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Des protéines microbiennes pour réduire les émissions de CO2

Des chercheurs de l’Imperial College de Londres ont montré que, sur la base des projections actuelles de croissance de la population et de demande alimentaire, remplacer la moitié de la consommation de viande rouge par des protéines microbiennes, cultivées dans des cuves en acier inoxydable, permettrait de réduire de plus de 80 % la perte d'arbres et la pollution par le CO2.

« Avec un changement relativement petit dans la consommation de viande de ruminants, les émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation tropicale peuvent être fortement réduites », a assuré à l'AFP Florian Humpenoder, un des principaux auteurs, chercheur à l'Institut de recherche sur l'impact du changement climatique à Potsdam (PIK). « C'est une importante contribution pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris pour le climat », a-t-il fait valoir.

Trois rapports de référence sur le climat publiés par l'ONU depuis août ont montré de manière alarmante que l'objectif fondamental du texte, à savoir le plafonnement du réchauffement planétaire à un niveau bien inférieur à 2°C, est sérieusement menacé. Le système alimentaire mondial compte pour environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre, et la production de bœuf est le principal responsable du secteur agricole.

L'industrie bovine contribue de deux façons : d'une part, elle mène à la destruction de forêts tropicales (qui sinon absorberaient du CO2), pour faire de la place pour des pâturages et pour des cultures (soja...) destinées à nourrir le bétail. D'autre part, les ruminants, principalement par les rots, sont une source majeure de méthane, un gaz à effet de serre 30 fois plus puissant que le CO2 sur une échelle de 100 ans.

D'autres types de substituts imitant la viande, notamment végétaux, sont déjà présents dans les rayons des supermarchés. Mais alors que le monde s'efforce de trouver des solutions pour le climat, ces "nouveaux aliments", et d'autres sont en passe de devenir une industrie majeure dans les prochaines décennies, selon les prévisions de marché. L'aliment obtenu par la culture de cellules microbiennes ou fongiques subit un processus de fermentation, analogue à celui du vin ou de la bière.

Les cellules se nourrissent de glucose - provenant de la canne à sucre ou de la betterave, par exemple - pour produire des protéines, ce qui signifie que la production nécessite des terres cultivées. Mais beaucoup moins que pour la viande rouge, selon l'étude.

En supposant que les méthodes agricoles et les habitudes de consommation actuelles se maintiennent dans les 30 prochaines années, la superficie mondiale des pâturages augmenterait de près d'un million de kilomètres carrés. Toutefois, si 20 % de cette viande étaient remplacées par des protéines microbiennes, la surface cultivée descendrait sous les niveaux actuels.

Les bénéfices de la protéine fabriquée à base de microbes ou de champignons vont plus loin que le climat ou l'impact environnemental, selon Hanna Tuomisto, chercheuse à l'Université d'Helsinki, qui n'a pas pris part à l'étude. « La mycoprotéine est un substitut idéal pour la viande parce qu'elle est riche en protéines et contient tous les acides aminés essentiels », commente-t-elle.

L'utilisation de l'eau pour l'agriculture et l'émission d'un autre gaz à effet de serre, le protoxyde d'azote, via les engrais, seraient aussi réduites. « Les gouvernements et l'industrie agroalimentaire doivent se coordonner pour développer des normes appropriées et gagner ainsi la confiance du public », a déclaré Tilly Collins, de l'Imperial College à Londres.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Nature

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