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La Dépakine multiplie par 5 le risque de troubles du développement

Les dangers pour le fœtus des médicaments à base de valproate de sodium (dont la Dépakine) sont connus depuis de nombreuses années, mais si les risques de malformations physiques sont relativement bien évalués, c'est moins le cas des troubles du développement (autisme, retard de la marche, problèmes du langage...) qu'ils peuvent aussi entraîner.

Une équipe de chercheurs issus notamment de l'Assurance maladie (CNAM) et l'Agence du médicament (ANSM) a analysé les données médicales de plus d'1,7 million d'enfants nés en France entre 2011 et 2014 - la plus grande cohorte étudiée sur ce sujet, et les ont suivis jusqu'en 2016, pour voir s'ils présentaient de tels troubles.

50 enfants, sur les 991 dont la mère avait pris du valproate de sodium pendant la grossesse, se sont vu diagnostiquer des troubles neuro-développementaux, soit une proportion de 5 %, détaille l'article, publié dans la revue Scientific Reports. Or cette proportion n'est que de 0,89 % (15.270 enfants) chez les enfants n'ayant pas été exposés in utero à un médicament antiépileptique.

Dans le détail, les enfants exposés au valproate de sodium pendant la grossesse ont 5,1 fois plus de probabilité de présenter un retard mental, 4,7 fois plus de troubles moteurs, de l'apprentissage ou du langage, et 4,6 fois plus de troubles du spectre de l'autisme.

La proportion d'enfants touchés reste sous-estimée, notamment parce que « le suivi limité dans l'étude (jusqu'à l'âge de 3,6 ans en moyenne, et jusqu'à 5 ans au maximum) a probablement conduit à identifier uniquement les cas les plus sévères qui donnent lieu à un diagnostic et/ou une prise en charge précoce dès les toutes premières années de la vie, alors que les cas moins sévères ne seront repérables qu'avec une durée de suivi plus longue », explique à l'AFP la coordinatrice de l'étude, Rosemary Dray-Spira.

L'article montre par ailleurs qu'il n'y a pas d'augmentation du risque chez les enfants exposés au valproate "uniquement pendant le premier trimestre" de grossesse, alors que « les études disponibles ne permettaient pas d'établir si le risque différait selon la période d'exposition », souligne la chercheuse. Il conclut également que « le risque est plus faible chez les enfants exposés à de plus faibles doses du médicament que chez ceux exposés à des doses plus élevées ».

Autre enseignement : « le risque de troubles neuro-développementaux précoces associé aux autres antiépileptiques, notamment la lamotrigine, apparaît beaucoup moins marqué. Cependant, le risque (...) après une exposition in utero à la prégabaline », qui a augmenté de 50 % selon l'étude, « nécessite d'être surveillé et doit faire l'objet d'études complémentaires », souligne l'épidémiologiste.

Les conditions de prescription de la Dépakine pour les femmes en âge de procréer ont été progressivement restreintes à partir de 2015 et elle ne doit aujourd'hui être délivrée aux femmes en âge de procréer et aux patientes épileptiques enceintes qu'en l'absence d'alternative thérapeutique.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Eurekalert

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