RTFlash

Edito : L'avenir de notre planète est en jeu

Les tendances lourdes que nous commençons maintenant à distinguer vont obliger les gouvernements et les industries de l'énergie, de l'automobile et des télécommunications, à prendre, dès ces prochains mois, des décisions particulièrement graves qui auront des conséquences déterminantes, non seulement pour l'ensemble de notre Planète, mais même pour l'avenir de l'Homme. La première de ces tendances lourdes a de nouveau été mise en valeur ces jours derniers à Lyon quand les scientifiques réunis pour préparer la prochaine conférence de La Haye ont affirmé, sans sourciller, que la température de l'atmosphère de notre Terre pourrait augmenter de 5° C dans le siècle qui vient et le niveau des océans et des mers s'élever de 1 mètre avant l'an 2100 si rien n'était fait très rapidement pour ralentir le rejet de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Quand on sait que les grandes glaciations qui ont tant bouleversé la vie sur notre Terre jusqu'à provoquer la disparition des grands dinosaures n'étaient dues qu'à une baisse de 6° C de la température de l'atmosphère, nous devons prendre conscience que notre Planète est très sensible à toute évolution de la température (que celle-ci baisse ou s'élève) et que les 5° C annoncés auraient des conséquences dramatiques si l'Homme ne savait pas stopper cette terrible évolution. En effet, comme dans beaucoup d'autres domaines, c'est l'Homme qui tient, là aussi, totalement son destin dans ses mains. Ce qui a été spectaculaire ces jours derniers dans les communications faites à Lyon, c'est la conviction forte que semblent avoir maintenant les scientifiques quand ils affirment que cette subite augmentation de la température de l'atmosphère de la Terre est essentiellement liée aux " activités humaines ". Ainsi, en analysant des carottes de glace prélevée dans l'Antarctique, des équipes de chercheurs de Grenoble (Professeur Lorius) et de Saclay (Professeur Jousel) montrent que la teneur en dioxyde de carbone n'avait varié que de 190 à 280 parties par millième depuis 420.000 ans. Or, depuis 150 ans que l'Homme brûle de l'énergie fossile (charbon puis pétrole), ce taux de CO² a bondi de 280 à 360. Ces 150 ans ne représentent que le temps d'une étincelle dans le grand feu qui marque l'histoire de notre Univers et de notre Planète depuis des milliards d'années. Voir ainsi bondir de 20 % en quelques décennies des paramètres qui étaient stables depuis des centaines de milliers d'années met en évidence la gravité et l'urgence avec lesquelles nous devons traiter ce problème. Cela est d'autant plus préoccupant que les scientifiques semblent nous dire : " mais vous n'avez encore rien vu ". Si aucune mesure planétaire n'est prise en temps utile, le taux de CO² doublerait d'ici la fin du 21e siècle avec les conséquences que je décrivais en introduction. Il est donc nécessaire que, toute affaire cessante, les Chefs d'Etat décident, lors de la prochaine conférence de La Haye, que des moyens extraordinaires de Recherche et Développement soient mis en place, sans retard, pour repenser totalement les liens de l'Homme et de l'Energie, aussi bien pour lui permettre d'assurer son activité, le chauffage des lieux où il vit, que ses déplacements. Ce défi dépasse de loin le pari qu'avait su faire en son temps J. F. Kennedy en prenant l'engagement que l'Homme poserait le pied sur la Lune dans la décennie qui suivrait. Une deuxième tendance lourde qui, actuellement prend forme, devrait aider à relever ce défi sans précédent. Le développement des télécommunications, de l'informatique, des automatismes et de l'image est en train de tisser cette toile mondiale qui devrait permettre dans le siècle qui vient de construire ce " village planétaire " annoncé par Mac Luhan. Aussi, comme je l'affirmais déjà dans l'éditorial du n° 63 d'@RT-Flash (édition du 18 au 24-09-99 http://www.tregouet.org/lettre/index.html) il faut sans tarder que nous repensions fondamentalement l'automobile pour qu'elle ne soit plus cette source essentielle de la pollution planétaire qu'elle est maintenant devenue. Ceux qui pensent qu'il suffit de rendre la vie de plus en plus difficile (et son usage à un coût de plus en plus élevé...) à tous les utilisateurs d'automobiles pour leur faire prendre, massivement, les transports en commun font, à mon avis, une terrible erreur. La voiture est non seulement un outil utilitaire mais il est aussi et peut-être avant tout un symbole culturel profondément ancré dans nos sociétés modernes. Il est certainement plus judicieux de conserver à la voiture sa fonction de coquille privée et de la faire évoluer fondamentalement plutôt que de demander à son utilisateur de procéder de lui-même à une véritable révolution culturelle. La machine progresse rapidement, son unité de temps est l'année et parfois même le mois, là où celle de l'Homme est celle de la génération, c'est-à-dire le quart de siècle. Or, en dehors des recherches fondamentales qui doivent être faites sur l'énergie propre (l'hydrogène ?) qui, demain, devra animer notre voiture si nous voulons qu'elle ne salisse plus notre Terre, la révolution des robots et surtout celle des systèmes de télécommunication devrait accélérer cette profonde mutation de l'automobile. En effet, comme je le disais dans le n° 80 de notre Lettre, (édition du 15 au 21-09-2000- http://www.tregouet.org/lettre/index.html) la voiture va devenir un lieu privilégié pour l'usage d'Internet et des technologies de l'Information et de la Communication. Ceci est d'autant plus vrai après l'attribution dans ces dernières semaines par les principaux pays européens des licences UMTS. Le prix de ces licences a atteint un tel niveau que la survie des grands opérateurs qui ont acquis ces autorisations passe par la vitesse avec laquelle les utilisateurs actuels du téléphone acquerront de nouveaux usages exigeant de nombreux data qui légitimeront alors ces technologies permettant de larges flux. Là aussi, comme dans le cas des automobilistes que certains voudraient tous voir monter dans les tramways, les opérateurs feraient une grave erreur en pensant que les usagers du téléphone mobile (qui n'est qu'une simple extrapolation, au niveau de l'usage, du téléphone fixe) passeront spontanément à Internet sur leur petit téléphone portable. Or, la voiture pré-équipée en UMTS pourrait être le vecteur idéal pour acquérir de nouveaux usages nomades large bande d'Internet. C'est bien en repensant globalement l'automobile et en s'appuyant non seulement sur de nouvelles sources d'énergie mais aussi sur sa gestion collective en milieu urbain et en développant son rôle privilégié d'accès à Internet que les Gouvernements et les grandes industries de l'Energie, de l'Automobile et des Télécommunications, tous ensemble, pourraient relever cet immense défi, sans précédent, dont dépend l'avenir de notre Planète et de l'Homme.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

Noter cet article :

 

Recommander cet article :

back-to-top