RTFlash

Edito : Le monde rural est tenu à l'écart du développement des Nouvelles Technologies

Dans quelques jours, le 31 janvier, des tonnes de dossiers vont être déposés auprès de l'ART (Autorité de Régulation des Télécommunications) par les nombreux candidats qui voudraient s'installer sur la boucle locale radio (BLR) .Il est à craindre que, lors de l'ouverture des plis, il soit constaté que les opérateurs s'engagent à équiper en boucle locale radio les seules villes et agglomérations dont la population est supérieure à 30.000 habitants. En sachant que, dans notre Pays, la boucle locale radio ne peut être, actuellement, en milieu diffus, que la seule alternative à la classique paire de fils en cuivre de téléphone de France Télécom pour disposer de hauts débits, cette annonce ne ferait que confirmer un mouvement de fond qui se développe en France depuis quelques mois : le monde rural est tenu à l'écart des Nouvelles Technologies. Ainsi, tour à tour, nous avons appris dans ces dernières semaines que l'ADSL serait proposé par France Télécom dans les 230 premières villes de France, que la télévision numérique hertzienne ne pourrait être accessible que par 80 % des français. S'il se confirmait dans ces prochains jours que la boucle locale radio n'était déployée que dans les villes de plus de 30.000 habitants et si nous apprenions ultérieurement que les relais portant la future norme UMTS, large bande pour les téléphones portables, ne seraient construits que dans les zones urbanisées, une réelle et grave question d'aménagement du territoire serait alors posée. En effet, dans quelques courtes années, moins de dix ans affirment les personnes trop prudentes, dans cinq ans précisent les réalistes, l'accès aux réseaux de télécommunications large bande sera aussi vital pour les entreprises que peut l'être aujourd'hui l'électricité ou le téléphone. Comme le métier de demain, si nous en recherchons une définition générique, reposera essentiellement sur la capacité de chacun d'ajouter du savoir à un signal, ceci signifie clairement qu'on ne pourra pas exercer ces métiers du futur, soit dans son entreprise, soit chez soi, si l'on n'est pas relié à un réseau large bande. Ceci voudrait dire, si nous ne réagissons pas rapidement, alors que nous avons le privilège d'habiter le plus beau pays du monde mais qui est aussi le plus grand pays d'Europe (France : 549.000 km², les deux Allemagne réunies : 357.000 km²) que nous prenons la décision de laisser en dehors de l'avenir quelque 80 % de notre territoire et près de 20 % des français. Il ne faut pas laisser se créer une France à deux vitesses car le fossé entre les inforiches et les infopauvres se creuserait si rapidement qu'il serait très difficile à combler. Pour éviter ce développement injuste de l'aménagement du territoire de la France qui pourrait avoir des répercussions particulièrement graves sur le Monde Rural, il est nécessaire que les Pouvoirs Publics prennent sans tarder la décision de mettre en place toutes les technologies qui permettront d'irriguer l'ensemble du territoire de notre Pays. Il faut ainsi que les fréquences, qui sont une richesse particulièrement rare, et qui supporteront la boucle locale radio soient attribuées dans un souci profond d'aménagement du territoire. Ainsi, le spectre de fréquences adapté au monde rural (fréquences adaptées à de plus longues distances permettant l'amortissement des investissements dans des zones peu denses) doit être attribué exclusivement à des opérateurs qui s'engagent à investir dans le monde rural. Il aurait ainsi fallu que l'appel d'offres lancé par l'ART différencie les fréquences attribuées pour la boucle locale radio, entre celles affectées au monde urbain permettant des échanges plus denses mais dans un rayon de 3 à 5 km seulement, et celles affectées au monde rural ne permettant pas la même densité mais autorisant de connecter les utilisateurs dans un rayon de 15 à 20 km autour de chaque relais. Ce n'est pas le choix qui a été fait et c'est dommage. De son côté l'Etat, qui est le principal actionnaire de France Télécom, pour remplir sa mission essentielle d'Aménagement du Territoire, devrait demander à notre opérateur national d'installer la technologie ADSL sur l'ensemble du territoire en apportant les compensations financières qui seraient nécessaires. Ce n'est qu'ainsi que la solidarité nationale pourrait pleinement s'exprimer dans des choix technologiques qui joueront un rôle fondamental sur l'avenir des français.

René Trégouët

Sénateur du Rhône

Noter cet article :

 

Recommander cet article :

back-to-top