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Un robot veille à l’état émotionnel des personnes âgées

Diplômé de la prestigieuse école d’ingénieurs Centrale Supélec, il aurait pu faire une brillante carrière dans le conseil comme beaucoup de ses amis. A 23 ans, Tanel Petelot voit les choses autrement : « Je préfère utiliser mes compétences pour résoudre une problématique douloureuse et m’occuper des gens qui ont de vrais soucis : les personnes âgées », explique-t-il. « Parmi les 7,8 millions de seniors âgés de plus de 75 ans en France, 6,9 millions vivent à domicile », rappelle-t-il. « Une bonne partie d’entre eux sortent très peu de chez eux et ne rencontrent quasiment jamais personne. » Avec le risque de subir un déclin cognitif et de sombrer dans la dépression. D’après l’Organisation mondiale de la Santé, entre 8 et 16 % des personnes de plus de 65 ans souffrent de cette maladie dans le monde et 12 à 15 % des plus de 85 ans.

C’est ce qui a poussé Tanel et ses trois associés à lancer Emobot en avril 2022, un petit robot blanc de 25 cm de haut aux rondeurs très rassurantes. Rien à voir avec un gadget de geek inutile. Sa mission ? Suivre sur un temps long l’état émotionnel d’une personne pour prévenir d’éventuels troubles de l’humeur. Grâce à sa caméra et son système d’intelligence artificielle intégrés, le robot analyse en continu pendant plusieurs semaines les expressions du visage, le dynamisme des mouvements et le timbre de voix. S’il détecte un changement de comportement anormal ou des signes avant-coureurs de dépression, il alerte aussitôt le personnel médical.

« Je travaillais depuis plusieurs années avec un médecin à l’Université Paris Descartes. Il voulait utiliser la technologie pour prévenir les chutes et favoriser le maintien à domicile des personnes âgées », raconte Renaud Seguier, professeur en intelligence artificielle à l’école d’ingénieurs Centrale Supélec et lui aussi dans l’aventure Emobot. « Avec le règlement général sur la protection des données (RGPD), il était évidemment hors de question d’installer des caméras partout chez les gens. En revanche, il était possible d’embarquer de l’intelligence artificielle dans des petits robots capables de traiter des milliers de données en direct sans les enregistrer ».

La formule a tout de suite séduit Lucien André, 85 ans, installé dans une maison des Yvelines avec sa femme. « Lorsque ma petite fille m’a parlé d’Emobot et m’a expliqué comment cela fonctionnait, j’ai tout de suite dit oui », témoigne-t-il. « C’est surtout le fait que les images restent dans le robot qui m’a décidé. J’en ai parlé à mon docteur et il a dit banco. Je trouve ça rassurant qu’Emobot soit là pour prévenir mes enfants et mon médecin au cas où je me sente un peu seul et déprimé ».

Evidemment, la technologie a un coût : comptez un budget de 40€ par mois sur trois ans. « L’objectif est d’arriver à faire reconnaître notre robot comme dispositif médical afin qu’il puisse être pris en charge par l’Assurance maladie », explique Tanel Petelot. Aujourd’hui déployé dans une cinquantaine d’Ehpad en France, le concept a été présenté en janvier au CES de Las Vegas, le plus grand salon mondial consacré à l’innovation.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Le Parisien

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