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La planète des puces va subir de sacrées secousses

Le silicium... ou, plus vulgairement, le sable. Cette matière qui couvre 28 % de la croûte terrestre est à l'origine du succès d'Intel, le numéro un mondial du microprocesseur car avant d'être un semi-conducteur, ce concentré de technologie à l'état pur se matérialise sous la forme de minuscules vignettes gravées sur un disque de silicium lui-même découpé dans de longs cylindres noirs argent produits par l'industrie chimique. Lorsque, le 15 novembre 1971, la firme californienne commercialise son premier microprocesseur, le 4004, elle ne se doute probablement pas de la période fastueuse qui s'ouvre à elle. Plus d'un quart de siècle au cours duquel Intel va régner sans partage sur l'industrie des semi-conducteurs dédiés à la micro-informatique : depuis les premiers PC d'IBM à la fin des années 70 jusqu'aux plus puissants serveurs actuels, imposant au marché ses normes et sa technologie, ses générations consécutives de puces toujours plus rapides, aux gravures toujours plus fines. Quelques chiffres, histoire d'apprécier le chemin parcouru : si le 4004 intègre 2.300 transistors - bel exploit pour l'époque ! -, les processeurs les plus récents (Pentium II ou Celeron) en possèdent quelque 7,5 millions. Et si la loi de Moore - baptisée ainsi suite aux observations de Gordon Moore, cofondateur d'Intel selon lesquelles le nombre de transistors sur une puce double tous les dix-huit mois - est respectée, le cap des 100 millions de transistors sur une seule puce devrait être dépassé dans moins d'une décennie. Cette prouesse est rendue possible précisément grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la gravure : 10 microns (µ) quand les premiers 486 sortent des " fab " - les usines - d'Intel en 1989 contre 0,25 µ pour les dernières générations de Pentium. Dès l'an prochain, des puces exploitant la technologie 0,18 µ seront sur le marché. Et les ingénieurs, qui repoussent sans cesse les limites de l'infiniment petit se préparent à passer la barrière des 0,1 µ, soit le millième de l'épaisseur d'un cheveu humain... Le hic, ce sont les coûts nécessaires pour passer d'une génération à l'autre. Le ticket d'entrée d'une usine de 0,25 µ se situe entre 2,5 et 3 milliards de dollars et la génération suivante, 0,18 µ nécessitera entre 3 et 3,5 milliards de dollars. Les possibilités offertes par l'intégration permettent désormais aux industriels de répondre aux besoins d'un marché où la notion de communication, de mise en réseau, devient fondamentale : " Si, aujourd'hui encore, la puissance reste déterminante, le critère fondamental de demain sera celui de la communication. Or, ces deux besoins deviennent nomades, Internet est devenu le produit collectif. On est entré dans un marché de masse qui ne correspond plus au modèle Intel ", estime Jean-Philippe Dauvin, vice-président et responsable des études économiques au sein du groupe franco-italien STMicroelectronics. En cela, Internet est en train de modifier notre environnement de façon prodigieuse en devenant, d'une certaine manière, le dénominateur commun de la plupart des outils et terminaux déjà sur le marché. Si le PC représentait encore l'an dernier 96 % du marché des plates-formes d'accès à Internet aux Etats-Unis, le nombre et la nature des terminaux reliés au réseau ne cessent d'augmenter : depuis les décodeurs TV jusqu'aux téléphones mobiles en passant par les pagers permettant la réception et l'envoi de messages, les petits ordinateurs de poche, type Psion ou PalmPilot, les consoles de jeu vidéo... Selon cette étude, ces terminaux nomades représenteront en 2002 près de 50 % des plates-formes d'accès à Internet. L'évolution des moyens de communication, leurs déclinaisons en autant de terminaux dispersés mais dotés d'intelligence, connectables, capables de communiquer entre eux ou d'aller chercher via Internet des informations stockées sur serveurs risquent bel et bien de sonner, d'ici quelques années, le déclin du marché du micro-ordinateur et de ceux qui l'ont développé, en premier lieu, le duo Intel-Microsoft. Bien malin celui qui, dès aujourd'hui, serait capable d'annoncer avec précision l'apparence et l'éventail des capacités que pourraient prendre d'ici cinq ans un micro-ordinateur, un téléphone mobile ou un décodeur TV. Mais une chose paraît déjà acquise : loin de s'orienter comme Eckhard Pfeiffer, le patron de Compaq l'avait prédit il y a quelques années vers un modèle centré autour du PC, la société de l'information s'achemine vers un univers peuplé de terminaux aussi différents qu'intelligents et conçus par des fabricants n'appartenant pas nécessairement à la nébuleuse informatique.

(La Tribune/17/09/98)

http://www.latribune.fr/

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