RTFlash

Edito : La vie est-elle banale dans l'Univers ?

Une récente étude des étoiles voisines de la terre, réalisée par l'Institut d'astrophysique à l'Université de Toronto pourrait bien bouleverser notre approche de la question de la vie dans l'univers. En effet, en étudiant la proportion de fer, grâce à des analyses spectroscopiques, de 642 étoiles "proches" de notre soleil, à l'échelle galactique, les chercheurs ont observé des niveaux étonnamment élevés de fer qui permettent d'extrapoler la présence, autour de plus de la moitié de ces étoiles, de planètes d'une composition physique sensiblement comparable à celle de la terre. Ces observations ne permettent pas toutefois de connaître la taille des planètes en question ni leur distance par rapport à leur soleil. Mais si on étend ces observations statistiques à l'ensemble de notre galaxie, avec ses 100 milliards d'étoiles, cela signifie qu'il existerait des milliards de planètes semblables à la terre. Même en éliminant, parmi ces "exoterres", toutes celles qui sont trop proches ou trop lointaines de leur étoile, on peut donc raisonnablement imaginer qu'il existe dans notre galaxie de très nombreuses planètes possédant des conditions physico-chimiques proches de celle de notre terre et donc permettant, au moins en théorie, l'apparition et le développement de la vie telle que nous la connaissons. Cette découverte, si elle est confirmée dans les années à venir par de nouveaux moyens d'observation, vient éclairer d'une lumière nouvelle et passionnante les récentes expériences réalisées en partenariat par le laboratoire d'Astrochimie du Ames Research Center de la NASA et le Département de Biochimie de l'Université de Santa Cruz. Ces expériences ont montré que la formation de cellules primaires était possible dans l'espace, apportant ainsi des éléments nouveaux dans la recherche des origines de la vie. En reconstituant un environnement spatial hostile (vide, froid et soumis à de multiples radiations), l'équipe de chercheurs menée par Louis Allamandola du Centre Ames a réussi à provoquer la formation de composés chimiques particuliers. Ceux-ci se présentent sous la forme de petites bulles similaires à des membranes cellulaires, c'est-à-dire semi-perméables et permettant des échanges avec l'extérieur. Ces résultats surprenants suggèrent que la vie n'est pas forcement apparue sur Terre, mais qu'elle aurait pu naître dans l'espace avant d'être apportée sur Terre par une météorite ou un astéroïde. La vie pourrait également être présente partout dans l'espace sous forme primitive. La prochaine étape pour l'équipe de scientifiques californiens consistera à vérifier si leurs « bulles » peuvent supporter une activité cellulaire interne, en y injectant des molécules d'ADN et d'ARN. Ces recherches confirment d'autres observations qui ont montré depuis une dizaine d'années que la vie est capable de subsister et de se développer dans des conditions extrêmes, et presque inimaginables, de taille (nanobactéries), de pression et de température. A cet égard, la découverte récente la plus extraordinaire est celle qui vient d'être annoncée par des scientifiques américains du Centre spatial Johnson de Houston (

2001/01_14AR.html ">http://amesnews.arc.nasa.gov/releases/

2001/01_14AR.html ). Ces derniers ont découvert, dans une météorite en provenance de Mars, un cristal de magnétite qui n'a pu être formé que par un microbe, ce qui pourrait être une preuve de la plus ancienne forme de vie jamais trouvée. Les scientifiques américains ont indiqué que leur minéral magnétique cristallisé, appelé magnétite, trouvé sur une météorite, était semblable aux cristaux formés sur terre par des bactéries. Mme Thomas-Keprta, astrobiologiste ayant participé à ces recherches, précise que la magnétite ne peut pas provenir d'organismes terriens, car elle se trouvait dans la météorite, à l'intérieur d'un morceau de carbone vieux de 3,9 milliards d'années. ''C'est la vie la plus ancienne jamais trouvée'', s'est enthousiasmée la scientifique. Depuis 1996, les progrès extraordinaires de l'observation astronomique ont permis de découvrir 53 planètes extrasolaires (qui sont pour la plupart des géantes gazeuses) et cette moisson ne fait que commencer. En effet, la NASA souhaite vivement lancer sa grande mission d'interférométrie spatiale en 2006. Elle sondera la centaine d'étoiles qui nous sont les plus proches avec une finesse telle qu'elle permettra la détection de planètes de type terrestre dans un rayon de 9 années-lumière de la Terre. La NASA a également dans ses cartons un projet de satellite entièrement consacré à la recherche d'exoplanètes. Il observerait environ 100 000 étoiles et en particulier celles de type de F, G et K, susceptibles d'offrir les conditions idéales à l'émergence de la vie et se rapprochant le plus du Soleil (G2V). Il serait capable de détecter les planètes présentes dans la zone d'habitabilité de l'étoile. Jusqu'à présent, nous devions nous contenter de "déduire" indirectement la présence d'une planète en observant les perturbations gravitationnelles provoquées par celle-ci mais d'ici une dizaine d'années, il deviendra possible d'observer directement des planètes comparables à notre terre qui graviteraient autour des étoiles les plus proches. Il se pourrait alors que nous découvrions que la vie, loin d'être le fruit d'un extraordinaire et improbable hasard, est à l'échelle cosmique un phénomène beaucoup plus banal que nous le supposions.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

Noter cet article :

 

Recommander cet article :

back-to-top