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Un télescope capable de voir les objets les plus froids de l'Univers

Le 20 septembre 1982, une trentaine de scientifiques se réunissaient dans le centre de l'Agence spatiale européenne (ESA) de Noordwijk (Pays-Bas), pour proposer la conception d'un grand télescope, capable de voir les régions et les objets les plus froids de l'Univers. Il leur aura fallu être patients. Le mercredi 19 septembre, exactement un quart de siècle plus tard, l'ESA présentait, dans les locaux d'EADS Astrium à Friedrichshafen (Allemagne), l'observatoire spatial Herschel, dont l'assemblage touche à sa fin. Le satellite doit être lancé le 31 juillet 2008, depuis Kourou, à bord d'une Ariane 5 ECA. Il sera le plus imposant télescope jamais mis en orbite.

Herschel est grand comme une petite maison. Plus de 7 m de hauteur pour un diamètre de 4 m et une masse de plus de 3,3 tonnes. Ces dimensions tiennent d'abord à celles du miroir principal. Celui-ci mesure plus de 3,5 m de diamètre, soit environ un mètre de plus que celui du fameux Hubble. Mais la comparaison s'arrête là. Car même s'ils regardaient dans la même direction, les deux télescopes ne verraient pas les mêmes images. Alors que Hubble perçoit essentiellement la lumière visible, émise par les objets les plus brillants du ciel, Herschel sera le premier télescope à sonder l'infrarouge lointain, un rayonnement invisible pour l'oeil et les instruments actuellement en service.

"Visuellement, le résultat ne sera pas aussi spectaculaire que les clichés produits par Hubble, prévient Jacques Louet, chef des projets scientifiques à l'ESA. Mais nous avons décidé de donner la priorité à la science." "Cela va nous permettre de voir, par exemple, les étoiles, les systèmes solaires et les galaxies en cours de "condensation"", explique Goran Pilbratt, responsable scientifique de la mission. Les corps froids à l'origine de la formation des astres - nuages de poussières et de gaz - n'émettent en effet que dans le domaine de l'infrarouge. Pouvoir accéder à leur distribution de masses, à leur composition chimique, à leurs vitesses de déplacement permettra de mieux connaître les lois qui président à la naissance des astres.

Scruter ces franges encore invisibles de l'univers a ses contraintes. En particulier, les capteurs des trois instruments embarqués ne doivent eux-mêmes pas émettre d'infrarouges, au risque de polluer les mesures. Les concepteurs de la mission ont donc dû refroidir l'instrumentation : sa température devra être abaissée à 0,3°C au dessus du zéro absolu (-273,15°C) au moyen d'un gigantesque "réfrigérateur" de plus de 2 300 litres d'hélium liquide.

LM

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