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Découverte d'un nouveau mécanisme de codage de l'information génétique

Un projet rassemblant des chercheurs du Centro Nacional de Investigaciones Oncológicas (CNIO) de Madrid et du Centro de Regulación Genómica (CRG) de Barcelone a mis en évidence que la production d''ARN chimérique n'était pas un processus seulement observé dans les cellules tumorales. Ce processus, dans lequel l'ARN est transcrit à partir de morceaux de différents gènes, pourrait être répandu et constituer une clé importante du codage de l'information génétique. Une découverte qui ouvre un champ d'exploration très large dans le domaine de la génétique.

Il y a une quinzaine d'années, tous les efforts de la communauté scientifique dans le domaine de la génétique s'étaient tournés vers le séquençage du génome humain. L'objectif était de "lire" la totalité de la molécule d'ADN humaine répartie en 23 paires de chromosomes pour révéler les plans de construction d'un être humain. Aujourd'hui, cette partie du travail est terminée et les méthodes actuelles de séquençage permettent d'obtenir le génome d'un être humain en quelques jours à un prix abordable.

Seulement, il ne s'agissait là que d'une première étape. Maintenant que les chercheurs ont les plans, encore faut-il apprendre à les lire et, surtout, savoir comment les lire. L'ADN est un code qu'il faut apprendre à déchiffrer. Les chercheurs pensaient avoir compris l'ensemble du mécanisme. L'information est codée dans l'ADN sous forme de gènes, des morceaux d'ADN de longueur variable. Pour utiliser cette information, la machinerie cellulaire commence par faire une copie du gène dans le noyau de la cellule en produisant une molécule d'ARN. Celle-ci est ensuite sortie du noyau et "lue" afin de produire une protéine. Un gène, une copie d'ARN, une protéine : le système semblait simple.

Trop simple. En commençant à décoder le génome, les chercheurs ont fait les comptes. L'ADN humain comprend environ 20.000 gènes qui permettent de produire beaucoup plus que 20.000 protéines. Il existe donc d'autres manières de coder l'information que la seule relation linéaire gène-ARN-protéine. Les chercheurs ont alors découvert qu'un même gène pouvait permettre de coder plusieurs protéines même si en définitive, cette possibilité semblerait assez rare.

Les chercheurs du CNIO et du CRG ont mis en évidence un autre degré de codage. Un brin d'ARN peut-être transcrit à partir de plusieurs morceaux de gènes différents. De même qu'un mot est composé de syllabes que l'on peut réunir pour former d'autres mots, les gènes sont formés de sous parties qui peuvent être combinées les unes aux autres pour donner naissance à des brins d'ARN nouveaux. Cet ARN est alors qualifié de chimérique : provenant de morceaux de différents gènes.

L'existence d'ARN chimérique avait déjà été démontrée. Cependant, les chercheurs croyaient le phénomène uniquement présent dans des cellules tumorales et voyaient ce processus de codage comme un dysfonctionnement lié à la maladie de la cellule. Or, les chercheurs espagnols ont observé ce phénomène dans des cellules saines, démontrant qu'il fait partie intégrante des processus de codage de l'ADN. Ils ont identifié 175 brins différents d'ARN chimérique dans 16 types de cellules, de quoi mettre en avant l'importance de ce processus.

Cette découverte ouvre une nouvelle brèche dans la compréhension du codage de l'information génétique au travers de la molécule d'ADN. En démontrant qu'il existe plusieurs niveaux de lecture de la molécule d'ADN, elle met surtout en évidence l'ampleur du travail à réaliser pour comprendre de manière profonde comment l'information génétique est traduite dans cette molécule.

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