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Maladies rares : changer de paradigme pour trouver les bons médicaments...

Le Docteur Taipale a remporté le premier financement accordé par l’Institut Canadien de Recherche Avancée (ICRA) de 100.000 $. Il est attribué à 18 scientifiques du monde entier, en poste depuis moins de cinq ans au sein d’une université. Deux autres scientifiques de l’Université de Toronto ont également reçu cette bourse, le Professeur Natalie Bau (économie) et le Professeur Luyi Yang (physique).

Le Docteur Taipale, qui est assistant professeur de génétique moléculaire au sein du Centre Donnelly à l’Université de Toronto, a étudié la façon dont les protéines - les produits finaux de gènes - se structurent en machines moléculaires en trois dimensions. Au Centre Donnelly, il a élargi ses recherches à un certain nombre de processus cellulaires qui assurent que les protéines sont bien synthétisées et fonctionnent, afin de comprendre les causes de la bonne santé des cellules et l’impact des changements biologiques de la protéine qui entraînent la maladie.

Un des projets du Docteur Taipale est d’examiner les troubles rares et débilitants, souvent négligés. « Nous voulons démocratiser la recherche sur les maladies rares car la plupart d’entre elles sont totalement négligées. Développer un nouveau médicament coûte $1.2 milliard et les entreprises ne peuvent pas rentrer dans leur frais si seulement une centaine ou quelques milliers de patients sont traités » explique le Docteur Taipale.

Une maladie génétique rare se produit lorsqu’un gène particulier mute, de telle sorte que la protéine qu’il encode ne fonctionne plus correctement. Par exemple, les mutations qui perturbent la fonction des protéines encodées par le gène CFTR, ou la dystrophine, vont causer respectivement des fibroses kystiques ou des dystrophies musculaires.

De telles mutations nuisibles se propagent dans de nombreuses familles mais produisent des dégâts chez un petit nombre de personnes. Ceci est dû au fait que chacun d’entre nous porte deux copies de chaque gène, hérité chacun d’un parent. Si une copie seulement du gène est mutée, les effets néfastes sont masqués par la copie fonctionnant normalement. C’est seulement lorsqu’une personne hérite des deux copies mutées que la maladie se déclare.

A la différence de maladies complexes telles que les cancers, qui sont causés par la mutation de nombreux gènes, les maladies rares sont un problème simple à résoudre. Si l’on trouvait un moyen de restaurer la fonction du gène défectueux, on pourrait être en mesure de soulager les symptômes ou bien de guérir complètement la maladie.

Cependant, les entreprises pharmaceutiques ont très peu d’incitation à investir dans ces maladies étant donné la population relativement faible de patients concernés. Mais si les médicaments existaient déjà ? S’ils se cachaient parmi les milliers de composés qui ont déjà été approuvés ou qui sont en train d’être développés pour d’autres états ? « Nous essayons de changer complètement la manière dont les maladies génétiques rares sont étudiées.

Traditionnellement, ces maladies sont étudiées une par une avec de multiples méthodes ; nous voulons étudier mille maladies simultanément, en utilisant une ou deux méthodes » explique le Docteur Taipale. Pour ce faire, il travaille sur une collection de 1000 protéines, chacune portant une mutation connue pour causer une maladie génétique. Le principe est de réaliser une série de tests sur ces protéines endommagées ainsi que sur leurs équivalents sains.

« Ces expériences vont nous aider à comprendre la cause moléculaire sous-jacente de la maladie. Nous pourrons ensuite utiliser des molécules déjà approuvées par les agences de santé pour réparer les protéines endommagées. Nous essayons de trouver une maladie pour un médicament et non un médicament pour une maladie. »

Le Docteur Taipale cite l’exemple du Lonafarnib, une molécule anti-cancer ayant échouée en phase clinique, qui a finalement été utilisée pour traiter la progéria – une maladie extrêmement rare dans laquelle le vieillissement est accéléré si rapidement que le patient décède de complications liées à l’âge durant son adolescence. Le Lonafarnib agit directement sur la protéine progérine, qui est la cause de la maladie. "Même si nous n’avions rien su de la biologie moléculaire de la progérine, nous aurions probablement retrouvé l’activité du Lonafarnib en testant les médicaments approuvés ou en phase clinique. J’ai du mal à croire que sur les 7000 maladies rares, cet exemple soit le seul pour lequel un médicament déjà existant fonctionne".

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

University of Toronto

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