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Saint-Malo invente le premier robot cueilleur de tomates

Formidable innovation de trois ingénieurs de haut niveau, qui lancent le premier robot autonome apte à récolter des plants de tomates ou à ramasser les fraises. Un avenir énorme, une jeune pousse à fort potentiel pour l’agroalimentaire. Nicolas Salmon est allé cueillir des fraises lors d’un séjour en France, car à l’époque, il travaillait à Londres chez JP Morgan. Cet amateur de surf et kitesurf s’aperçoit qu’il faut de nombreuses petites mains pour récolter ce fruit, puisqu’aucune autre solution n’existe. L’idée d’Aisprid est née. Pierre-Edouard Hannoush, le pro de la mécanique, et Morgan Kervoern se joignent à lui pour lancer Aisprid. Ces trois ingénieurs aux dents longues annoncent vouloir devenir leaders de l’effeuillage robotisé de fruits et légumes. Pourtant, le défi était de taille : les plantes ne cessant d’évoluer, cela exige une capacité d’analyse fine du robot.

L’intelligence artificielle permet une amélioration constante du travail grâce à la prise d’expérience robotique. Autre élément indispensable : la haute précision absolument nécessaire pour que le travail soit correctement effectué. Le robot est couvert par plusieurs brevets, dont son outil de coupe sur mesure. En bref, plus le robot travaille, plus il est efficace. Les cofondateurs ont au départ commencé par développer leur idée autour de la récolte de fraises pour s’orienter ensuite vers l’effeuillage de plants de tomates sous serre.

Ce changement est plus que justifié par le fait que cette tâche pénible est indispensable et que le monde de la serre s’adapte parfaitement à l’utilisation de la robotique de haute précision. L’effeuillage concerne également d’autres cultures comme le concombre, ce qui promet une diversification intéressante pour l’avenir. C’est fait ! Aisprid va construire son usine sur 3 000 mètres carrés afin de commencer la fabrication de son robot d’effeuillage de plants de tomates, avant d’élargir la gamme vers d’autres usages maraîchers. Après trois ans de recherche et développement, les trois cofondateurs de la startup ont finalisé le développement de leur premier robot d’effeuillage de plants de tomates sous serre.

Leur première levée de fonds de 4,6 millions d’euros auprès de Demeter, Go Capital et Breizh Up, complétée par les partenaires bancaires et Bpifrance, a été bien utile pour réussir la construction des prototypes et des premiers modèles déjà utilisés en partenariat avec des coopératives. Une étape clé a été franchie au Sival d’Angers en janvier dernier avec le lancement officiel de la commercialisation. Le modèle économique choisi est celui de la location : le robot étant un service auquel l’agriculteur a recours lorsque cela est nécessaire, le coût est fixé en fonction du temps d’utilisation et du nombre de feuilles coupées.

La productivité du robot n’est pas impressionnante, mais il dispose de qualités primordiales telles que l’autonomie et les heures de travail qui peuvent se prolonger bien au-delà d’une journée habituelle de travail effectuée par un humain. Il coupe une vingtaine d’heures par jour et se manipule facilement. Il peut poursuivre sa tâche sept jours sur sept. Le temps est donc venu de trouver les quelques millions nécessaires pour l’usine et assurer la croissance d’Aisprid. Les acteurs historiques suivront, mais cette levée sera élargie à d’autres structures afin de répondre aux besoins d’industrialisation, de prospection commerciale et de recrutements. L’heure est venue de passer d’Aisprid, la startup deeptech, à Aisprid, la scale-up industrielle. L’entreprise vise à faire du profit, mais les raisons profondes pour lesquelles elle travaille sont claires dans l’esprit des cofondateurs et de l’équipe. Il s’agit d’améliorer la situation des exploitants agricoles en apportant une réponse à la pénurie de main-d’œuvre, aux conditions de travail, et de contribuer ainsi au maintien des productions locales. L’entreprise française dispose d’une belle avance sur ses concurrents étrangers, israéliens et américains, et prévoit de se diversifier très rapidement vers d’autres pays et d’autres cultures de fruits et légumes. Le marché est alléchant, la tomate étant l’un des premiers aliments consommés au monde.

On retrouve de 5 à 10 startups au niveau mondial sur ce créneau, certaines en récoltes. Le monde de la robotique high-tech en serre est restreint, tous se connaissent et sont en phase de levée de fonds. Cette pépite est la plus avancée en matière d’effeuillage, elle dispose de la flotte la plus importante de robots au monde à ce jour avec une vingtaine d’équipements qui travaillent déjà. Elle vient de participer en juin au salon Greentech à Amsterdam afin d’attaquer l’international.

En France, les robots d’Aisprid sont déjà présents dans l’ensemble des coopératives de tomates bretonnes et Pays-de-Loire, et d’ici la fin de l’année, toutes les coopératives françaises seront concernées. Les 27 collaborateurs devraient être une quarantaine d’ici la fin de l’année. Aisprid est en route vers une nouvelle phase de sa croissance et, pourquoi pas, devenir un champion mondial en son domaine. Les résultats du robot ont déjà séduit et obtenu la reconnaissance des professionnels. Aisprid a en effet obtenu le Sival Innovation d’Or 2024, prix décerné par un jury de 50 experts parmi 70 entreprises candidates. Ce prix a ainsi récompensé la meilleure innovation en machinisme et automatisme pour les productions végétales.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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