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Bionique : des « mini-cerveaux humains » pour alimenter des ordinateurs

À Lausanne, le laboratoire FinalSpark fait partie des pionniers de cette nouvelle frontière scientifique. Son cofondateur, le Docteur Fred Jordan, rêve déjà de « centres de données vivants », capables d'apprendre comme l'intelligence artificielle tout en consommant une fraction de l'énergie des serveurs actuels.  Le terme, un brin provocateur, désigne ces systèmes faits de cellules neuronales humaines. Ces dernières, cultivées à partir de cellules souches dérivées de la peau, sont transformées en petits amas, appelés organoïdes, de minuscules sphères blanches contenant des neurones vivants. « Quand on commence à dire : “Je vais utiliser un neurone comme une petite machine”, c'est une autre façon de voir notre propre cerveau, et cela nous pousse à nous interroger sur ce que nous sommes », confie le Docteur Jordan aux journalistes de la BBC.

Faire tourner un ordinateur traditionnel ne nécessite qu'une prise électrique. Mais maintenir en vie un biocomputer est autrement complexe. « Les organoïdes n'ont pas de vaisseaux sanguins », explique Simon Schultz, professeur de neurotechnologie à l'Imperial College de Londres. Malgré cela, FinalSpark a déjà fait des progrès : ses « mini-cerveaux » survivent jusqu'à quatre mois. Mais leur fin réserve parfois des scènes troublantes. « Il nous arrive d'observer une forte activité juste avant leur mort, un peu comme l'augmentation du rythme cérébral constatée chez certains humains en fin de vie », raconte le Docteur Jordan. « C'est triste, mais il faut comprendre pourquoi ils meurent, et recommencer ». Faut-il pour autant s'inquiéter de ces « ordinateurs vivants » ? Pour le professeur Schultz, la réponse est claire : « Nous ne devons pas en avoir peur. Ce sont des ordinateurs, faits d'un autre matériau, rien de plus ». D'autres équipes à travers le monde avancent sur ce terrain. En Australie, la start-up Cortical Labs a réussi à faire jouer le jeu Pong à des neurones artificiels. Aux États-Unis, Johns-Hopkins University cultive des mini-cerveaux pour étudier des maladies comme Alzheimer ou l'autisme.

Le Point du 04.10.2025 : https://www.lepoint.fr/science/des-scientifiques-developpent-des-mini-cerveaux-humains-pour-alimenter-des-ordinateurs-04-10-2025-2600253_25.php

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