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Le cerveau trie nos souvenirs

En matière de souvenirs, l'encéphale a ses préférences. Entre nos qualités et nos défauts, différentes régions du cerveau sont activées.C'est bien connu, les serviettes et les torchons ne se mélangent pas. L'adage est tellement vrai que le cerveau semble se l'appliquer à lui-même. Quand notre mémoire est sollicitée, l'encéphale ne range pas dans les mêmes " tiroirs " nos qualités et nos défauts. Les souvenirs, selon qu'ils nous paraissent positifs ou négatifs, n'empruntent pas les mêmes chemins neuronaux. C'est ce qu'ont conclu des chercheurs canadiens et Philippe Fossati, du laboratoire vulnérabilité, adaptation et psychopathologie (CNRS, universités Paris-VI et VII), dont les résultats sont publiés dans la revue NeuroImage de juillet 2004.Pour cela, les scientifiques se sont livrés à deux batteries d'expériences sur dix patients en bonne santé. Durant l'exercice, les chercheurs avaient l'éil sur l'activité cérébrale de leurs cobayes grâce aux techniques d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF). Quand une zone du cerveau est activée, elle " s'allume ". Rouge pour les traits de personnalité positifs, bleu pour les négatifs.En 2000, il a d'abord été demandé aux personnes interrogées de classer en " qualité " ou en "défaut " une série de mots décrivant un trait de personnalité : honnête, généreux, avare, stupide, etc., puis d'évaluer si ces qualificatifs pouvaient s'appliquer à eux-mêmes. Verdict, dans un premier article publié en 2003 dans l'American journal of psychiatry : quand il s'agit de notre personne, des structures spécifiques du cerveau sont activées, en l'occurrence les parties antérieures et internes.La deuxième étape de l'expérience faisait appel à la mémoire des patients. Ils devaient, cette fois-ci, se remémorer les mots censés définir leur personnalité. Révélation de l'IRMF : les qualificatifs qui nous montrent sous un beau jour filent vers les régions antérieures et internes du cerveau (cortex préfrontal), tandis que les traits de personnalité négatifs activent les structures antérieures et latérales du cerveau (cortex préfrontal dorsolatéral), ainsi que des structures plus antérieures (cortex pariétal, occipital et cervelet).Chaque individu possède donc une carte d'identité émotionnelle inscrite dans certaines régions cérébrales. Loin d'être immuables, ces zones intègrent les expériences émotionnelles dans l'histoire personnelle de l'individu. Les dépressifs, par exemple, se seraient spécialisés dans le traitement des émotions négatives. IRMF à l'appui, ces mécanismes deviennent moins obscurs.Néanmoins, le fonctionnement de la mémoire est loin d'être connu. " Au niveau cellulaire, on ne sait pas très bien comment l'information est acquise, ni comment elle est stockée ", explique Jean-Pierre Ternaux, directeur de l'unité de neurocybernétique cellulaire (CNRS). L'étude de la mémoire a un bel avenir devant elle.

_ Neuroimage http://www.sciencedirect.com/science

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