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Des polluants organiques persistants liés à l’agressivité du cancer du sein

Depuis plusieurs décennies, les chercheurs se demandent si certains polluants organiques présents de manière diffuse dans l’environnement et la chaîne alimentaire pouvaient favoriser l’agressivité des cancers du sein.

De premiers éléments de réponse apportés par Meriem Koual (AP-HP), Xavier Coumoul (Inserm, université de Paris) et leurs coauteurs, dans une étude publiée par la revue Environment international, suggèrent en tout cas un lien entre la présence de certains polluants organiques persistants - POP - dans le tissu adipeux environnant la tumeur et l’agressivité de la maladie.

« Notre résultat majeur est une augmentation du risque d’atteinte ganglionnaire associée à la concentration de trois POP, avec un risque particulièrement marqué pour les patientes en surpoids, dont l’indice de masse corporel est supérieur à 25 », dit Meriem Koual. Cette précision est importante car cela concerne environ 50 % de la population ». Un lien avec la taille de la tumeur et le risque de récidive est également suggéré par ces travaux.

La présence de cellules cancéreuses dans les ganglions lymphatiques ou des organes distants est un marqueur de l’agressivité de la maladie et réduit les chances de guérison des patients. « Lorsque le cancer est limité au sein, le taux de survie à cinq ans est de 99 %, mais ce taux baisse s’il y a eu propagation aux ganglions lymphatiques », rappellent les auteurs. Si des métastases distantes sont présentes au diagnostic, le taux de survie chute considérablement, à 26 % ».

Les POP sont des substances de natures et d’usages divers – pesticides organochlorés (DDT, lindane, chlordécone…), résidus de combustion, retardateurs de flamme, agents imperméabilisants, etc. – qui, une fois distribuées dans l’environnement, s’accumulent dans la chaîne alimentaire en se stockant dans les graisses. Très stables, ils peuvent rester en circulation pendant plusieurs siècles.

Les trois POP suspectés d’accroître l’agressivité du cancer du sein et identifiés par les chercheurs sont la dioxine dite « de Seveso » (TCDD 2,3,7,8) et deux membres de la grande famille des PCB (polychlorobyphényles). La première est un résidu de combustion de matériaux chlorés ou un sous-produit de certains processus industriels ; les seconds sont des substances produites jusque dans les années 1980, et utilisés dans de nombreuses industries (production électrique, peintures, colles, etc.).

L’association entre ces substances et l’agressivité du cancer du sein a été établie grâce à l’analyse, corrigée de plusieurs facteurs de confusion, des données issues de 91 patientes prises en charge dans le service de chirurgie gynécologique et du sein de l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris. Les chercheurs s’appuient en outre sur des travaux antérieurs indiquant que la présence de ces POP pourrait induire la sécrétion, par le tissu adipeux, de substances favorisant le stress oxydatif et l’inflammation, augmentant ainsi le risque métastatique.

Parmi les travaux les plus frappants en ce sens, ceux de l’épidémiologiste américaine Barbara Cohn (Public Health Institute, à Berkeley, en Californie) et de son équipe, publiés en 2015, suggèrent que les femmes d’aujourd’hui ayant été le plus exposées à un autre POP – l’insecticide DDT – par le biais de leur mère, lorsque celle-ci était enceinte, ont un risque de cancer du sein quadruplé autour de 50 ans, par rapport à celles qui ont été le moins exposées.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Science Direct

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