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Edito : Édito: Cinq ans après

Dans la nuit qui suivit le 11 septembre 2001 j'avais rédigé un éditorial que j'avais intitulé « Sachons garder la tête froide ». Nous reproduisons ce texte ci-dessous, juste après l'éditorial de ce jour.

Si vous disposez de quelques minutes, je vous invite à le relire avec attention. Ce texte écrit à chaud, alors que le Monde était encore sous la pression cauchemardesque d'un événement pourtant inimaginable quelques heures auparavant, m'a valu plusieurs centaines, sinon plusieurs milliers d'échanges, de mails, d'entretiens depuis cette date, tant les quelques réflexions de bon sens qui avaient surgi de ma plume sous la pression de l'instant se sont révélées, ultérieurement, comme particulièrement prémonitoires.

Cinq ans après, il faut reconnaître que l'Occident a enchaîné un ensemble de décisions qui ont fait reculer notre Monde. Soit nous aurions su, avec calme et intelligence, dominer la situation créée par ces attentats et alors notre civilisation serait sortie renforcée de cette épreuve, soit nous dégainions comme un cow-boy blessé et alors nous paierions très cher ce manque de sang-froid.

Malheureusement, c'est cette seconde voie, sans issue, qu'ont décidé d'emprunter les Etats-Unis d'Amérique, la plus grande démocratie du Monde.

Tant que cette nation dominante mais aussi avec elle l'ensemble de l'Occident ne reconnaîtront pas leur erreur, la violence ne fera que croître en Irak, en Afghanistan, en Palestine, au Liban et la haine trouvera de plus en plus de terreaux favorables dans l'ensemble de l'Islam.

Avant d'organiser le Monde comme si c'était toujours l'Autre qui a tort, l'Occidental doit perdre l'arrogance qu'il a trop souvent avec l'étranger.

Avec notre consumérisme, nos images, nous avons envahi l'ensemble de la planète : l'Occident a voulu imposer partout ses modes de vie.

Face à cette déferlante, les traditionalistes, qui pensent pourtant être les ultimes défenseurs de l'authentique et qui ne pouvaient plus s'appuyer sur des états forts, gardiens légitimes placés là par l'histoire, se sont souvent réfugiés dans les religions pour exprimer leur rejet de cette modernité imposée. Cela est vrai à Kaboul, à Karachi, à Téhéran, au Caire, à Alger, à Rabat mais aussi à La Courneuve, à Londres ou New York.

Face à cette montée des intégrismes, nos démocraties ne devaient surtout pas réagir en lançant des croisades comme l'avait fait la chrétienté il y aura bientôt un millénaire.

Et pourtant, c'est exactement ce qu'ont fait les Etats-Unis, la démocratie la plus puissante du Monde...

Et 5 ans après, Ben Laden, celui qui a organisé sinon imaginé et financé les attentats du 11 septembre, vient régulièrement narguer le Président de la première puissance du Monde sur les écrans de télévision et d'ordinateur, en gérant avec cynisme les moments choisis pour intervenir.

Chacune de ces apparitions attendues avec fanatisme par les populations les plus déshéritées des pays arabes est un véritable affront non seulement pour la première nation du Monde mais aussi, pourquoi le nier, pour l'ensemble de l'Occident.

La priorité des priorités, comme je l'avais déjà demandé avec angoisse il y a 5 ans, n'est pas de voir la première armée du Monde se transformer en matamore mais bien d'éliminer systématiquement et sans bruit tous ceux qui veulent détruire nos démocraties.

Or, le simple citoyen que je suis ne peut pas comprendre que la puissance la plus riche et potentiellement la mieux renseignée au Monde n'ait pas encore pu débusquer Ben Laden.

C'est là un mystère qui ne rassure personne et surtout qui ne fait pas diminuer ce pénible sentiment d'insécurité qui a envahi tant d'habitants de notre planète le 11 septembre 2001.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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