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Piégeage du carbone - Les États-Unis construiront la centrale thermique la plus propre du monde

Les États-Unis ont franchi un pas majeur vers le stade industriel de la séquestration ou du piégeage de carbone avec le lancement officiel du projet FutureGen. Peu de médias à travers le continent ont pris la mesure de l'importance de cette étape de ce qui pourrait devenir une des principales solutions aux émissions industrielles de dioxyde de carbone (CO2) sur toute la planète.

Selon l'analyse des rendements de deux projets-pilotes de séquestration du carbone dans le monde, dont l'une à Weyburn en Saskatchewan, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) affirmait en 2005 que cette technologie pourrait éviter entre 80 et 90 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des 4942 centrales thermiques que comptait alors la planète. Cela correspond globalement à 10 milliards de tonnes de CO2 sur les 13,6 milliards alors émises par tous les équipements industriels lourds de la planète.

Les États-Unis, qui misent essentiellement sur le développement des technologies propres pour réduire leurs émissions, ont investi un milliard dans le projet FutureGen. Les coûts de ce projet sont partagés avec 12 autres partenaires privés, comme Rio Tinto, Electric Power et Peabody Energy, et d'autres provenant de la Chine, de la Grande-Bretagne et de l'Australie. On notera que tous ces pays utilisent de grandes quantités de charbon pour produire leur énergie. Et pour cause.

Le projet de FutureGen, qui sera situé à Mattoon, en Illinois, produira 275 MW d'électricité dans ce qui devrait être la centrale thermique de taille industrielle la plus propre au monde, même si elle sera alimentée au charbon. On y produira en effet de l'électricité avec de nouvelles technologies dites de «charbon propre», c'est-à-dire en y brûlant de l'hydrogène extrait du charbon. Le procédé de gazéification qu'on veut tester dans cet équipement grandeur nature devrait permettre une combustion à peu près sans émissions de GES.

Plusieurs écologistes ont par contre émis des doutes sur l'efficacité du procédé en soutenant que la gazéification du charbon allait elle-même générer d'importantes émissions de GES, de sorte que le produit fini ne sera vraiment propre qu'en apparence. On reproche d'ailleurs la même chose à la plupart des filières basées sur l'hydrogène, un combustible qui n'existe pas à l'état naturel et qu'il faut produire à partir d'énergies souvent polluantes, nucléaires ou renouvelables.

Mais les promoteurs de FutureGen répliquent à ces critiques que l'extraction du carbone présent dans le charbon, ainsi que les nombreux composés azotés, l'acide sulfurique et même le mercure, font appel à des technologies éprouvées qu'utilise depuis longtemps l'industrie des engrais. Ils soutiennent que le combustible propre qui résultera de ce procédé pourrait aussi être utilisé pratiquement sans émissions non seulement dans les centrales thermiques, mais aussi dans les piles à combustible que l'industrie automobile prévoit de généraliser pour produire l'électricité à bord des futures voitures électriques.

Le site de Mattoon a aussi été choisi pour ses caractéristiques géologiques. Le projet FutureGen prévoit en effet non seulement de piéger le carbone présent dans le charbon, mais aussi une méthode d'enfouissement sur place pour tester les techniques de stockage. Pour les nombreux partenaires du projet, ces tests jetteront, s'ils sont concluants, les bases d'un futur réseau de pipelines dans lesquels les centrales thermiques étasuniennes et les grands émetteurs industriels comme les cimenteries et les raffineries achemineront le carbone de leurs installations vers d'anciens puits de pétrole, d'anciennes mines ou, nouvelle hypothèse, sous des nappes souterraines d'eau salée dont personne ne fait usage et qui seraient particulièrement étanches.

LDM

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