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Sommeil et immunité, des liens étroits dès les premières années de vie

Le sommeil est fondamental pour la santé. Il régule plusieurs fonctions dont l’humeur, la cognition, le métabolisme ou encore l’immunité. Chez l’adulte, de nombreuses études attestent d’un lien entre déficit de sommeil et taux accrus de certaines cytokines, molécules inflammatoires dont l’excès est associé à différentes maladies comme l’obésité, le diabète, l’athérosclérose, la polyarthrite rhumatoïde ou encore la dépression. Mais peu de données existent chez les jeunes enfants, et les résultats obtenus chez les adultes ne leur sont pas transposables, compte tenu de différences marquées des rythmes de sommeil. Pour combler cette lacune, l’équipe de Sabine Plancoulaine au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques à Paris a travaillé à partir de la cohorte EDEN.

Celle-ci est destinée à étudier les déterminants pré- et postnataux du développement et de la santé des enfants. Entre 2003 et 2006, des femmes ont été recrutées aux CHU de Nancy et de Poitiers avant leur 24e semaine de grossesse. Elles ont accouché de 1 899 enfants, suivis depuis leur naissance via le recueil de données sociodémographiques et médicales réalisé à quatre reprises au cours de leur première année de vie puis à 2, 3 et 5 ans. Parmi ces données, on compte les durées de sommeil quotidiennes rapportées par les parents à l’aide de questionnaires. Les chercheurs ont ainsi pu identifier cinq trajectoires d’évolution du sommeil entre 2 et 5 ans : sommeil court (< 10 h 30/nuit, 4,9 % de l’échantillon), sommeil moyen-faible (10 h 30–11 h 00/nuit, 47,8 %), sommeil moyen-élevé (environ 11 h 30/nuit, 37,2 %), sommeil long (≥ 11 h 30/nuit, 4,5 %) et sommeil changeant (5,6 %).

Les scientifiques ont sélectionné les enfants pour lesquels ils disposaient de dosages de plusieurs cytokines (IL‑6, IL-10, INF‑γ, TNF‑α), effectués à l’âge de 5 ans dans le cadre d’une autre étude. Leur travail a ainsi porté sur 687 enfants. Il montre qu’une durée de sommeil plus courte ou changeante entre 2 à 5 ans est associée à des niveaux accrus d’IL‑6 et de TNF‑α à l’âge de 5 ans, et ce indépendamment d’autres paramètres susceptibles d’impacter le sommeil et les taux de cytokines (sexe, âge gestationnel à la naissance, durée de l’allaitement, indice de masse corporelle, allergies, utilisation d’antibiotiques, niveau d’activité physique ou encore habitudes alimentaires…). En revanche, aucune association entre la durée du sommeil et les taux d’IL-10 ou d’IFN‑γ n’a été observée.

« Cette étude ne permet pas d’établir un lien causal, mais elle suggère que les habitudes de sommeil pourraient avoir un impact sur les taux sériques de certaines cytokines pro-inflammatoires dès l’âge préscolaire », explique Sabine Plancoulaine. « Or, un effet cumulatif au cours de la vie, agrégé à d’autres facteurs environnementaux, pourrait provoquer l’apparition de troubles de santé ultérieurs. Ce travail va une nouvelle fois dans le sens d’un respect des recommandations sur la durée de sommeil à tous les âges, et cela dès la petite enfance », conclut-elle. La suite des travaux consistera pour elle à confirmer ces résultats dans une autre cohorte et à clarifier le rôle du sommeil dans le développement et la santé ultérieure de l’enfant.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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