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Les mécanismes cérébraux de l'empathie mieux compris

Source de souffrance et de joie, l'empathie est le propre de l'homme. Aussi honorée soit-elle, elle peut toutefois devenir dangereuse lorsque le sujet ne fait plus la différence entre sa propre personne et celle d'à côté. En neuropsychologie, ce phénomène est décrit comme une « prise de perspective », précise le Dr Jean Decety, qui a travaillé, avec son équipe (unité INSERM 280 Processus mentaux et activation cérébrale), sur les mécanismes neurologiques sous-tendant cette capacité essentielle à la cognition sociale. « Pour comprendre autrui, on doit prendre sa perspective, explique Jean Decety. On peut imaginer, par exemple, que les psychopathes sont des gens qui ont une incapacité à se mettre à la place de l'autre. » A l'aide d'un scanner à émissions de positons (TEP), les chercheurs ont pu explorer les régions cérébrales sollicitées chez des personnes auxquelles il était demandé de simuler mentalement une action dans deux circonstances : d'une part, lorsque l'action est réalisée par soi-même et, d'autre part, lorsque celle-ci est effectuée par une autre personne. Concrètement, des objets usuels (c'est-à-dire des choses neutres de sens) étaient présentés aux sujets qui devaient, soit s'imaginer les utiliser, soit imaginer une autre personne qu'eux les utiliser. A la suite de ces tests, les images obtenues ont fourni deux principales informations. Si le fait de simuler mentalement une action pour soi ou pour autrui recrute en partie les mêmes régions cérébrales du cortex frontal (ensemble des aires prémotrices du cerveau), il existe cependant des caractéristiques propres à l'une ou l'autre de ces simulations. La représentation mentale d'une action à la première personne engage spécifiquement l'aire cérébrale dite somatosensorielle. Tandis que la représentation mentale d'un mouvement effectué par une personne autre que soi implique de nouvelles régions particulières à cet effort de pensée, situées dans le cortex pariétal et dans le lobe frontal de l'hémisphère cérébral droit. A partir de cet éclairage, les chercheurs suggèrent que l'être humain, pour comprendre le comportement d'autrui, met en oeuvre une représentation mentale de soi. Il se met à la place de l'autre en se projetant lui-même dans l'action imaginée pour l'autre mais il ne va pas jusqu'à confondre le soi et l'autre. Pour les chercheurs, cette différence de traitement cérébral entre la perspective de soi et la perspective d'autrui semble essentielle pour qu'un individu arrive à comprendre les intentions et les actions de ses semblables. Ces résultats montrent l'implication à la fois de régions cérébrales communes et d'autres distinctes selon que la cible de l'imagination est liée à soi ou qu'elle est liée à l'autre. A partir de ce nouvel éclairage, les chercheurs suggèrent que l'être humain, pour comprendre le comportement d'autrui, met en oeuvre une représentation mentale de soi : il se met à la place de l'autre en se "projetant" lui-même dans l'action imaginée pour l'autre. Mais il ne va pas jusqu'à confondre le soi et l'autre. En effet, la distinction entre soi-même et l'autre s'opère grâce à un mécanisme de discrimination du soi et du non-soi. Cette différence de traitement cérébral entre la perspective de soi et la perspective d'autrui semble essentielle pour qu'un individu arrive à comprendre les intentions et actions de ses semblables. Les chercheurs ont d'ailleurs pu constater, chez des personnes atteintes de schizophrénie, un dysfonctionnement de ces régions cérébrales impliquées dans la conscience de soi. Ils envisagent d'approfondir les études en psychopathologie pour mieux connaître les bases cérébrales à l'origine de désordres cognitifs tels que les dédoublements de personnalité ou les perturbations des schémas corporels caractéristiques des sujets schizophrènes.

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