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L'adulte aussi renouvelle ses neurones
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Le sacro-saint dogme selon lequel le nombre de neurones chez l'être humain était fixé une fois pour toutes et que ces cellules « nobles » ne se renouvelaient pas à l'âge adulte a été remis en question en novembre 1998 par des chercheurs américano-suédois. Cette découverte révolutionnaire a soulevé de nombreuses questions mais aussi beaucoup d'espoirs puisque certaines zones du cerveau seraient tout à fait capables de se régénérer sous certaines conditions. Une propriété qui, dans l'absolu, pourrait être mise à profit pour lutter contre des maladies neurodégénératives. Malheureusement cette capacité reste limitée à quelques régions bien spécifiques dont la production en nouvelles cellules demeure relativement faible. « C'est dire l'importance des études cherchant à découvrir quels sont les facteurs susceptibles de stimuler la prolifération de ces nouveaux neurones », indique le docteur Annie Daszuta, du laboratoire de neurobiologie cellulaire et fonctionnelle du CNRS à Marseille. « Hormis les facteurs génétiques et ceux liés à l'environnement, des hormones et des neurotransmetteurs (NDLR : des messagers chimiques entre les neurones) régulent la prolifération, la différenciation et la survie de ces nouveaux neurones». Son équipe s'intéresse aux neurones à sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans bon nombre de fonctions essentielles à la survie de l'homme comme la satiété, la régulation de la température, mais aussi dans des pathologies comme la schizophrénie, les troubles de l'humeur, la dépression, l'anxiété. Il a été démontré dans ces maladies qu'il existe des modifications de certains neurotransmetteurs mais aussi des pertes de neurones et de leurs synapses et une diminution des cellules gliales (le tissu de soutien entre les neurones). Bref une réorganisation de l'ensemble du tissu nerveux. « Notre équipe a été la première à démontrer du moins chez le rongeur, que la réduction des concentrations de la sérotonine, était à l'origine de baisses significatives (jusque 50 %) de la prolifération des cellules dans le cerveau adulte », souligne-t-elle. « Nous avons également pu inverser cette modification en permettant au neurone sérotoninergique de se régénérer, et constater un effet identique par la greffe de neurones », poursuit-elle. De telles études suggèrent que des modifications à long terme dans la transmission de la sérotonine pourraient avoir des conséquences considérables pour la production de nouveaux neurones, du moins chez l'animal adulte. « Ceci est logique avec une autre observation, l'augmentation de la prolifération de cellules de l'hippocampe (1) après un traitement de longue durée à base de Prozac, un antidépresseur qui appartient au groupe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine », poursuit le docteur Daszuta. Parallèlement, son équipe a montré que la sérotonine est impliquée dans l'augmentation de la prolifération de nouveaux neurones sous l'influence cette fois des oestrogènes, toujours chez les rongeurs. « Puisque les oestrogènes pourraient avoir des effets neuroprotecteurs et antidépressifs, la production de nouveaux neurones chez l'adulte via la sérotonine pourrait être significative dans des circonstances où l'équilibre hormonal est altéré, comme par exemple chez les femmes ménopausées », suggère-t-elle. Des études récentes suggèrent que la dépression pourrait être causée par des altérations neurochimiques et des dommages du tissu cérébral, avec en particulier une atrophie de certaines régions de l'hippocampe et du cortex. Il est donc capital de mieux comprendre comment la sérotonine et les oestrogènes participent à cette augmentation de neurones dans ces régions. Et comment ils influent positivement sur la dépression. Il reste aussi à découvrir si cette neurogénèse affecte les fonctions normales du système nerveux central et peut compenser les déficits de neurones. Il y a de plus en plus d'arguments pour dire que ces nouvelles cellules cérébrales sont efficaces, du moins au niveau de l'apprentissage de la mémoire. Toujours est-il que la neurogenèse est un champ d'investigation en rapide développement car il est à l'orée d'espoirs thérapeutiques majeurs.
Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20020718.FIG0089.html
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