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Un meilleur accès à l’éducation réduit les différences de capacités cognitives entre hommes et femmes

Les femmes âgées ont actuellement un risque 50 % plus élevé que les hommes de développer une maladie d’Alzheimer. Plusieurs facteurs de risque pour cette maladie sont déjà bien connus comme les maladies cardiovasculaires, ou le niveau d’études. C’est à ce dernier que la chercheuse Inserm Séverine Sabia et l’équipe EpiAgeing du Centre de recherche épidémiologique et statistiques à Université de Paris se sont intéressées.

La génération actuelle des personnes très âgées est née dans les années 1920-1940. A cette époque, peu de femmes avaient accès aux études supérieures. Cependant, à partir des années 60, les portes des universités se sont ouvertes plus largement et de façon plus égalitaire aux femmes, de sorte que le niveau d’études de ces dernières a fini par rattraper quasiment celui des hommes dans les pays développés. Séverine Sabia et ses collègues estiment que cette évolution pourrait réduire les différences hommes/femmes du risque de démence dans les années à venir.

Pour tester cette hypothèse, ils ont comparé les capacités cognitives au cours du vieillissement de femmes et d’hommes en fonction de leurs niveaux d’études sur plusieurs générations. Ces personnes faisaient partie de deux cohortes anglaises appelées ELSA (English Longitudinal Study of Ageing) et Whitehall II. Elles incluaient un total de 15.924 personnes issues de la population générale, nées entre 1930 et 1955. Les chercheurs ont réparti ces personnes en trois sous-groupes selon leur année de naissance (1930–38, 1939–45, et 1946–55). Le niveau d’études des différents participants était par ailleurs connu.

Pour chaque personne, deux composantes des fonctions cognitives ont été évaluées à plusieurs reprises au cours du suivi entre 1997 et 2015. D’abord la mémoire immédiate qui consiste à se souvenir d’une liste de mots tout juste entendus, puis la fluence c’est-à-dire la capacité à trouver ses mots, en nommant en une minute le plus d’animaux possibles. « C’est la première fois à ma connaissance qu’un travail de ce type s’intéresse aux trajectoires cognitives au cours du vieillissement chez les hommes et les femmes en association avec l’évolution du niveau d’études dans les générations successives », explique Séverine Sabia.

Dans les deux cohortes, le niveau d’études global était supérieur dans le groupe de personnes plus jeunes (nées entre 1946 et 1955) par rapport au groupe de personnes plus âgées (nées entre 1930 et 1938). De plus, la proportion de femmes ayant un niveau équivalent au baccalauréat a plus que doublé, passant de 14 à 33 % (contre 36 % et 54 % pour les hommes).

Les données de cette étude suggèrent que les capacités de mémoire des femmes se sont améliorées ces dernières années. Elles étaient plus performantes que les hommes aux tests à tout âge et l’écart s’est encore creusé au sein de la génération la plus « jeune ». En ce qui concerne la fluence, les hommes faisaient mieux que les femmes dans le groupe de naissance 1930-38, mais cet écart s’est estompé chez les participants nés plus récemment et même inversé pour la génération née en 1946-55. « A niveau d’études équivalent, les femmes ne sont absolument pas désavantagées par rapport aux hommes que ce soit dans le domaine de la mémoire ou de la fluence », clarifie Mikaela Bloomberg, première auteure de l’étude.

Cette étude n'a porté que sur deux composantes de la fonction cognitive et il en existe davantage. Toutefois, la tendance qui se dégage ici suggère une meilleure réserve cognitive chez les femmes nées plus récemment en partie grâce à un accès plus important aux études supérieures. Ceci pourrait se traduire à terme par une réduction des différences hommes/femmes dans le risque de démence dans les pays où l’accès à l’éducation est similaire, quel que soit le sexe.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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