppm) à 360 ppm en l'espace de 150 ans, alors qu'elle était restée inférieure à 300 ppm pendant au moins 500.000 ans. Les experts tablent sur une concentration de 500 à 1.000 ppm pour 2100, ce qui se traduira par une hausse de température moyenne comprise, selon les scénarios, entre 1,5 et 5,8 degrés.

-* Trou dans la couche d'ozone

La couche d'ozone qui entoure la Terre et la protège des émissions de rayons ultraviolets émis par le Soleil a diminué sous l'effet des chlorofluorocarbones (CFC) utilisés dans certains produits. Le "trou" a atteint une superficie record de 30 millions de kilomètres carrés au-dessus de l'Antarctique en octobre 2001. Grâce au protocole de Montréal de 1987 et à la baisse de production des CFC qui a suivi, la couche d'ozone se reconstitue et retrouvera son niveau d'avant les années 80 d'ici 2050.

-* Espèces menacées

11.046 espèces animales sont menacées de disparition dans les décennies à venir, principalement à cause de la disparition de leur habitat naturel, représentant 24% des espèces de mammifères, 12% de toutes les espèces d'oiseaux, 25% des espèces de reptiles, un cinquième des amphibiens, 30% des espèces de poissons.

-* Disparition des forêts

Les forêts couvrent 30% des terres émergées. Leur surface s'est réduite de 2,4% depuis 1990, sous la pression de l'industrie du bois, de l'activité minière et de l'extension des villes, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 40% de ce qui reste des forêts anciennes aura disparu d'ici 10 à 20 ans, selon les écologistes.

-* Accès à l'eau

Environ 1,1 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et 2,4 milliards ne disposent pas d'installations sanitaires décentes. La baisse du niveau des nappes phréatiques est devenue un sérieux problème dans certaines régions d'Inde, de Chine, d'Asie occidentale, du Proche-Orient, de l'ex-URSS et de l'Ouest américain. La moitié des fleuves et rivières du monde sont à des niveaux bas ou pollués.

-* Erosion des sols

La croissance de la population entraîne une énorme pression sur l'agriculture, et donc une demande croissante de terres agricoles. Une superficie équivalente à celle des Etats-Unis et du Mexique réunis est considérée comme dégradée, en raison principalement de la surexploitation agricole et de la salinisation des sols due à une irrigation mal maîtrisée.

-* Epuisement des stocks de poissons

Près d'un tiers des stocks de poissons sont à un niveau très bas ou surexploités. Certaines espèces, comme la morue de la mer du Nord, ont pratiquement disparu de certaines régions sur le plan commercial. Les subventions à la pêche, estimées à quelque 20 milliards de dollars par an, en sont la cause principale.

Sommet de Johannesburg :

http://www.un.org/french/events/wssd/index.html

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