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Des microalgues pour les biocarburants du futur
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Les agrocarburants de première génération extraits des végétaux terrestres - maïs, blé, betterave, canne à sucre pour le bioéthanol, colza, soja, tournesol pour le biodiesiel - n'ont plus la cote. En concurrence avec les cultures vivrières, ils sont aussi cause de déforestation et de dégradation des sols. Ceux de deuxième génération, qui valorisent la totalité des plantes - bois, feuilles, paille, résidus agricoles -, s'annoncent plus avantageux. Mais dans la filière la plus avancée, visant à produire du bioéthanol à partir de la cellulose et de la lignine du bois, les rendements actuels restent faibles, les coûts élevés, les technologies complexes.
L'alternative pourrait donc venir des microalgues, déjà qualifiées de biocarburants de troisième génération. "La production à grande échelle de biodiesel à partir d'algues arrivera beaucoup plus vite qu'on ne l'imagine", prédit Juan Wu, de la société de conseil en biotechnologies Alcimed. Elle estime "une commercialisation possible d'ici trois à six ans, avec un prix compétitif par rapport au diesel issu du pétrole".
Responsable du programme de recherche français Shamash - du nom de la divinité solaire babylonienne - sur le biocarburant algal, Olivier Bernard, de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) de Sophia Antipolis, se montre plus prudent. "Sur le papier, le potentiel des microalgues est énorme et justifie qu'on y consacre de gros moyens. Mais nous en sommes encore au stade du laboratoire, tempère-t-il. Une production à grande échelle n'est pas imaginable avant au moins cinq ans, plus vraisemblablement dix."
Chercheurs et industriels se pressent autour de ce nouveau gisement d'énergie. Une centaine de projets sont déjà lancés aux Etats-Unis, mais aussi en Australie, en Chine ou en Israël. En Europe, une quinzaine de programmes de recherche sont en cours. L'un des pionniers, la firme américaine Petrosun, a annoncé au printemps la création, au Texas, d'une ferme de microalgues marines s'étendant sur 450 hectares d'étangs salés, puis d'une seconde, près du golfe du Mexique, de 1 100 hectares.
La société israélienne Algatech, qui élabore depuis 1999, dans le désert du Néguev, des dérivés d'algues à usage médical et alimentaire, se tourne vers la production de carburant algal. GreenFuel, issue du MIT, commercialise déjà des systèmes de culture d'algues. Les pétroliers Shell et Chevron se lancent dans l'aventure. Des start-up fleurissent sur le marché, dans lesquelles des capital-risqueurs injectent des millions de dollars...
"Les microalgues peuvent accumuler entre 60 % et 80 % de leur poids en acides gras", indique Olivier Bernard. Ce qui laisse espérer une production annuelle, par hectare, d'une trentaine de tonnes d'huile. Un rendement trente fois supérieur à celui des espèces oléagineuses terrestres comme le colza. Mais les procédés de fabrication sont encore loin d'être maîtrisés.
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