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Quand nos gènes nous empêchent d'arrêter de fumer…
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Tout le monde a pu le constater : nous ne sommes pas égaux devant l'arrêt du tabac et certains gros fumeurs parviennent facilement à arrêter définitivement la cigarette, alors que d'autres, qui fument pourtant moins, ne vont pas y parvenir. Des chercheurs français du CNRS et de l’Inserm viennent de montrer que l'addiction à la nicotine semble liée à une mutation présente dans le gène CHRNA5, connu pour coder la sous-unité a5 des récepteurs nicotiniques. Les personnes touchées par la mutation de ce gène seraient prédisposées à refumer et ce, même après s’être sevrées.
Cette dépendance à la cigarette s’explique par la présence de la nicotine, une substance psychoactive qui agit sur le cerveau en se fixant sur les récepteurs nicotiniques des neurones et la modification des neurotransmetteurs. Ceux-ci produisent alors de la dopamine, une hormone qui donne une sensation de bien-être et de satisfaction. Plus l’on fume, plus le cerveau s’habitue à la présence de la nicotine, et plus les récepteurs sont sensibles : c’est ce qui explique l’addiction au tabac. Quand on arrête de fumer pendant trop longtemps, notre corps est alors en manque de nicotine et une sensation de malaise apparaît.
Pour Benoît Forget, chercheur au sein de l’Unité de Neurobiologie Intégrative des Systèmes Cholinergiques (Institut Pasteur/ CNRS) et principal auteur de l’étude, cette addiction à la nicotine peut toutefois être renforcée par la mutation du gène CHRNA5. "Plusieurs études de génétique humaine ont déjà démontré que cette mutation génétique accroît le risque d’addiction au tabac", explique-t-il. "Partant de ce postulat, nous avons cherché à déterminer quelle phase de l’addiction à la nicotine était affectée par la présence de cette mutation et quel pouvait être son rôle dans la rechute".
Ces chercheurs ont introduit chez des rats de laboratoire la mutation génétique responsable de l’addiction au tabac chez les humains. Les chercheurs ont ensuite observé le comportement des rongeurs. "Nous avons à la fois constaté que cette mutation génétique entraînait une plus forte consommation de nicotine à des doses élevées, et découvert qu’elle induisait une proportion plus élevée de rechute après sevrage nicotinique", explique le chercheur.
Il est aussi apparu au cours des recherches que ces rechutes fréquentes après sevrage sont liées à une "réduction de l’activation des neurones du noyau inter-pédonculaire", une zone spécifique du cerveau qui contient la majorité des sous-unités Alpha5 des récepteurs nicotiniques et qui est "composée essentiellement de neurones inhibiteurs". Selon Benoît Forget, en réduisant l’activité du noyau inter-pédonculaire, "la mutation génétique pourrait participer à l’activation d’autres structures cérébrales impliquées dans la rechute et donc conduire le fumeur sevré à retomber dans l’addiction lorsqu’il est exposé de nouveau à une cigarette".
Cette découverte pourrait en grande partie expliquer l’addiction à la nicotine de nombreux fumeurs. En effet, affirme le chercheur, 35 % des Européens et 50 % de la population du Moyen Orient sont porteurs de cette mutation génétique. Pour Benoît Forget, cette découverte est aussi déterminante pour l’avenir du sevrage thérapeutique au tabac car elle va permettre une action très ciblée. "Un médicament capable d’augmenter l’activité des récepteurs nicotiniques contenant la sous-unité Alpha5 pourrait permettre de réduire la consommation de tabac et le risque de rechute après sevrage", détaille Uwe Maskos, responsable de l’unité de Neurobiologie intégrative des systèmes cholinergiques (Institut Pasteur/CNRS), coauteur de l’étude.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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