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L'âge à la maternité serait un facteur clé du déclin démographique européen

On savait déjà son taux de fécondité trop faible pour assurer le renouvellement des générations, mais l'état démographique de l'Europe semble encore plus préoccupant que prévu. Selon une étude réalisée par des chercheurs autrichiens et américain, les pays de l'Union européenne seraient entrés avec l'an 2000 dans une nouvelle phase critique de leur évolution. Cette année-là, ce que les scientifiques appellent "l'inertie démographique" est devenue négative. Ce qui signifie quoi ? Tout simplement un nombre d'enfants - et donc de mères potentielles dans le futur - inférieur à celui des parents dans le présent. Pour Wolfgand Lutz, de l'Institut viennois de démographie (Autriche), auteur des travaux, le phénomène est sans précédent. "Il ne s'est jamais produit jusqu'à présent d'inertie démographique négative à grande échelle dans l'histoire de l'humanité, souligne-t-il. Désormais, aller à l'encontre reviendrait à nager à contre-courant d'un phénomène inexorable de compression et de vieillissement de la population". Bref, il y aurait de quoi nourrir un certain pessimisme... Mais tâchons d'éclairer quelque peu la situation. D'abord les chiffres. Le taux de fécondité en Europe est actuellement de 1,5 enfants par femme. Si ce taux persistait jusqu'en 2020, on pourrait s'attendre à une diminution de la population d'environ 88 millions de personnes à l'horizon 2100 (à taux de mortalité constant et avec une immigration nulle). Ensuite l'analyse. Le faible taux de fécondité en Europe trouve deux explications : d'abord et bien entendu le fait que les femmes ne fassent pas assez d'enfants, mais aussi qu'elles retardent de plus en plus la conception de ces enfants. Ce facteur temps, jusqu'à présent peu mis en valeur, a retenu l'attention de l'équipe américano-autrichienne. Une série de simulations a permis de dessiner différents scénarios tendant à déterminer sa part de responsabilité dans le déclin démographique européen. Les résultats montrent que chaque nouvelle décennie passée au taux de fécondité actuel conduirait à une baisse de 25 à 40 millions de personnes, avec une participation du facteur temps de l'ordre de 40%. Une augmentation continue de l'âge à la maternité auraient également des effets importants sur la composition de la population. Même en supposant la suspension immédiate du phénomène des naissances différées, le rapport entre le nombre de personnes en âge de travailler (de 15 à 64 ans) et le nombre des plus de 65 ans passerait de 4 pour 1 en 2000 à moins de 3 pour 1 pour le reste du siècle à venir. Evidemment, les conséquences de ce vieillissement programmé en Europe telles que les envisagent les chercheurs sont considérables : mise en péril des systèmes de sécurité sociale et de retraite, ralentissement des gains de productivité et, à long terme, baisse de la croissance économique et de la compétitivité à l'échelle mondiale. Jusqu'à présent, les gouvernements européens se sont montrés réticents à engager une politique nataliste souvent synonyme aux yeux du public de maintien "forcé" des femmes à la maison. Mais la mise en évidence par Wolfgand Lutz et ses collègues de l'importance de l'âge à la maternité pourrait bien ouvrir une nouvelle voie. "Dans les différentes options définies pour gérer le déclin potentiel de la population, un point est rarement pris en considération : plutôt que de chercher à augmenter la taille des familles, il peut y avoir des avantages démographiques et sanitaires à offrir aux femmes davantage d'option pour planifier leur vie et choisir le moment de la maternité", explique Brian O'Neill, co-auteur de l'étude. De ce point de vue, étudier les possibilités de garde d'enfants, de logement subventionné ou de travail à temps partiel pourrait constituer un bon point de départ.

Info Science :

http://www.infoscience.fr/articles/articles_aff.php3?Ref=790

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