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Le potentiel thérapeutique des cellules souches adultes est revu à la baisse

Le potientel thérapeutique des cellules souches humaines adultes, que l'on pressentait comme fantastique encore récemment, serait en réalité plutôt décevant, selon deux études récentes. Les chercheurs avaient établi que des cellules souches prélevées à partir d'embryons à un stade très précoce ont une capacité remarquable à se transformer en cellules ou tissus d'organes en tous genres (rein, poumons, foie etc). Mais l'utilisation de cellules provenant d'embryons donne lieu à controverses, et au nom de considérations éthiques, de nombreux pays l'ont interdite. Dans les dernières années, les recherches se sont focalisées sur les cellules souches recueillies sur des tissus adultes (sang, cerveau ou muscle). Et un certain nombre de travaux récents avaient suscité un vent d'optimisme: on a pu penser que ces cellules naissantes pouvaient être reprogrammées pour se développer en une variété de types de cellules, fournissant ainsi un potentiel quasi-illimité pour les transplantations. Ce qui était considéré comme une véritable percée scientifique reposait sur la présomption que ces "bébés cellules" pouvaient être mélangés avec les cellules d'embryons dans un milieu commun dans lequel on pensait que la reprogrammation intervenait. Selon cette théorie, les cellules souches adultes étaient génétiquement éliminées et se convertissaient en cellules embryonnaires, beaucoup plus vigoureuses. Mais les deux études publiées par Nature mettent à mal cette conception optimiste, faisant valoir que dans de nombreux cas, la cellule adulte n'a pas été reprogrammée, elle a seulement été amalgamée avec une cellule embryonnaire. En clair, cela signifie que la cellule souche adulte a dû se choisir une cellule embryonnaire correspondante pour se doter d'une utilité thérapeutique, selon Austin Smith, professeur à l'Universisté d'Edimbourg. En d'autres termes, le nombre des cellules miraculeuses n'a pas été augmenté.

"Cela montre la nécessité de rester prudent quant à l'utilisation thérapeutique des cellules souches adultes. Si elles ne fabriquent des tissus différents qu'en se fondant avec des cellules existantes au lieu de créer des cellules nouvelles, cela restreint grandement leur utilité pour la réparation de tissus et la médecine régénérative", ajoute le Pr Smith. L'équipe du Pr Smith était arrivée à cette conclusion après avoir marqué le cerveau d'une souris avec une protéine fluorescente. Ce marquage a été retrouvé dans des cellules de culture mixte qui se comportaitent comme des cellules embryonnaires. De leur côté, des chercheurs menés par Naohiro Terada de l'université de Floride à Gainesville sont arrivés à la même découverte de fusion de cellules. Ils ont constaté que des cellules adultes provenant soit du cerveau soit de la moelle d'une souris, "cultivées" dans le même plat que des cellules souches d'embryons, ont fusionné spontanément pour produire des hybrides capables de produire des muscles, des nerfs et d'autres types de cellules. Les conséquences de ces travaux sont encore inconnues, mais ils sont de nature à tempérer l'enthousiasme des chercheurs. "Je défends toujours la recherche sur les cellules souches et j'aimerais vraiment voir une cellule du sang se transformer en cellule du cerveau ou du foie", a déclaré le Pr Terada à l'AFP. "Mais pour l'instant, nous devrions faire preuve de prudence. Nous n'aurons de réel progrès dans la recherche sur les cellules souches qu'au prix de connaissances plus affrondies", a-t-il ajouté.

Nature du 14-03-02 : http://www.nature.com/nsu/020311/020311-5.html

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