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Edito : Prenons soin de notre Terre avant qu’il ne soit trop tard…

Alors que va prochainement avoir lieu la 26e conférence climat de l’ONU (COP26) à Glasgow (Ecosse), qui s’avère cruciale, quand on sait que seulement la moitié des signataires de l’accord de Paris (2015) sur le climat ont révisé à la hausse leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le dernier rapport du GIEC, dévoilé le 9 aout dernier, offre le tableau le plus complet jamais réalisé sur le changement climatique mondial en cours (Voir IPCC). Réalisé par 234 auteurs de 66 pays, ce document est l’aboutissement de trois ans de travail. Intitulé "Changements climatiques 2021 : les bases scientifiques", cette étude constitue la première partie du sixième rapport d'évaluation du Giec, dont les deux autres volets, concernant les solutions à envisager, seront publiés en 2022.

Pour le président de la COP26, Alok Sharma, ce rapport est « l'avertissement le plus sévère jamais lancé sur le fait que le comportement humain accélère de manière alarmante le réchauffement climatique ». Ce rapport rappelle que la température moyenne sur Terre a augmenté d’un degré au cours du XXème siècle et que la concentration de CO2 dans l'atmosphère, qui était de 280 ppm il y a deux siècles, a atteint à présent un niveau de 415 parties par million (ppm), un taux sans précédent depuis plusieurs millions d’années. Et il ne fait à présent plus de doute que les activités humaines sont bien à l'origine de ce changement climatique mondial. Mais ce nouveau rapport va plus loin et établit, pour la première fois, un lien entre le réchauffement global de notre planète et la multiplication, en fréquence et en intensité, des événements météorologiques catastrophiques récents qui ont frappé tous les continents. La paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Giec, n’hésite pas à souligner que « Certains événements récents, typiquement comme les vagues de chaleur en juin 2019 en France, auraient été très improbables sans l'influence de l'homme sur le climat ». Et le GIEC a même calculé que les pluies extrêmes vont augmenter de 7 % à chaque degré supplémentaire.

Alors qu’il aurait fallu qu’elles se stabilisent, puis qu’elles commencent à diminuer, nos émissions de gaz à effet de serre (CO2, méthane et halocarbures principalement) ont encore augmenté de 23 % entre 2005 et 2018, passant de 38,6 à 47,5 gigatonnes par an (53,3 gigatonnes par an en incluant les émissions liées aux changements d’affectation des sols). Il en résulte que l’élévation de la température de l’air et de l’océan, la fonte des glaciers ou la hausse du niveau des mers, continuent à s’accélérer à un rythme sans précédent depuis des centaines de milliers d’années. Et ce n’est qu’un début, car à ce rythme et en l’absence d’actions suffisamment vigoureuses, nous risquons de retrouver, d’ici la fin de ce siècle, le climat qui régnait sur Terre il y a 50 millions d’années, pendant l’ère de l’Eocène, lorsque notre planète était presque entièrement recouverte de marécages et de forêts humides… (Voir étude).

Ce rapport du GIEC confirme que chacune des quatre dernières décennies ont été plus chaudes que la précédente. La température globale à la surface de la Terre entre 2000 et 2020 a été de 1,1°C supérieure à la moyenne enregistrée entre 1850 et 1900. Au cours des seules sept dernières années, les températures ont encore gagné 0,19°C. L’étude précise que 56 % de ces émissions sont absorbées par l’océan, la végétation et les sols. Le reste, soit 44 %, vient s’accumuler dans l’atmosphère et provoque une puissante augmentation de l’effet de serre. Et l’on prend mieux la mesure de ce changement quand on compare les échelles de temps plus longues : il faut remonter 125 000 ans en arrière, époque du dernier âge interglaciaire, pour retrouver une hausse aussi rapide de la température globale.

Cette étude souligne également la fonte accélérée des glaciers, qui reculent partout dans le monde. La vitesse de fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique a été multipliée par quatre depuis 30 ans. Quant à l’élévation du niveau des mers, elle atteint 3,7 mm par an depuis 2006 (contre 1,3 mm par an entre 1900 et 1971), une vitesse de progression sans précédent depuis 3000 ans. Au total, le niveau des mers a augmenté de 20 centimètres entre 1901 et 2018. Ce changement climatique violent est également en train de bouleverser l’équilibre chimique des océans : le pH des océans, qui est autour de 8, a augmenté lentement ces dernières 50 millions d’années. Il s’est acidifié de 30 % en deux siècles et l’eau des mers pourrait devenir trois fois plus acide d’ici 2100 – ce qui aurait des conséquences désastreuses sur les écosystèmes marins – si les émissions humaines de CO2 ne sont pas drastiquement réduites.

Le rapport souligne que cette hausse du niveau des mers est causée à la fois par l’expansion thermique due à l'augmentation de la température de l’eau et par la fonte des glaciers, de la banquise arctique et de l’inlandsis groenlandais. Mais, de manière très intéressante, ce rapport précise que l’expansion thermique est responsable à 50 % de la montée du niveau des mers, tandis que les glaciers y contribuent pour 22 %, et les calottes glaciaires pour 20 %.

En matière de précipitations, le rapport souligne qu’elles sont à la fois plus intenses et plus limitées dans le temps depuis 1950. Résultat, des inondations, mais également des sécheresses plus longues, plus fréquentes et plus dévastatrices. Ce rapport établit également pour la première fois un lien de causalité très solide entre l’ampleur du changement climatique en cours et les événements météorologiques de plus en plus violents et dévastateurs auxquels nous assistons depuis quelques années, y compris dans notre pays. Partout, et la France n’est pas épargnée, on voit des vagues de chaleur extrêmes plus fréquentes et plus longues, tandis que les vagues de grand froid ne cessent de se raréfier. Cette étude du GIEC confirme le fait scientifiquement récemment avéré que la quantité globale d'énergie sous forme de chaleur retenue par notre Terre a doublé depuis 15 ans (étude dans les lettres de la recherche géophysique de juin 2021). Or, notre planète fonctionne comme une gigantesque machine thermodynamique qui cherche en permanence à conserver son équilibre, en se régulant par des échanges d'énergie entre les océans, l'atmosphère et les terres. Mais depuis deux siècles, sous l'effet des activités humaines, la concentration de CO2 dans l'atmosphère est passée de 280 à 415 parts pour un million et la Terre doit évacuer de plus en plus d'énergie, de plus en plus vite, ce qui explique la multiplication des phénomènes extrêmes et dévastateurs en tout genre...

Après avoir dressé le tableau très complet de la situation climatique mondiale et de ses causes, les scientifiques du GIEC ont travaillé sur plusieurs scénarios d’émissions de gaz à effet de serre pour tenter de prévoir l’évolution du système climatique. Leurs conclusions est que, quelle que soit la vigueur des actions qui seront entreprises pour réduire nos émissions de GES, la température moyenne mondiale va inexorablement continuer d’augmenter au cours des vingt prochaines années, à cause de la grande inertie de la machine climatique mondiale qui, tel un énorme paquebot, ne peut pas s’arrêter ou changer de direction rapidement, du moins à l’échelle humaine. Il faut en effet rappeler que la durée de vie du CO2 dans l’atmosphère est de plus d’un siècle, c’est pourquoi la poursuite du réchauffement climatique est inévitable. Le GIEC précise que trois phénomènes en cours, directement proportionnels à la concentration atmosphérique de CO2, ne peuvent plus être stoppés : la hausse de la température des océans, la fonte de l’inlandsis du Groenland et la montée du niveau des mers.

Selon le GIEC, la température à la surface du globe entre 2080 et 2100 devrait être plus haute de 1°C à 1,8°C, par rapport à la période 1850-1900, même si nous parvenons à diminuer de 80 % nos émissions de CO2 d’ici la fin du siècle. Et si le rythme de progression de nos émissions de GES reste le même, l’augmentation de la température moyenne pourra être de 3,5 à 5,7°C, ce qui aurait des conséquences catastrophiques pour l’humanité et rendrait plusieurs régions du globe tout simplement inhabitables. Néanmoins, l’étude souligne que si nous parvenons à une quasi-neutralité carbone en 2050, il est encore possible de faire redescendre la température à +1,4°C en 2100. Les scientifiques du GIEC insistent sur le fait que réduire une petite fraction de réchauffement a des conséquences très importantes pour nos sociétés. « Chaque demi-degré de réchauffement entraîne des événements climatiques plus intenses, plus fréquents et touchant plus d’endroits », rappelle le climatologue Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace et l’un des auteurs du rapport.

Comme l’élévation de la température moyenne, la hausse du niveau des mers va également inexorablement se poursuivre pendant plusieurs siècles, sous l’effet de l’expansion thermique de l’océan et de la fonte des glaciers et des calottes. Dans les scénarios les plus extrêmes, les océans pourraient s’élever d’un mètre d’ici à 2100, par rapport à 1995, et jusqu’à 1,9 mètre d’ici à 2150.

Autre source de grande inquiétude, la capacité des forêts, des sols et des océans, à absorber les émissions de CO2 est en train de diminuer. Sur les six dernières décennies, ces puits de carbone ont réussi à retirer de l’atmosphère 56 % du CO2 émis par les activités humaines, limitant le réchauffement. Mais leur efficacité de stockage aurait déjà diminué de 5 à 10 % et cette perte de capacité pourrait encore s’accentuer dans l’avenir. Le rapport souligne que, pour parvenir le plus rapidement possible à la neutralité carbone, la sortie des énergies fossiles ne suffira pas et il faudra simultanément actionner d’autres leviers, tels le reboisement massif, la transition agricole vers d'autres modes de production et des cultures à faibles émissions de CO2, et le recours à des technologies de capture et de séquestration de CO2. Comme le souligne avec force Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, « L’heure est à l’union des dirigeants, des entreprises et de la société civile derrière des  solutions claires comprenant la fin des énergies fossiles, le financement de politiques d’adaptation et de résilience ou encore des plans de relance post-Covid-19 qui financent la transition écologique. La viabilité de nos sociétés en dépend ».

En marge de la publication très attendue de ce nouveau rapport du GIEC, d’autres études scientifiques sont venues confirmer cet été à quel point la machine climatique planétaire était en train de dérailler : une récente étude publiée début août confirme que le Gulf Stream, ce courant marin qui transporte de l'eau chaude de la Floride, aux États-Unis, vers l'Islande, dans l'Atlantique Nord et qui joue un rôle essentiel sur le climat en Europe, décline de manière préoccupante depuis 2005 (Voir Nature climate change). Ces recherches soulignent que ce système fonctionne comme un peu à la manière d’un gigantesque tapis roulant géant qui se charge d’abord en eau chaude et salée, puis file vers le Nord où l'eau se refroidit et devient plus dense, plus lourde. Elle coule alors en profondeur, avant de revenir vers le Sud. Ce système de courant joue un rôle majeur de régulateur thermique et empêche notamment l’Europe occidentale d’avoir un climat qui s’apparenterait l’hiver à celui du Canada….

Sous l’effet de la fonte de la calotte glaciaire, qui libère de l'eau douce dans les océans, moins dense que l'eau de mer qui est salée, l'eau qui constitue ce courant s’écoule moins bien. Selon ces chercheurs, si le Gulf Stream continue de s'affaiblir, il faudra s’attendre à des hivers plus rigoureux, en Europe, mais également à des vagues de chaleur plus importantes et à des sécheresses plus fréquentes. Mais cet affaiblissement du Gulf Stream, qui pourrait atteindre 45 % en 2100 en l’absence de mesures plus vigoureuses pour réduire nos émissions de CO2,  risque également d’entraîner une augmentation plus importante du niveau de la mer, avec de potentielles conséquences désastreuses en Inde, en Amérique du Sud et en Afrique de l'Ouest : inondations et déplacements massifs des populations côtières.

Une autre étude publiée cet été montre que les conséquences humaines et matérielles catastrophiques des inondations, qui ont ravagé l’Allemagne et la Belgique à la mi-juillet, sont à relier aux effets du changement climatique. Selon ces recherches cet épisode extrême a été rendu jusqu’à 9 fois plus probable par le réchauffement dû à l’activité humaine. Le changement climatique a également « fait augmenter la quantité de pluie sur une journée d’entre 3 % et 19 % », selon les scientifiques du World Weather Attribution (WWA), qui regroupe des experts de divers instituts de recherche dans le monde (Voir World weather attribution). Rappelons que les 14 et 15 juillet, de fortes inondations causées par des pluies diluviennes avaient ainsi fait au moins 190 morts en Allemagne et 38 en Belgique. L’Allemagne va devoir consacrer 30 milliards d’euros à la reconstruction des zones sinistrées, et la catastrophe y a placé la question de l’urgence climatique au centre du débat public. Pour les 39 scientifiques du WWA, « Le changement climatique a accru la probabilité mais également l’intensité des événements de juillet », et la multiplication des précipitations est une conséquence attendue du réchauffement.

La France ne sera pas épargnée par les effets du réchauffement climatique, comme l’explique le chercheur Jérôme Duvernoy, de l’Onerc (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique) qui souligne que tous les espaces du territoire français vont devoir faire face à des risques accrus d’incendies, de sécheresses et d’inondations. La hausse des températures va notamment accentuer la formation de médicanes, noms donnés aux ouragans méditerranéens, qui se traduisent par des vents très violents, des pluies diluviennes, et des inondations dévastatrices. La récente carte publiée par l’Agence européenne de l’environnement montre que plusieurs parties de notre littoral, comme la côte des Hauts-de-France, de Calais à Dunkerque, la façade Atlantique de Saint-Nazaire à Arcachon, et la côte méditerranéenne de Perpignan à Fos-sur-Mer connaîtront de plus en plus souvent ces médicanes. Mais nos régions de montagne vont également subir de plein fouet les effets de ce changement climatique. Les glaciers français pourraient perdre jusqu’à plus d’un tiers de leur masse d’ici la fin du siècle, et ce bouleversement hydrologique majeur aura évidemment des conséquences majeures sur les ressources en eau disponible, tant pour la consommation humaine que pour l’industrie, agriculture et l’élevage.

Le GIEC rappelle que les activités humaines ont déjà entraîné l’émission d’environ 2 400 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2) depuis 1850. Pour avoir un peu plus de quatre chances sur cinq (83 %) de ne pas ajouter 0,43°C au thermomètre planétaire et tutoyer ainsi le seuil de 1,5°C, il ne faudrait plus émettre que 300 Gt de CO2 avant que l’économie mondiale parvienne à la neutralité carbone. Or, cet objectif semble dès à présent hors d’atteinte, car il correspond à seulement sept ans d’émissions, en prenant 2019 comme référence. Nous pouvons encore cependant conserver une chance sur deux de rester sous le seuil fatidique de deux degrés d’augmentation de la température moyenne, mais à condition de ne pas émettre, selon les calculs du GIEC, plus 1 350 Gt de CO2, c’est-à-dire environ trente-deux ans d’émissions actuelles, à niveau constant, mais plus probablement vingt ans d’émissions réelles, car il est fort peu probable que les émissions humaines commencent à diminuer avant 2030.

Faute d’avoir su ou voulu anticiper et mis en œuvre depuis 30 ans, les efforts nécessaires qui auraient permis de réduire de manière plus graduelle nos émissions de GES, nous allons donc, d’une façon ou d’une autre, être contraints à partir de maintenant de réduire de manière très brutale, et le mot n’est pas trop fort, nos émissions de CO2. Pour l’Agence européenne de l’environnement (EEA), la sortie des énergies fossiles ne suffira pas et nous devons aussi repenser complètement nos modes de production de biens et de services, et l’organisation de nos sociétés, de manière à ce que le développement économique puisse s’effectuer pour un coût carbone réduit (Voir EEA).

Et, de fait, partout dans le monde, des mesures immédiates et concrètes d’adaptation sont déjà en train d’être prises pour faire face à ce réchauffement mondial qui est appelé à s’amplifier de manière inéluctable dans les années à venir, même si nos sociétés prennent des mesures drastiques. À Singapour, le gouvernement encourage la végétalisation des immeubles neufs, qui permet de faire baisser de manière naturelle de dix degrés la température moyenne de la surface de ces bâtiments, en cas de canicule. À Bangkok (Thaïlande), les toits des universités sont progressivement aménagés de manière à pouvoir accueillir des jardins potagers, ce qui permet à la fois de rafraîchir les bâtiments et de développer une production agricole urbaine. 

En Australie, pays soumis à des canicules de plus en plus fréquentes, la ville de Wilton, située à 80 kilomètres au sud-ouest de Sydney, a décidé d’imposer aux nouvelles constructions résidentielles d'avoir des toits blancs ou clairs. Les autorités locales vont adopter d’ici la fin de l’année un nouveau plan local d'urbanisme qui prévoit la construction d’au moins 9000 maisons « anti-réchauffement ». Ce plan prévoit par ailleurs de planter au minimum un arbre de 8 mètres de haut devant les maisons côté rue, ainsi qu'un arbre de 5 mètres de haut dans le jardin à l'arrière du bâtiment, pour fournir plus de fraîcheur aux futurs habitants en cas de forte chaleur.

En France, la loi "Climat et Résilience" du 22 août 2021 intègre une partie des 146 propositions de la Convention citoyenne pour le climat, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d'ici 2030. Son premier article, issu du débat parlementaire, pose que l'État s'engage à respecter le nouvel objectif européen ambitieux arrêté le 14 juillet dernier par la Commission de baisse d'au moins 55 % des émissions des gaz à effet de serre (GES) d'ici 2030. Mais, disons-le tout net, même si cette loi va évidemment dans le bons sens, elle n’est pas à la hauteur du défi climatique qui est devant nous. Il faut en effet rappeler, qu’en raison du retard accumulé par la France, le rythme actuel de réduction annuelle doit doubler, pour atteindre au moins 3,0 % dès 2021 (-1,9 % en 2019) et 3,3 % en moyenne sur la période du troisième budget carbone (2024-2028). Au niveau mondial, l’effort de réduction des émissions de CO2 reste également très insuffisant, comme le rappelle l’ONU, qui, s’appuyant sur les travaux du GIEC, souligne que, pour limiter le réchauffement en cours, les émissions annuelles en 2030 devront être inférieures de 15 gigatonnes d’équivalent CO2 à leur niveau actuel, si nous voulons rester en dessous d’une hausse de deux degrés.

Concrètement, cela signifie qu’il faudrait dès à présent réduire chaque année de 2,7 % par an ces émissions mondiales de CO2, pour atteindre l’objectif des 2°C, une mission presque impossible, quand on sait que ces émissions mondiales de CO2 continuent d’augmenter en moyenne de 3 % par an depuis 20 ans. Selon l’AIE, un habitant dans le monde émet désormais 4,8 tonnes de CO2 par an, soit une augmentation de presque 50 % depuis dix ans, et la croissance économique mondiale ne s’est pas accompagnée d’une amélioration suffisante de l’efficacité énergétique de nos économies.

Ce constat peut sembler sombre et pessimiste, il est simplement lucide et doit au contraire nous conduire à redoubler d’efforts, de volontarisme et d’imagination, pour relever tous ensemble cet immense défi qui concerne l’avenir de notre espèce, et plus largement l’avenir de la vie sur Terre. Les seuls combats perdus d’avance sont ceux que l’on refuse de mener et je suis persuadé que l’Humanité recèle des trésors d’intelligence, de créativité et d’ingéniosité qui peuvent lui permettre de maîtriser ce changement climatique majeur et d’en rendre supportables les conséquences pour les générations futures.

Mais pour gagner ce combat, il faut cesser de séparer, ou d’opposer, trois sphères qui doivent absolument coopérer et ont chacune un rôle crucial à jouer : la sphère politique (états et collectivités locales), la sphère techno-économique (entreprises et recherche publique) et la sphère civique (ménages et associations). Il faut également avoir le courage d’expliquer clairement et calmement à nos concitoyens que le temps des hésitations et des débats est révolu, et qu’ils vont devoir accepter, pour l’intérêt supérieur de notre espèce et de la planète, des changements radicaux dans leurs modes de vie. Néanmoins, il est capital que les efforts considérables qui vont être demandés à tous les Français soient équitablement répartis au sein de la population et approuvés par voie de référendum, afin de pouvoir être mis en œuvre de manière résolue, dans la durée. J’ajouterai enfin, pour conclure, que ce défi climatique mondial, si nous savons l’affronter avec intelligence et détermination, peut être une occasion historique de repenser et de rebâtir notre modèle économique et social sur des bases plus humaines, plus justes, plus solidaires, qui scelleront la nécessaire réconciliation entre l’homme, la nature et le progrès.

René TRÉGOUËT

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

e-mail : tregouet@gmail.com

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