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Cancer et environnement : le lien se précise

Il n'est plus possible de nier que la pollution atmosphérique soit responsable d'un certain nombre de cancers du poumon, différentes études évaluant la proportion entre 5 et 15%.Desspécialistesréunis à Paris à l'occasion du congrès Eurocancer 2004, qui se tient de mardi à jeudi, vont faire le point sur cette question."Ce sont des études américaines menées il y a dix ans qui ont attiré l'attention", déclare le Pr Michel Boiron, président fondateur d'Eurocancer.En France, selon les chiffres officiels, 7 à 20% des cancers seraient dus à l'environnement, alors que près d'un million de travailleurs seraient exposés à des substances cancérigènes et que 30.000 décès prématurés seraient imputables à la pollution. Face à ce constat alarmant, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a présenté le 21 juin un Plan national santé environnement (2004-2008) qui prévoit notamment l'amélioration de la qualité de l'air et de l'eau potable, ainsi que la prévention des pathologies d'origine environnementale, notamment des cancers.Le terme "pollution atmosphérique" recouvre beaucoup d'éléments: monoxyde d'azote et ozone, dioxyde de soufre, métaux lourds et surtout fines particules d'hydrocarbures aromatiques polycycliques dont la taille peut ne pas dépasser 1/25e d'un cheveu humain."En France, on est très en retard dans le domaine de l'environnement. Les informations d'Airparif ne portent pas sur les particules. Elles portent sur les polluants nocifs pour les personnes souffrant de problèmes pulmonaires et cardiaques. On ne parle pas de cancer du poumon", déplore le Pr Boiron. Et pourtant les fines particules sont des polluants majeurs. Outre leur effet "cancérigène", "ces minuscules particules peuvent passer dans le sang et dans différents organes, notamment dans les ovaires et les testicules", indique-t-il. De nombreux scientifiques posent l'hypothèse de leur implication dans la diminution de la fertilité masculine. Ainsi, "on trouve moins de spermatozoïdes dans les spermogrammes".D'où la nécessité de la mise en place de mesures environnementales efficaces: "Il faudrait équiper les voitures, les camions et plus généralement tout ce qui roule de pots catalytiques et de filtres à particules", insiste Michel Boiron. "La France est très en retard dans ce domaine. Au lieu de taxer les 4X4, il serait plus intelligent de se mettre d'accord avec les constructeurs automobiles". Autres mesures selon lui indispensables: "le développement du ferroutage et la réduction de la pollution des sites industriels. Il faut limiter cette avalanche de camions".Conscient qu'"en France, les problèmes à régler sont énormes", le Pr Boiron estime que "prendre déjà conscience du phénomène et insister sur le Plan santé environnement, comme le fait le gouvernement, est déjà un premier pas". Selon lui, en France, 10 à 12% des cancers du poumon seraient liés à la pollution, un effet qui s'ajoute aux effets nocifs du tabac. "On a toujours dit que le tabac était responsable à 100%, c'est faux".Dans le domaine de la pollution environnementale, les zones rurales ne sont pas épargnées: "Les pesticides utilisés en agriculture polluent la campagne", fait-il valoir. "Ces substances sont certainement toxiques pour le sang. Des études menées autrefois au Mexique, un pays où l'utilisation de pesticides est importante, avaient montré une augmentation des leucémies et des lymphomes" (cancer des ganglions lymphatiques, NDLR). Quant aux nitrates, des polluants de l'agriculture retrouvés en très grande quantité dans les lisiers de porc, ils polluent l'eau des régions concernées, notamment les eaux de Bretagne. "L'humanité réagit quand c'est un peu tard. On le voit pour l'effet de serre. La canicule n'est pas un hasard", s'inquiète le Pr Boiron.

AP

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