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Schizophrénie : l'effet bénéfique des antipsychotiques est confirmé

Le Lancet vient de publier une grande étude qui  fait le point sur l'utilisation depuis un demi-siècle d'antipsychotiques chez les malades schizophrènes.

La découverte par Henri Laborie, en 1952, de la première molécule neuroleptique, a révolutionné la vie des malades et le fonctionnement des hôpitaux psychiatriques. Il y a une quinzaine d'années, de nouveaux médicaments antipsychotiques sont arrivés, avec une efficacité apparemment supérieure, permettant aux patients d'évoluer vers plus d'autonomie.

La schizophrénie frappe 1 % de la population. Cette affection, qui débute chez l'adulte jeune (entre 15 et 25 ans), se manifeste par une déstructuration profonde de la personnalité avec délires, hallucinations ou encore repli sur soi. Aujourd'hui, pour la majorité des chercheurs, il s'agit d'une affection à forte composante génétique, même si les mécanismes en cause n'ont pas été complètement établis.

Quels sont les effets des médicaments antipsychotiques? Comment agissent-ils sur le cours de la maladie ? Pour répondre, l'équipe du département de psychiatrie de l'hôpital de Munich, en collaboration avec des universitaires grecs et américains, s'est penchée sur tous les essais comparant les effets des antipsychotiques à ceux d'un placebo (un produit dénué de principe actif) chez des patients souffrant de schizophrénie entre 1959 et 2011. Au total, 65 essais représentant 6500 patients ont été examinés. À noter que les chercheurs n'ont pas séparé les périodes concernées par des molécules différentes (neuroleptiques classiques de 1959 à 1990, environ ; antipsychotiques atypiques entre 1990 et 2011).

Le bilan est globalement positif pour ces médicaments, dotés aussi d'effets secondaires non négligeables. Déjà, au bout d'un an de traitement, le taux de rechute concerne 64 % des patients avec le placebo contre 27 % avec le médicament. Par ailleurs, le risque de réhospitalisation est de 26 % pour les premiers et de 10 % pour les seconds. Une moindre agressivité apparaît avec le traitement par rapport au placebo.

Malheureusement, les essais en cours ne durent jamais plus de deux ans. Or, il serait intéressant de connaître le devenir à long terme des patients recevant de tels médicaments. «Les neuroleptiques de première génération, comme l'Haldol, ont été beaucoup critiqués du fait de leurs effets secondaires, visages figés, mouvements ralentis, considérés comme des manifestations stigmatisantes, souligne le Professeur Jean-Pierre Olié (psychiatre, hôpital Sainte-Anne, Paris). Les nouveaux médicaments ont une meilleure tolérance sur le plan neurologique, il y a une vraie différence. Mais ils nécessitent une surveillance métabolique dans les premiers temps du traitement.»

Par ailleurs, ces antipsychotiques atypiques, apparus plus récemment, auraient également un effet régulateur sur le plan émotionnel, avec un impact antidépresseur. «À travers le monde, tous les consensus recommandent d'utiliser en première intention ces molécules», ajoute le Profeseur Olié. Ils entraînent cependant une prise de poids plus importante et augmentent le risque de diabète type 2 et d'intolérance au glucose.

Grâce à ces nouvelles molécules, la qualité de vie des malades a vraiment changé, avec une meilleure efficacité, un meilleur confort, souligne l'étude du Lancet qui insiste également sur l'impact positif de ces médicaments dans la préservation des fonctions cognitives.

Le Figaro

The Lancet

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