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Découverte d'un gène clé de la longévité

Un gène-clé expliquerait pourquoi la restriction de l'alimentation favorise une plus grande longévité des animaux, selon une étude publiée le 3 mai dans la revue scientifique britannique Nature et destinée à terme à expliquer, voire combattre, le vieillissement humain. Pourquoi les animaux soumis à des restrictions caloriques vivent-il plus longtemps et en meilleure forme que leur congénères qui mangent sans frein, c'est la question à laquelle tentaient de répondre les chercheurs du Salk Institute, à San Diego, en se servant d'un minuscule ver de laboratoire formé de seulement mille cellules (C.elegans). "Cette découverte apporte une réponse à une question que l'on se posait depuis longtemps" commente un spécialiste de l'Inserm, Martin Holzenberger (Paris).

L'identification de ce "gène-clé", le PHA-4, constitue "une percée", selon lui. "Le lien entre cette restriction et l'augmentation de la longévité restait mystérieux. Ce gène, le seul absolument indispensable, pour que la restriction alimentaire agisse sur la longévité est « un maître du jeu » qui régule d'autres gènes", ajoute-t-il. "Donner à l'animal 70 % de ce qu'il mange spontanément, accroît sa longévité de 20 à 30 %", souligne Hugo Aguilaniu (Ecole Normale Supérieure de Lyon, France) co-auteur de l'étude.

On connaît deux voies majeures de la longévité, la restriction alimentaire et la voie de l'insuline dont la manipulation a permis de faire vivre deux fois plus longtemps des souris au prix toutefois de nanisme et de difficultés à se reproduire. Le ver soumis à un régime restreint mais équilibré, vit plus longtemps : "la restriction provoque un vieillissement harmonieux et dynamique", commente Hugo Aguilaniu.

Si on bloque ce gène, la restriction reste sans effet. En revanche, si on dope ce gène (on le fait se "sur-exprimer"), avec un régime normal, le ver vit plus longtemps, poursuit-il. En ajoutant la restriction alimentaire au gène plus actif, le ver gagne encore un peu en longévité.

"Le gène PHA-4 constitue a priori une bonne cible pharmaceutique en raison de son caractère spécifique", selon Hugo Aguilaniu. "Cependant c'est un facteur de transcription niché au coeur ("noyau") des cellules, très protégé", dit-il. L'idée est d'agir en amont, par exemple sur des enzymes, des "kinases" ou sur des messagers hormonaux.

Le ver C.elegans ne peut pas vivre sans ce gène qui contribue à son développement. Aussi pour vérifier son rôle, les chercheurs ont bloqué le gène chez le ver adulte, en lui donnant à manger des bactéries productrices d'ARN inhibiteurs. "Une technologie pas utilisable chez l'humain", remarque Martin Holzenberger.

Pour le généticien américain Gary Ruvkun (Harvard), l'étude pourrait ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur le vieillissement humain car ce gène a des homologues dans les autres espèces. "PHA-4 correspond à trois gènes ("foxa" 1, 2,3) chez l'homme (et la souris). Plus on se rapproche de l'homme, plus les choses sont complexes", avertit M.Holzenberger en évoquant "des années de travail" avant d'espérer détenir une solution thérapeutique.

Selon lui, le gène a un effet sur des enzymes, des superoxydes dismutases (SOD) et par ce biais, "augmente les défenses contre le stress oxydatif" (l'oxydation) cellulaire, cause de vieillissement. En 2002, son équipe Inserm avait réussi à prolonger la vie de souris sans altérer leur santé, en bloquant la moitié des récepteurs d'un facteur de croissance, l'IGF-1, présents à la surface des cellules, indépendamment de tout régime. L'expérience a montré que ces animaux résistaient mieux à cette forme de stress, facteur de vieillissement.

SI

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