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Dépression : une nouvelle voie thérapeutique

Selon une étude canadienne, la molécule Elk-1 serait directement impliquée dans le développement des troubles dépressifs. Menée simultanément chez l'homme et la souris, la recherche de Bruno Giros, professeur du département de psychiatrie de McGill, et d'Eléni Tzavara, directeur de recherche à l'INSERM, a étudié les mécanismes biologiques et moléculaires qui se mettent en place au sein des neurones lors d’un traitement contre une dépression via des antidépresseurs classiques.

Les antidépresseurs traditionnels agissent sur deux neurotransmetteurs connus pour influencer l'humeur : la sérotonine et la norépinéphrine. Lorsque ces deux neurotransmetteurs entrent en contact avec des récepteurs situés à la surface des neurones, ils déclenchent toute une série de signaux à l'intérieur de la cellule.

Comme dans un relais, diverses molécules se transmettent les unes après les autres des instructions à livrer au noyau de la cellule, lui disant d'activer ou d'inactiver l'expression des gènes impliqués dans diverses fonctions biologiques. Ces deux neurotransmetteurs étant multifonctionnels, l’action des antidépresseurs sur leur activité habituelle s'accompagne logiquement d'un certain nombre d'effets indésirables.

Forts de ces mécanismes, les chercheurs ont isolé chez la souris une seule molécule, baptisée Elk-1, directement impliquée selon eux dans les troubles dépressifs. En utilisant par ailleurs la banque de cerveau Douglas-Bell Canada (BCDBC), l’équipe a constaté que la molécule Elk1 était sur-exprimée dans l’hippocampe (zone du cerveau impliquée dans les émotions, NDLR) de trente personnes en dépression qui s’étaient suicidées, alors que ça n’était pas le cas dans celui de vingt-deux cerveaux témoins.

"Ce qui est intéressant et plutôt nouveau, c'est que nous avons démontré l'avantage de cibler les modules de signalisation plutôt que l'ensemble du parcours", résume Bruno Giros. "Cette approche chirurgicale devrait nous permettre d'éviter les effets indésirables des antidépresseurs classiques".

Basé sur cette étude, un nouveau médicament, protégé par un brevet, a été développé par Melkin Pharmaceuticals, une société biotechnologique. "Le médicament que nous avons testé pourrait contribuer à réduire le taux d’échec des traitements contre la dépression", explique Bruno Giros. "Les antidépresseurs classiques prennent jusqu'à trois semaines pour avoir un effet, alors que cette nouvelle approche pourrait permettre d’agir plus rapidement".

Pour environ un tiers des patients souffrant d'un trouble dépressif majeur, le cheminement vers la guérison est long, les médecins devant au préalable trouver le médicament et la posologie appropriés pour les traiter, ce qui peut nécessiter plusieurs essais et/ou engendrer des erreurs. Environ 33 % des patients souffrant de dépression n’ont pas de traitements assez efficaces pour les guérir.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Nature

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