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Les ARN interférents confirment leur extraordinaire potentiel thérapeutique

Une étude publiée le 5 juillet dernier dans le prestigieux "New England Journal od Medicine" ouvre sans doute une nouvelle ère dans l'histoire de la médecine : ce travail dirigé par Professeur David Adams (Hôpital Bicêtre – APHP) montre en effet pour la première fois que le Patisiran, un traitement à base d'ARN interférent, parvient non seulement à stopper l'évolution d'une pathologie neurologique potentiellement mortelle, mais permet également une régression impressionnante des symptômes de cette maladie.

La maladie en question est l'amylose héréditaire, une grave neuropathie périphérique qui s'attaque aux fibres nerveuses dans l'organisme. Elle est provoquée par une mutation génétique de la transthyrétine, protéine du foie chargée de transporter la vitamine A dans l'organisme. Maladie évolutive et incurable, l'amylose héréditaire se déclare à l'âge adulte et l'espérance de vie des patients dépasse rarement une dizaine d'années.

Le traitement en question a été développé par Alnylam, entreprise pharmaceutique américaine inventrice du Patisiran et pionnière dans les traitements à base d'ARN interférents. Les ARN sont très simples à synthétiser, contrairement aux thérapies géniques ou aux traitement biotechnologiques. Le problème est que, jusqu'à présent, on ne savait pas cibler l'ARN de façon précise dans un organe ou un tissu particulier.

C'est cet obstacle majeur qu'a réussi à lever Alnylam, après 16 ans de recherche. Pour y parvenir, les chercheurs ont conçu une capsule de nanoparticules lipidiques qui ne sont absorbées que par les cellules du foie. Une fois dans les cellules hépatiques, les ARNi se fixent sur les ARN de transthyrétine anormaux, ce qui réduit leur production d'au moins 80 %.

l'ADN utilise l'ARN pour éviter les erreurs de transcriptions de l'information génétique, ce qui pourrait se traduire par la production de protéines anormales. C'est pour cette raison que ces ARN sont appelés "interférents", ou ARNi. Découverts en 2002, les ARNi offrent donc la possibilité, en théorie, de bloquer à la demande la synthèse d' une protéine, par exemple responsable d'une maladie génétique, et ce de manière transitoire et flexible. L'ARN, contrairement à l'ADN, est en effet une molécule à durée de vie limitée.

Dans cet essai clinique, le Professeur David Adams a évalué les effets du Patirisan sur 225 patients atteints d'amylose héréditaire, recrutés dans 19 pays. Suivis pendant 18 mois, les patients étaient surveillés sur de multiples critères, dont les atteintes neurologiques globales, la mobilité ou encore la qualité de vie. Les résultats ont été inespérés : non seulement le Patirisan ralentit considérablement l'évolution de la maladie mais il permet même, pour plus d'un patient sur deux, une régression spectaculaire des atteintes neurologiques, alors qu'il était admis jusqu’à présent que ces atteintes étaient irréversibles ! Avantage majeur du traitement, il ne provoque que des effets secondaires mineurs tels que des œdèmes, réactions cutanées sur le site d'injection.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

NEJM

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