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Un vaccin prometteur contre le virus d'Epstein-Barr, lié à la sclérose en plaques

Des chercheurs membres du Berghofer Medical Research Institute en Australie ont accompli un pas important vers la mise au point d'un vaccin produisant des anticorps contre le virus d’Epstein-Barr (EBV). Ces derniers ont en effet découvert un moyen de prévenir ce type d'infection virale grave connue pour être l'une des principales causes de plusieurs cancers. Pour rappel, le virus d’Epstein-Barr est un membre de la famille des virus herpes qui infecte les lymphocytes du système immunitaire et certaines cellules de la muqueuse de la bouche et du pharynx. L’infection a généralement lieu pendant l’enfance et se manifeste par une banale infection des voies respiratoires ou par une mononucléose infectieuse (l'enfant peut présenter un épisode fébrile avec une angine sans grande fatigue). Le virus persiste cependant dans l’organisme jusqu’à la mort et sa présence est responsable chez certains individus de l’apparition de cancers du système lymphatique ainsi que des cancers de l’estomac ou du nasopharynx. Une étude historique récente a également établi un lien entre l'EBV et la sclérose en plaques, une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central.

Le développement des cancers liés à l’EBV est en partie dû à l’incapacité du système immunitaire à reconnaître les lymphocytes B infectés et à les éliminer car il s’avère selon l’organisme que « le virus à l’état latent produit une protéine, EBNA1, qui a la particularité d’être furtive. Cette protéine est essentielle au maintien du génome viral dans les cellules de l’hôte lors de leurs divisions. » Forts de ces observations, les chercheurs affirment que « la prévention de la mononucléose infectieuse associée à l'EBV pourrait conduire à la prévention de la SEP, mais malgré les efforts de recherche mondiaux il n'existe toujours pas de vaccin disponible. Notre nouveau candidat vaccin offre une approche révolutionnaire qui combine deux bras puissants du système immunitaire pour cibler le virus dans les infections aiguës et latentes. » Jusqu’ici, les tentatives d’élaboration d’un vaccin se sont concentrées sur l'induction d'anticorps neutralisants contre le virus, avec comme objectif de bloquer l'infection des lymphocytes B, cellules du système immunitaire en charge de la fabrication des anticorps, lors d'une infection aiguë primaire.

Mais la difficulté repose donc sur le fait que le virus d’Epstein-Barr dans son état latent se cache à l'intérieur des lymphocytes, les transformant alors en minuscules usines de virus prêtes à se diviser et à se propager chaque fois que nos défenses immunitaires sont affaiblies. Mais en revanche, les lymphocytes T tueurs, des globules blancs chargés de tuer toute cellule indésirable pour l'organisme, qu'elle soit tumorale ou infectée, peuvent détecter et contrôler ces lymphocytes B infectés. « Notre formulation de vaccin induit cette réponse immunitaire des lymphocytes T tueurs ainsi que la réponse immunitaire des anticorps neutralisants. Nous pensons que chez les individus sensibles, les cellules B infectées par l'EBV se déplacent vers le cerveau et provoquent une inflammation et des lésions. Si nous pouvons empêcher cela à un stade précoce de l'infection, les lymphocytes B infectés ne peuvent pas continuer à provoquer le développement d'une maladie secondaire comme la sclérose en plaques », souligne le professeur Rajiv Khanna qui a dirigé les travaux de recherches

Ces derniers affirment que le vaccin, à administrer dans les ganglions lymphatiques où la réponse immunitaire précoce est activée, est capable d’induire une immunité humorale (anticorps) et cellulaire (cellule T tueuse) puissante et persistante au cours d'une infection primaire et latente par l'EBV chez des souris. Cette réponse immunitaire a également éliminé ou retardé de manière significative la croissance des cellules tumorales de lymphome EBV-positives dans des modèles de laboratoire. Cette découverte a son importance, juge l’équipe scientifique, puisqu’il s’agit de l’un des virus qui affectent le plus l’humain, soit plus de 90 % des gens du monde entier avant qu’ils n’atteignent l’âge de 20 ans. Le virus étant présent dans la salive, il se propage surtout par contact oral : il peut se transmettre d’une personne à l’autre quand elles s’embrassent (un baiser entre une personne non infectée et un porteur d'EBV qui excrète le virus de manière asymptomatique), partagent le même verre ou les mêmes ustensiles, ou encore par la toux et les éternuements, sachant que seule une analyse sanguine permet de vérifier si une personne a été infectée ou non.

L’efficacité du nouveau vaccin a été démontrée dans une série d'expériences utilisant des souris génétiquement modifiées pour présenter un système immunitaire de type humain. Les souris vaccinées ont produit une réponse immunitaire robuste contre l'EBV qui a duré plus de sept mois, un temps considérable au regard de la durée de vie d'environ deux ans de l’animal. Et alors que les souris non vaccinées injectées avec des lymphocytes B cancéreux ont rapidement développé des tumeurs, ce risque a été neutralisé chez les souris vaccinées. Les scientifiques précisent en revanche que ces recherches restent à un stade précoce, et qu’il leur reste encore à évaluer dans quelle mesure le vaccin peut stimuler le système immunitaire humain. Ils espèrent toutefois que même si le vaccin serait conçu en priorité pour traiter les générations futures non encore infectées par l'EBV, son utilisation puisse aussi s’appliquer aux personnes déjà infectées par l’EVB. Dans leurs conclusions, ils émettent en effet l’idée de « déterminer si ce vaccin peut aussi aider à les protéger contre l'émergence future des maladies associées telles que la sclérose en plaques ».

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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