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Mission accomplie pour Deep Impact

Objectif atteint pour la NASA, qui a réalisé lundi un exploit technique inédit en projetant un engin sur une comète à 133 millions de kilomètres de la Terre. Le projectile de la sonde Deep Impact a heurté la comète Tempel 1 comme prévu lundi, peu après 7h52 heure française - dimanche soir aux Etats-Unis, jour de la fête nationale américaine. Une image prise par une sonde restée à 500 km a montré un cône inversé sortant de la comète, le nuage provoqué par le projectile lorsqu'il a percuté l'astre à quelque 37.000 km/h. C'est la première fois qu'un engin spatial touche la surface d'une comète pour ce feu d'artifice spatial digne des plus grandes productions hollywoodiennes. Sur Terre, l'annonce de l'impact a déclenché un tonnerre d'applaudissements et des embrassades au centre de contrôle de la mission confiée au "Jet Propulsion Laboratory" de la NASA à Pasadena, en Californie.

"Le nuage était bien plus important qu'attendu", a dit un des techniciens du Jet Propulsion Laboratory (JPL) à Pasadena, près de Los Angeles. Avant de s'écraser, le projectile a envoyé une photo saisissante de la comète, un astre irrégulier grosso modo en forme de poire présentant une surface d'apparence blanche sur laquelle se détachaient plusieurs cratères. Selon les techniciens, le projectile est tombé exactement où ils le souhaitaient, après trois corrections successives de trajectoire pendant les 90 dernières minutes de son voyage, prévues dans la feuille de route de la mission.

Lancée de Cap Canaveral le 12 janvier, la sonde Deep Impact a effectué en 173 jours un parcours d'environ 431 millions de kilomètres pour s'approcher de Tempel 1. Le projectile s'était séparé de la sonde dimanche à 8h07 heure française. Les scientifiques prédisaient que le choc entre le projectile, d'un poids de 370 kg, et la comète créerait un cratère de la taille d'un stade de football dans le noyau de plus de six kilomètres de large de Tempel 1, qui tourne autour du soleil sur une orbite entre Mars et Jupiter, projetant dans l'espace des tonnes de particules. Dès le départ, les spécialistes de la NASA avaient écarté le risque d'un éclatement de la comète ou d'une déviation de son orbite.

La collision et ses conséquences étaient aussi observées et filmées par des caméras et d'autres instruments de mesure à bord de la sonde. Les télescopes de l'espace, comme Hubble, et de la Terre étaient également à pied d'oeuvre. Les scientifiques espèrent obtenir grâce aux débris expulsés par la comète, agrégat présumé de glace et de métaux, des informations sur la formation des planètes et de l'univers.

Les comètes se sont formées il y a environ 4,5 milliards d'années, à peu près en même temps que le système solaire lui-même. Lorsqu'un nuage de gaz et de poussière s'est condensé pour créer le soleil et les planètes, les comètes se sont formées à partir des ingrédients qu'il restait. Leur étude devrait fournir de précieuses informations. Jusqu'à présent, seules les particules contenues dans la queue des comètes ont pu être prélevées et examinées. La mission Deep Impact doit permettre pour la première fois de regarder ce que renferme la croûte du noyau.

"Nous allons recueillir une masse inouïe de données", avait indiqué Michael A'Hearn, professeur d'astronomie à l'Université du Maryland et chef de l'équipe scientifique du projet. Une des théories sur la présence d'eau sur la Terre est qu'elle a été apportée de l'espace lors d'un bombardement de comète ou d'astéroïdes, il y a 4 milliards d'années.

Douze heures après la chute du projectile sur Tempel 1, la Nasa a annoncé que le choc avait provoqué deux éclairs successifs à la surface de l'astre. Cela pourrait montrer selon eux que l'engin a percuté deux matières différentes composant la comète, en surface et en profondeur. La composition de cette matière reste encore l'objet d'interrogations, même si, selon le responsable adjoint de la partie scientifique de la mission, Pete Shultz, il pourrait s'agir de poussière produite par de la poussière de surface, puis de vapeur produite par la glace contenue dans le sous-sol de l'astre.

Le résultat de la mission est "spectaculaire et surprenant", déclare Patrick Michel, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur. "On ne s'attendait pas à un tel flash" au moment de l'impact, ajoute-t-il, ce qui pourrait signifier que le cratère ainsi formé pourrait être important. Autre donnée "inattendue" : "les caractéristiques très surprenantes de la comète, avec quelques cratères, des zones très sombres et d'autres très claires ; on ne sait pas si c'est de la glace. On ne s'attendait pas à quelque chose de très poreux, d'irrégulier, un peu comme un boule de neige". "La mission est un vrai succès, conclut Patrick Michel, dans le sens où le projectile a atteint sa cible. Cela prouve aussi qu'on sait corriger une trajectoire d'un projectile fonçant à 37.000 km/h !"

NASA

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