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Edito : le mobile, nouveau sésame vers la société numérique

Le téléphone vedette du Mobile World Congress cette année n'était ni le Nexus One, ni l'iPhone d'Apple, ni le Windows Phone de Microsoft. C'était un Samsung au look ordinaire mais équipé d'une puce NFC, une technologie qui permet de payer ses achats simplement en posant l'appareil sur une borne. Les 400 « VIP » qui avaient l'appareil dans la poche, avec un compte crédité de 75 euros, ont ainsi pu pendant les quatre jours du salon faire des achats dans 30 magasins partenaires qui avaient été équipés de bornes de paiement.

Cette initiative visait à démocratiser le paiement mobile sans contact alors que ce service peine à décoller dans les pays développés. Seul le Japon est aujourd'hui en pointe dans ce domaine grâce au plus gros opérateur mobile du pays, NTT DoCoMo, qui a profité de posséder une banque dans son giron pour lancer ce service il y a quelques années. Depuis, 50 % de ses clients peuvent payer avec leur mobile.

Comme c'est souvent le cas, le principal obstacle n'est pas technologique car le NFC est connu et maîtrisé depuis longtemps mais commercial : les opérateurs de téléphonie mobile et les banques ont en effet le plus grand mal à s'accorder sur la répartition de la commission prise sur la transaction.

Aux Etats-Unis, les principaux opérateurs tentent de créer une plate-forme commune, avec un partenaire financier non connu, qui ne serait pas un des trois grands acteurs du paiement par carte (Visa, American Express et MasterCard) afin de lancer le service dès cette année. Les revenus tirés seraient alors partagés entre les partenaires. En France, plusieurs initiatives ont été lancées. La dernière, à Nice, où près de 10.000 téléphones, identiques à celui distribué à Barcelone, seront déployés pour tester le système.

Ces expérimentations démarrent alors que la dernière étude prospective de l'ARCEP souligne que l'intégration généralisée des puces « NFC » dans nos mobiles pourrait accélérer sensément la mutation vers la société numérique. Le téléphone sans contact peut par exemple faciliter l'accès aux transports. Il offre en effet aux opérateurs de transport la possibilité de dématérialiser les tickets magnétiques et les cartes sans contact actuelles.

Plusieurs compagnies aériennes testent de plus des solutions de dématérialisation de la carte d'embarquement, par code barres ou par technologie NFC. Ces technologies ouvrent la voie à de nombreuses applications interactives. L'ARCEP se penche notamment sur les exemples des affiches interactives, le transfert de données entre utilisateurs (échange de carte de visites, jeux, transferts d'argent...) ou l'accès à des bâtiments tels les hôtels ou les parkings.

Autre application prometteuse : Le téléphone sans contact peut trouver une utilisation intéressante dans la panoplie très vaste de services d'aide à la personne et de télémédecine. Cette technologie pourrait favoriser le maintien à domicile, et fait ainsi partie de la mission " Vivre chez soi : autonomie, inclusion et projet de vie " lancée par le secrétariat d'État chargé des aînés.

On peut même imaginer des applications directement sociales sur mobiles NFC, comme le versement de certaines prestations sociales directement sur le mobile des bénéficiaires.

Il reste que la généralisation de cette technologie devra surmonter deux difficultés importantes : la recomposition de la chaîne de valeur des acteurs économiques, technologiques et commerciaux impliqués et la mise en place d'outils technologiques et juridiques permettant une protection suffisante de la vie privée et de la confidentialité des données personnelles.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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