RTFlash

TIC

Quand ma télé se croit sur le Net

En 2005, les Européens qui utiliseront la télévision interactive seront plus nombreux que ceux qui surfent sur Internet via leur PC. Cette estimation récente de la firme Forrester Research donne une idée du marché potentiel pour l'ensemble des services qui seront proposés bientôt sur le récepteur classique - et la véritable plate-forme du commerce électronique pourrait être, à terme, la télévision, la facilité d'usage, la " familialité ", la nature même des services proposés (films en pay-per-view, shopping, météo...) permettant d'expliquer ce potentiel de croissance. Mais, dans le même temps, les principaux acteurs de l'interactivité télévisuelle sont à la veille d'un petit chambardement qui pourrait secouer durablement leur hégémonie. La télévision interactive n'est pas le Web à la télé. Les industriels du secteur ont certes intérêt à cet artifice de présentation, pour profiter de la vogue du moment. Bien sûr, techniquement, tout est possible avec un téléviseur : on peut assurément afficher des pages Web, surfer sur ses sites favoris, et même envoyer du courrier électronique. Mais on en revient toujours à ce constat de base : ordinateur et téléviseur sont deux appareils à usage radicalement différent. Individuel et actif pour le premier, familial mais passif pour le second. On travaille sur son ordinateur penché en avant, on regarde la télévision penché en arrière. La télévision interactive précède d'ailleurs historiquement l'explosion du Web. On se souvient par exemple, au tout début des années 90, des essais du Groupe Time Warner dans la bonne ville d'Orlando (en Floride). A l'époque, la télévision interactive était l'avenir de la communication humaine. A l'époque, le marché n'en avait pas voulu. La télévision interactive aujourd'hui, c'est une technologie (enfermée en général dans un décodeur) et des services. En Europe, deux fournisseurs de technologie interactive se disputent le marché : l'américain OpenTV et Canal Technologies, du Groupe Canal +. Le MediaHighway de Canal est pour l'instant le leader du marché européen, mais, selon Forrester, OpenTV (utilisé notamment par Sky Digital, TPS et la majorité des câblo-opérateurs) devrait obtenir le leadership européen dès l'an prochain, avec 6 millions d'abonnés en Europe (contre 5 pour Canal Technologies). De nouveaux entrants (dont... Microsoft) pourraient toucher l'an prochain jusqu'à 3 millions d'Européens. Mais, pour l'instant, la technologie est " propriétaire " (développée sur une base exclusive par des industriels et incompatible avec les autres) et les services proposés sont relativement limités - dépendant de l'opérateur qui fournit le décodeur lié à ses chaînes payantes. La télévision interactive, en un mot, est un système fermé. Les progrès technologiques vont rapidement en faire un système ouvert, basé sur des standards. Ce qui laisse présager un petit séisme pour les firmes concernées - quand n'importe qui pourra acheter en magasin une petite boîte noire qui rendra sa télévision interactive. Les consommateurs eux-mêmes exigeront d'avoir le choix. Ils ne voudront plus être restreints et enfermés dans la seule offre des partenaires privilégiés liés à leurs fournisseurs d'accès. Forrester Research compare le choc à venir à celui que représenta le Web pour America Online (AOL). La firme aurait pu périr au moment de l'explosion grand public d'Internet. Elle a au contraire triomphé en proposant à ses abonnés une porte d'accès au Web universel (également en baissant ses tarifs et en travaillant sur ses zones d'excellence). C'est aussi en démantelant barrières et protections que les premiers opérateurs de télévision interactive pourront conforter leurs positions, jamais acquises.

Expansion : http://www.lexpansion.com/site/courant/html/thematiques/technologie/cyber/article1

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top