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Edito : Vaccins anti-cancer: l'espoir renaît après des décennies de recherche

Un article récent de la revue du MIT fait le point sur les récentes percées en matière de vaccins anti-cancer et se montre très optimiste quant aux perspectives thérapeutiques de cette voie de recherche en pleine effervescence. Après des décennies de tâtonnements et de déception les recherches sur ces vaccins anti-cancer commence enfin à porter leurs fruits et aujourd'hui plus de 50 vaccins anti-cancer sont à l'essai dans le monde, dont deux au stade final d'expérimentation sur l'homme. (

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innovation11103.asp). Dans la guerre contre le cancer, les chercheurs tentaient depuis longtemps de mobiliser toutes les ressources du système immunitaire pour détruire les tumeurs tout en préservant les cellules saines. Mais ces nombreuses tentatives pour trouver un vaccin contre le cancer avaient pour la plupart échouées, en grande partie parce que les scientifiques n'avaient pas une compréhension assez fine des mécanismes moléculaires complexes qui régissent notre système immunitaire. Mais après 20 ans de recherches acharnées, les choses ont aujourd'hui changé et les chercheurs peuvent désormais s'appuyer sur une connaissance bien meilleure du système immunitaire. A l'heure actuelle ce sont plus de 50 vaccins anti-cancer qui sont à l'essai aux les Etats-Unis, au Canada, et en Europe, contre plusieurs types de cancers, et notamment le mélanome, le cancer du rein, du poumon, du sein, et de la prostate. Plusieurs de ces vaccins sont en phase finale d'essai chez l'homme et au moins deux d'entre-eux seront tout à fait opérationnels d'ici un an. Antoni Ribas, un oncologue développant un vaccin anti-mélanome à l'université de Californie souligne que, contrairement aux vaccins conventionnels, les vaccins anti-cancers ne sont pas conçus, pour l'instant du moins, pour prévenir la maladie mais pour la traiter. Il s'agit donc de vaccins "thérapeutiques". Ces nouveaux vaccins reposent sur le ciblage d'un plus petit nombre de protéines et leur efficacité ne cesse de s'améliorer. C'est ainsi que la compagnie, Antigenics de New York conduit à présent l'étape finale des essais sur l'homme pour les vaccins contre le mélanome, un redoutable cancer de la peau en pleine expansion, et contre le cancer du rein. Ces essais ont montré que ces vaccins, même si ils ne constituent pas une panacée, étaient capables de réveiller de manière puissante le système immunitaire qui pouvait alors bloquer ou ralentir sensiblement le développement de la tumeur. Un autre projet du vaccin contre le cancer du sein, appelé Theratope, développé par le laboratoire pharmaceutique Allemand Merck KgaA et la société canadienne de biotechnologie Biomira, est très avancé, les analyses finales des tests cliniques de phase III ont débuté au troisième trimestre 2003. Selon les chercheurs, ces vaccins devraient donc devenir, d'ici 3 à 5 ans, une nouvelle arme très efficace dans l'arsenal anti-cancer, à côté de la nouvelle génération de médicaments de "ciblage moléculaire" utilisant les anticorps monoclonaux. Mais ces vaccins seront employés en association et en synergie avec les traitements conventionnels, chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie. Parallèlement à ces recherches très actives dans le domaine des vaccins anti-cancers spécifiques, la création de vaccins universels, utilisables contre tous les cancers constitue également un autre enjeu fondamental dans la lutte contre cette maladie. L'une des substances, qui paraît la plus prometteuse pour concevoir de tels vaccins, est constituée par la télomérase, une enzyme qui contrôle la longueur des chromosomes, indispensable à la multiplication cellulaire. Cette protéine, présente dans 80 à 85 % des cellules cancéreuses, stimule leur croissance, mais est inactivée dans la plupart des cellules de l'organisme. A partir d'un fragment de la télomérase, plusieurs équipes américaines ont mis au point des vaccin cellulaires qui sont parvenus, chez la souris, à inhiber la croissance de cellules de cancer de la peau, de la glande mammaire et de la vessie, en augmentant le pouvoir de destruction de ces tumeurs par certaines catégories de globules blancs. Ce vaccin est apparemment efficace dans les cancers humains car il a permis d'obtenir la régression, en laboratoire, de cellules tumorales de rein et de prostate provenant de malades. Dans ces recherches de pointe en immunologie la France occupe une place de premier rang. Ainsi deux équipes de l'Institut Pasteur sont parvenu en 2001 ont élaboré un nouveau type de composé capable de provoquer le rejet des tumeurs par le système immunitaire. Totalement synthétique et baptisé MAG (Multiple Antigenic Glycopeptide), ce composé contient l'antigène tumoral Tn, associé à un peptide capable de stimuler les réponses immunitaires cellulaires. Injecté à la souris, il entraîne la production d'anticorps dirigés spécifiquement contre l'antigène tumoral. (voir @RTFlash 147 (

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rtflashtxt.asp?theLettre=151&EditoOnly=1). Les premiers résultats attestent d'un effet immunogène particulièrement important. Une vaccination prophylactique (avant l'apparition de la maladie) avec MAG protège les souris contre l'apparition d'une tumeur dans 70 à 90 % des cas, selon la dose administrée. Mais plus étonnant encore, le traitement de souris déjà atteintes de tumeurs a permis à 80 % d'entre elles de se débarrasser de leurs tumeurs et de survivre à la maladie ! Ce type de vaccin, qui est complémentaire des vaccins anti-cancer utilisant des cellules sanguines (les lymphocytes T) pourrait être utilisé chez l'homme contre les cancers de la prostate, du poumon et du colon. Chez l'homme, un vaccin, toujours élaboré par Aventis Pasteur a été testé récemment contre le mélanome, un cancer de la peau, auprès de 25 patients : il a entraîné une régression des métastases chez cinq patients et une rémission totale chez deux autres traités depuis plus de 3 ans. Un autre vaccin français pour lutter contre les ostéosarcomes, des cancers des os propres aux enfants et aux adolescents, devrait être disponible en 2004. On voit donc que les progrès accompli dans la recherche fondamentale depuis 20 ans portent enfin leurs fruits et ouvrent des perspectives nouvelles et très encourageantes dans la lutte contre le cancer. On peut penser que cette réelle percée des vaccins anti-cancer, combinée aux progrès constants des traitements classiques permettra de guérir, ou de maîtriser 3 cancers sur 4 à l'horizon 2020.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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