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En Afrique la médecine spatiale étend son champ d'action

Considérée comme farfelue il y a quelques années encore, l'utilisation du satellite pour dépister les épidémies connaît un début d'application au Sénégal, où les engins qui photographient la Terre sous toutes les coutures servent aussi à traquer la fièvre de la vallée du Rift. L'idée d'étendre à la dimension spatiale le combat contre certains fléaux sanitaires qui frappent les pays tropicaux est née il y a quelques années de la volonté exprimée par l'ex-ministre de la Recherche Claude Allègre de trouver à l'espace des débouchés "utiles". Elle est aujourd'hui affublée d'un nom barbare, la télé-épidémiologie, et a fait des premiers pas convaincants le long du fleuve Sénégal pour surveiller la fièvre hémorragique de la vallée du Rift, un de ces dangereux virus exotiques qui cause chaque année des centaines de morts en Afrique subsaharienne. "Il s'agit en clair d'utiliser les données des satellites météo et de suivi de l'environnement pour suivre l'évolution de maladies infectieuses véhiculées par les moustiques, dont l'apparition est conditionnée par les variations climatiques", explique Antonio Güell, responsable des sciences de la vie au Centre national d'études spatiales (CNES). Baptisé "Emercase", le projet a été lancé en 2000 par le CNES, en association notamment avec l'Institut Pasteur, l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et l'école vétérinaire de Lyon. "Nous avons d'abord installé sur le terrain un système de collecte, de transmission et d'analyse informatique des données épidémiologiques", indique Olivier Tournebize, de la clinique de médecine spatiale (Medes) de Toulouse. "Puis nous avons mis au point, en mêlant ces éléments aux données satellitaires, un modèle mathématique de prédiction des épidémies qui nous permet de répondre à deux questions: quand l'épidémie va-t-elle survenir et comment va-t-elle évoluer et se développer ?", poursuit M. Tournebize. Trois ans après, l'expérience est devenue un "véritable réseau opérationnel" qui a fait ses preuves auprès de ses utilisateurs africains. Aussi bien en terme de capacité de réaction que de prévention de la maladie. "En 2002, le Sénégal a été frappé par des pluies de grêle exceptionnelles qui ont causé une importante mortalité parmi le bétail", raconte le docteur Assane Mbodj, de la direction de l'élevage sénégalaise. "Grâce au réseau, l'information a été rapidement transmise des zones isolées vers Dakar, où le gouvernement a pu prendre les mesures de protection nécessaires". "Cette année, nous avons pu anticiper l'épidémie de fièvre parce que nous savons que toutes les conditions, notamment de pluie et d'humidité, étaient réunies pour son apparition" , précise l'un de ses collègues, le docteur Baba Sall. "Nous avons donc pu programmer des campagne de prévention et de sensibilisation dans les régions susceptibles d'être touchées". Convaincues de l'efficacité du système, les autorités de Dakar ont décidé de l'étendre à l'ensemble de leur territoire et d'y intégrer le suivi de sept autres maladies. "L'Inde envisage l'installation d'un système similaire pour traquer l'épidémie de dengue hémorragique", indique le Dr Güell. Outre la fièvre de la vallée du Rift et la dengue, des fléaux comme le paludisme ou le choléra pourraient eux aussi bientôt se retrouver dans le collimateur des "épidémiologistes spatiaux". Chaque année, ces maladies causent entre 4 et 5 millions de décès dans le monde.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/031209/202/3jdzq.html

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