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Forêts et océans bientôt impuissants à contenir le réchauffement planétaire

Les océans et les forêts, qui "pompent" actuellement la moitié du gaz carbonique rejeté dans l'atmosphère, seront bientôt impuissants à contenir le réchauffement planétaire, selon des études française et britannique. Pire encore, les forêts, qui jouent aujourd'hui un rôle de "puits de carbone" (elles absorbent davantage de gaz carbonique avec la photosynthèse qu'elles n'en rejettent) vont se dégrader avec l'élévation de la température et devenir émetteurs nets de CO2 en 2050, selon une étude de l'institut britannique de météorologie Hadley publiée dans la revue scientifique Nature . Le rôle de puits de carbone des forêts est un sujet polémique dans les négociations qui s'ouvrent le 13 novembre sous l'égide de l'ONU à La Haye pour limiter les émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du protocole de Kyoto. Les Américains prônent une prise en compte généreuse des forêts, qui leur permettrait de remplir totalement leurs engagements de réduction d'émission de gaz à effet de serre, si on en croit une étude de l'Université de Princeton de 1998. Les Européens sont réticents, craignant que cela permette aux grands pays forestiers de respecter à bon compte leurs engagements sans effort réel pour réduire les émissions polluantes. Les études scientifiques française et anglaise remettent largement en cause le rôle généralement positif accordé aux forêts, à deux semaines de la rencontre de La Haye. "La biosphère terrestre intervient comme un puits de carbone jusqu'en 2050 environ, puis se transforme en source" d'émission de gaz carbonique, souligne l'étude britannique. De leur coté, les océans, qui jouent aussi un rôle de puits de carbone grâce aux courants marins et au plancton qu'ils contiennent, seront moins efficaces sous l'effet du réchauffement climatique. Une quantité croissante de gaz carbonique (issu de l'utilisation par l'homme des énergies fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz) se retrouvera donc dans l'atmosphère, accélérant le réchauffement du climat. Au total, la température pourrait augmenter de 5,5 degrés si on tient compte de l'interaction entre le CO2 et les océans et les forêts, au lieu de 4 degrés dans le modèle initial, selon le Hadley Centre. En France, les équipes d'Hervé Le Treut et de Philippe Ciais (Institut Pierre Simon Laplace) estiment que "la végétation sera moins efficace dans un climat plus chaud", mais leurs conclusions sont toutefois moins "catastrophiques" que le scénario du Hadley Centre. Le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC, créé par l'ONU) table sur un doublement des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère en 2100 et une élévation de la température moyenne entre 1,5C et 6C. Pour Hervé Le Treut, les nombreuses incertitudes pesant encore sur l'impact du gaz carbonique sur les océans et la végétation devraient conduire à ce que "les puits de carbone ne soient pas être pris en compte dans la négociation à La Haye". Philippe Ciais souligne pour sa part que "planter des arbres permet seulement de gagner du temps", puisque les forêts rejettent à terme le CO2 stocké. "Ce ne peut être au mieux qu'une mesure transitoire, un "tampon", en attendant une véritable réduction des émissions de gaz".

Sciences Actualité : http://www.cite-sciences.fr/actu/index.html

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