RTFlash

Matière

Une pile à combustible sans platine, capable de produire son propre hydrogène

Une pile à combustible qui utilise un catalyseur en nickel, à la place du platine, et produit son propre hydrogène : c'est le projet ambitieux de Clhynn, créée en mars 2022 à Besançon (Doubs) et présentée au salon Hyvolution. La pépite vient de lancer une levée de fonds visant à récolter 7 millions d’euros pour continuer son développement et démarrer la production dans son atelier-laboratoire de l'Isle-sur-le-Doubs. « Nous avons déjà des investisseurs intéressés et cherchons un fond principal pour nous permettre d’avoir un produit finalisé d’ici à fin 2024, avec une gamme de puissance comprise entre 1 et 10 KW destinée à l’intralogistique, c’est-à-dire des monte-charges et des petits utilitaires pour les usines », explique à L’Usine Nouvelle Jean-Patrick Corso, président et cofondateur de Clhynn.

La pile Clhynn – dont le nom joue sur la signification "clean", énergie propre, le "CL" correspondant à pile à combustible (fuel CeLL en anglais), et "HY" à l’hydrogène – utilise une membrane anionique (AEM) qui, contrairement à la technologie dominant le marché (à membrane échangeuse de protons, PEM), ne requiert pas de métaux critiques comme les catalyseurs en platine. En outre, elle produit son propre hydrogène. En effet, la pile à hydrogène rejette de l'eau. Et une source associée, une substance active solide, forme au contact de cette eau de l'hydrogène... utilisé à son tour par la pile à hydrogène.

Une innovation qui repose sur les travaux de recherche menés depuis 15 ans par Bernard Gauthier-Manuel, chercheur au laboratoire Femto-ST du CNRS et co-fondateur de la start-up, qui a déposé trois brevets sur cette pile. Les deux premiers portent sur la membrane anionique elle-même, une technologie prometteuse qui doit encore monter en maturité. Le troisième sur l’utilisation de silicium poreux hydrogéné qui, en milieu alcalin et en présence d’eau, permet de générer de l’hydrogène.

Jean-Patrick Corso a recruté depuis juillet 2022 un directeur technique et industriel, un docteur en électrochimie et une docteure en physique-chimie qui poursuivent les travaux de R&D. Ils viennent de déposer un quatrième brevet sur une membrane plus économe et qualitative. D'ici à 2030, l'entreprise pourrait employer 50 personnes selon ses fondateurs, qui visent une implantation mondiale.

Il faut dire que l’enjeu est de taille, puisque 10 000 stations à hydrogène devraient voir le jour à l’horizon 2030 – contre quelques centaines actuellement – et 13 millions de véhicules à pile combustible pourraient être en circulation à cette échéance, envisage l'Hydrogen Council, même si le potentiel de la voiture à hydrogène est souvent mis en cause en raison de la rareté d'une version verte de son "carburant" – les nuances d'hydrogène étant nombreuses, et leur impact environnemental, très variable. A l’horizon 2026, la start-up deeptech, soutenue par BPI, vise le marché des véhicules, notamment les utilitaires, les bus, les trains et les bateaux.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

L'Usine Nouvelle

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top