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Le télescope spatial Euclid veut sonder les mystères de l'Univers
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L'entreprise Thales Alenia Space, chargée par l’Agence spatiale européenne (ESA) de la construction du télescope spatial Euclid, a présenté le « modèle thermo-structurel » de l’engin, en cours de finalisation dans ses locaux cannois. Il s’agit là d’une maquette taille réelle qui doit permettre de valider son design en subissant toute une batterie de tests poussés.
Débuté en 2011, le projet Euclid réunit 16 pays, 225 laboratoires, quelque 1500 scientifiques et environ 80 entreprises, dont Airbus, Boostec, Reosc (groupe Safran), Saft (groupe Total) et Thales Alenia Space pour la France (coentreprise entre Thales 67 % et Leonardo 33 %). La facture du projet dépasse déjà le milliard d’euros. “C’est le télescope le plus avancé jamais développé par l’Europe”, déclare Giuseppe Racca, chef du projet Euclid pour l’Agence spatiale européenne (ESA). Le lancement à bord d’une fusée Soyouz ou d’une Ariane 62 est ainsi toujours prévu pour mi-2022 à Kourou, en Guyane.
Le télescope Euclid s’annonce comme l’un des instruments les plus puissants de la décennie à venir, avec le très attendu James Webb Space Telescope (JWST) de la Nasa. Ses concepteurs pensent qu’il pourrait révolutionner la cosmologie, c’est-à-dire notre compréhension de l’Univers et de ses origines. Dans l’état actuel de nos connaissances, l’Univers est né pour une raison inconnue d’un point de densité infinie il y a 13,8 milliards d’années.
Cet événement étrange, communément appelé « big bang », a donné lieu à un univers en expansion accélérée sous l’effet d’une mystérieuse « énergie noire ». Sa cohésion est, quant à elle, assurée par une « matière noire » tout aussi énigmatique, qui forme, selon les modèles, de gigantesques filaments sur lesquels les galaxies (dont chacune rassemble des milliards d’étoiles, à l’image de notre Voie lactée) viennent se coller comme sur du papier tue-mouches.
« Lorsqu’on y réfléchit, c’est très étrange », souligne Anne Ealet, directrice de l’Institut de physique des deux infinis de Lyon (INP2I) du CNRS, qui a consacré une grande partie de sa carrière sur la définition des spécifications d’Euclid. « On a introduit deux paramètres ad hoc, qu’on a appelés matière noire et énergie noire, et d’un coup, tout marchait ».
Mais l’Univers pourrait ne pas être aussi homogène dans l’espace et dans le temps qu’on l’imagine par exemple. Ou bien les lois de la gravitation pourraient ne plus être valables sur de très grandes échelles. Mais il se pourrait aussi évidemment que matière noire et énergie noire correspondent à des réalités physiques qu’il nous reste à découvrir.
L’objectif d’Euclid est justement d’apporter des données afin de pouvoir discriminer les théories existantes, voire en faire émerger de nouvelles. Le télescope va pour cela effectuer le relevé de l’Univers le plus complet à ce jour, en déterminant la position et la distance de plus de 2 milliards de galaxies, remontant jusqu’à 10 milliards d’années dans le passé (pour mémoire, l’Univers est âgé de 13,8 milliards d’années).
Il donnera aussi le « spectre » infrarouge de 10 millions d’entre elles, une sorte de carte d’identité lumineuse extrêmement riche d’informations. Cela devrait ainsi permettre de cartographier cette sorte de toile d’araignée de matière noire qui structure l’Univers et d’étudier comment elle s’est déformée et a évolué avec le temps.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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