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La boîte à outils futuriste des chirurgiens

La chirurgie sans chirurgien. La chirurgie sans sang, ni pansement. Bref, la chirurgie de demain. «Ce qui est particulier, c'est que les patients ont l'air d'avoir plus confiance dans la technique que dans leur chirurgien», lâche Jacques Marescaux, chef du service de chirurgie digestive à Strasbourg. L'homme a fondé l'Institut européen de téléchirurgie. Fer de lance en France de la robotisation de l'acte chirurgical, il le reconnaît non sans courage: «La robotique, c'est la grande révolution de la chirurgie à venir. Mais aujourd'hui, il n'y a pas encore de bénéfice évalué pour le patient.» A l'Institut mutualiste Montsouris de Paris, s'est tenu en fin de semaine un colloque sur «la chirurgie de demain». Une rencontre passionnante et inédite. Vers où va-t-on? La main et l'oeil du chirurgien vont-ils peu à peu disparaître? La chirurgie de demain a-t-elle tous les droits? Et bien d'autres perspectives. «C'est moins fatigant et beaucoup plus précis. Les tremblements de la main du chirurgien sont réduits au minimum. Mais soyons honnête, on en est encore à faire simplement accepter le robot dans les salles d'opérations», insiste Jacques Marescaux. La révolution ne fait en effet que débuter: on est encore loin de remplacer complètement l'acte chirurgical par la divine machine. Certes, cela existe en chirurgie orthopédique avec le robot Caspar qui pose des prothèses de hanche ou de genou: dans ce dernier cas, la veille de l'opération, on visualise le genou en trois dimensions, puis on choisit une prothèse, on programme. Le lendemain, le chirurgien regarde et surveille, pouvant intervenir à tous moments. Pour le reste, en chirurgie viscérale et cardiaque, les robots sont plutôt des sortes de bras articulés. L'un d'entre eux, - baptisé Zeus -, est doté de trois bras pilotés à distance par le chirurgien via un ordinateur: un bras tient la microcaméra, les deux autres manient les instruments chirurgicaux miniaturisés. Assis devant l'écran où est visualisé le champ opératoire, le chirurgien manipule des pinces similaires à celles qu'il utilise habituellement mais câblées à l'ordinateur. «En chirurgie digestive ou urologique, beaucoup d'interventions ont eu lieu avec ce type de robots, explique le professeur Vallancien, chef de service d'urologie à Montsouris. Comme le retrait de la vésicule biliaire, mais aussi des ablations de rein, des prostatectomies.» «Quand on est à l'intérieur du cerveau, on voit du blanc partout. On est comme un marin perdu dans le brouillard.» Marc Tadié, qui dirige le service de neurochirurgie du CHU de Bicêtre, a cette jolie formule: «Avec la neuro navigation, on a un GPS. On sait se repérer, puis distinguer clairement la cible.» Désormais, l'ordinateur va mettre au point une représentation tridimensionnelle exacte de la tête du patient et de son cerveau. Bref, on voit tout. «La neuronavigation permet alors deux choses: d'une part de localiser avec précision une lésion, y compris de petite taille, avec sa superficie et sa profondeur. Et d'autre part de choisir un trajet précis en partant d'un point précis d'entrée allant jusqu'à un point de cible, en évitant les structures nobles. La précision est d'environ 1 mm, ce qui est tout à fait acceptable», note Marc Tadié. Ensuite? Par laser ou par coelioscopie, on détruit la lésion ou la tumeur. «Les avantages sont bien réels. Une précision de l'acte, et bien sûr, une forte réduction de la durée opératoire. Il nous reste maintenant à passer à une étape supérieure où les images que l'on a du cerveau du patient sont immédiatement corrigées pour voir en direct les effets de l'intervention.» En septembre 1998 puis en janvier 2000, l'équipe du professeur Dubernard a réalisé les premières allogreffes de mains. Des prouesses qui ont posé autant de questions qu'elles ont apporté de réponses. Certes, ces greffes de tissus composites ont eu de bons résultats sur le plan immunologique: ainsi, il n'y a pas eu de crise majeure de rejet. «Cela ouvre une nouvelle ère de la transplantation, en particulier pour la chirurgie plastique et réparatrice», a pu noter Jean-Michel Dubernard. Mais pour le reste... Il s'agit de réparer, mais jusqu'où? Greffer des oreilles, des pieds? Depuis peu, se dégage un consensus. On estime que cette chirurgie de la réparation ne se justifie que si le handicap est très important. Ainsi, l'allogreffe de mains n'est conseillée que pour une double amputation. «Ces opérations sont si lourdes, y compris symboliquement, qu'il faut qu'elles répondent à un vrai manque.» La chirurgie réparatrice, - en particulier de la main -, prend pourtant une place de plus en plus importante. Et pour cause... 1,4 million de Français se blesse à la main chaque année, dont 600 000 très gravement. «Les techniques de microchirurgie sont tout à fait au point. Et les progrès des biomatériaux vont permettre le remplacement d'articulations de la main à l'aide de prothèses encore plus fiables, a analysé le professeur Michel Merle, qui dirige l'Institut européen de la main à Nancy.

Libération :

http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20010127samw.html

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