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Sida : nouveaux espoirs et questions en cascade à la Conférence de Rome

La conférence sur le sida de Rome a applaudi debout lundi 18 juillet une étude phare qui établit que traiter tôt une personne infectée par le VIH l'empêche dans plus de 96% des cas de transmettre l'infection, ce qui pourrait transformer le visage de l'épidémie.

"Les données prouvent que le traitement du VIH peut conduire à l'éradication de l'épidémie : les preuves sont là !", s'est exclamé Elly Katabira, le président de l'International AIDS Society (IAS), qui organise la conférence. Trois études sur le traitement utilisé en prévention ont été présentées en même temps à la conférence scientifique sur le sida de Rome, où quelque 5.500 scientifiques, médecins et chercheurs discutent des nouvelles avancées dans le traitement de l'épidémie. Ces études ont suscité l'enthousiasme, mais aussi de nombreuses questions sur le financement et sur la façon de mettre leurs enseignements en application sans pour autant oublier les autres moyens de prévention tels le préservatif.

La première étude est celle rendue publique en mai aux Etats-Unis (étude HPTN052), qui établit qu'un traitement d'antirétroviraux fourni tôt à une personne infectée réduit considérablement les risques (plus de 96 %) de transmission au partenaire non infecté. Le traitement a été fourni à 1.763 couples sérodiscordants -un séropositif, l'autre non-, quasi tous hétérosexuels. Il y a eu 29 cas d'infection dont 28 chez les personnes traitées tardivement. Avec un bénéfice pour la personne traitée plus tôt, puisqu'il y a eu aussi dans ce groupe 41 % de moins de maladies opportunistes et de décès.

Les deux autres études, publiées plus récemment, montrent qu'un traitement fourni à une personne non infectée mais à risque la protègerait dans environ deux cas sur trois de l'infection.

L'OMS, qui devait présenter à Rome ses recommandations sur le dépistage et le traitement dans les couples sérodifférents, a retardé cette publication, pour prendre en compte les résultats de ces études.

Pour Médecins sans frontières, il faut maintenant "transcrire cette science en action afin de casser le dos de l'épidémie".

Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain sur les maladies infectieuses (NIAID), a estimé qu'il y avait "changement de donne" et qu'aujourd'hui "on peut avoir un impact majeur sur l'épidémie". Il a souligné aussi que "la prévention marche si les gens respectent ses modalités", et émis des doutes sur la possibilité de fournir le traitement à toutes les personnes à risque : "En Afrique, toutes les personnes sexuellement actives sont à risque".

Pour Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, avant de songer à traiter tout le monde dès qu'il est infecté, voire à risque, il faut traiter ceux qui ont besoin d'un traitement et n'en bénéficient pas. L'OMS estime qu'il faut traiter les gens à partir d'un nombre de CD4 (les cellules de l'immunité attaquées par le virus) inférieur à 350. "Aujourd'hui, on a 40 % de couverture des besoins", a-t-il rappelé, estimant qu'il faut, "d'un point de vue de santé publique et d'éthique, commencer par les priorités". Pour lui, "mettre toutes les personnes infectées sous traitement, ce n'est pas envisageable, ni du point de vue des ressources, ni du point de vue opérationnel". Il a rappelé à cet égard que la moitié des personnes infectées ne savent pas qu'elles le sont.

Nombre d'intervenants, dont Gottfried Hirnschall, de l'OMS, ont rappelé qu'il ne fallait pas pour autant oublier le préservatif, et qu'il convenait de "combiner les moyens de prévention", comme le soulignent les études. "Nous ne voulons vraiment pas dire qu'il ne faut plus utiliser les préservatifs", a-t-il souligné. Il a rappelé lui aussi qu'il y avait encore 9 millions de personnes "qui n'ont pas accès au traitement" alors qu'elles en ont besoin.

L'Express

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