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Booster les traitements contre le cancer grâce à des leurres

Les molécules DBAIT sont une nouvelle classe de médicaments issue de la recherche fondamentale de l’Institut Curie, qui ont été découvertes en 2002 par Marie Dutreix, dans le cadre d’un programme innovant de l’Institut Curie. "En cherchant à comprendre la résistance au rayonnement observée chez près de 20 % des patients, nous avons mis au point des petites molécules qui ressemblent grosso modo à de l’ADN endommagé", explique la chercheuse.

Concrètement, ces DBAIT agissent au sein des cellules comme des « leurres », faisant croire à la cellule que le nombre de  dommages auxquels elle doit faire face, suite au traitement par radiothérapie, est beaucoup plus élevé que la réalité. Lorsque ces fragments arrivent dans la cellule tumorale, tous les mécanismes de réparation mis en œuvre par la cellule cancéreuse pour réparer les dommages de son ADN vont se focaliser sur ces fragments d’ADN et la cellule maligne, « débordée »  par la quantité de dommages à réparer, s’autodétruit.

Ces mécanismes de réparation de l’ADN sont particulièrement activés lorsque les cellules cancéreuses sont exposées à des agents cherchant à les détruire, comme les chimiothérapies et les rayonnements de la radiothérapie. L’une des limites actuelles de ces traitements est le développement de résistances.

Ces molécules sont donc particulièrement intéressantes pour le traitement du cancer, en association avec la chimiothérapie ou la radiothérapie afin d’en augmenter l’effet.

Ces molécules ont été développées dans un premier temps pour une administration locale, intratumorale et péri-tumorale. Les DBAIT ont été évaluées pour la première fois chez des patients dans le cadre d’un essai thérapeutique multicentrique français de phase I (essai  DRIIM) coordonné par le Docteur Christophe Le Tourneau, responsable des essais cliniques précoces et de la médecine de précision à l’Institut Curie.

Du fait de leur injection intratumorale et de leur association avec la chimiothérapie ou la radiothérapie, il a été décidé de les  évaluer chez des patients atteints de métastases cutanées de mélanomes traitées par radiothérapie.

Or ce traitement n’est pas très efficace, avec un taux de réponse complète de 9 % seulement. Dans l’essai DRIIM, 23 patients ayant des métastases cutanées de mélanome ont ainsi été traités avec la radiothérapie et des injections de molécules DBAIT.

Cet essai a confirmé que l’injection des molécules DBAIT ne produisait pas d’événements indésirables majeurs. En termes d’efficacité, le taux de réponse complète (disparition des nodules tumoraux) était 4  fois supérieur (37 %) à ce qui avait été rapporté par le passé dans la littérature (9 %), ce qui est très encourageant. Enfin, cet essai a montré qu’une partie des molécules DBAIT passait dans la circulation sanguine et que l’efficacité était corrélée à l’intensité de ce passage. Onxeo envisage désormais de poursuivre le développement par voie systémique, en monothérapie ou en combinaison avec d’autres traitements.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Institut Curie

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